Quelque 140 gendarmes sont intervenus dès 04H15 mardi 3 décembre au matin pour libérer les accès du dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, bloqué depuis la nuit du 28 au 29 novembre, par des artisans des Travaux publics, qui avaient placé leurs engins de chantier devant l'entrée principale pour protester contre la suppression de leur avantage fiscal sur le gazole non routier prévue en trois paliers à partir du 1er juillet prochain et jusqu'en 2022.
"L'opération s'est déroulée dans le calme", a indiqué à l'AFP Augustin Cellard, directeur de cabinet de la préfète d'Ille-et-Vilaine Michèle Kirry. "Les accès au dépôt sont entièrement libres depuis 09H15", a-t-il ajouté. Deux personnes ont été placées en garde à vue, selon M. Cellard.
"On a été dégagés comme des chiens. Ils ont menacé de saisir notre matériel", a protesté Jean-Marc Pelatre, entrepreneur présent lors du déblocage. "Déçu", M. Pelatre a jugé que l’État préférait "donner aux gens qui ne travaillent pas, aux fainéants". "Et nous qui faisons marcher l'économie française, on ne nous respecte pas", a-t-il dénoncé.
Dans la foulée du déblocage à Rennes, les entrepreneurs de Brest ont décidé de lever leur opération de leur propre initiative. "On était une trentaine, des camions commencent à partir", a indiqué à l'AFP Bruno Corre, l'un des bloqueurs, peu avant midi.
Le blocage du dépôt pétrolier de La Pallice à La Rochelle, qui avait repris dans la nuit de dimanche à lundi, a également été levé à la mi-journée, alors qu'au Mans, une réunion devait se tenir à 13H00 pour décider de la suite du mouvement.
Début de pénurie
Les représentants de la CNATP ont été reçus lundi à Bercy par le ministre des Finances Bruno Le Maire. Ils devaient consulter leur base après avoir obtenu des "avancées" sur plusieurs de leurs revendications, mais pas sur un nouveau délai concernant la suppression de l'avantage fiscal.
La FRTP Bretagne, qui par la voix de son président François Coville a tenu à rappeler qu'elle se désolidarisait totalement des blocages dont elle n'est "pas à l'origine" et qu'elle "n'approuve pas", a reconnu les "avancées" obtenues depuis plusieurs mois (voir encadré) même si elle rappelle qu'"après un an d’âpres discussions, la situation est loin d’être satisfaisante pour nos entreprises".
Les avancées sur le GNR
1. Un délai de prévenance important pour aider nos entreprises à se préparer en décalant la première étape de la suppression du GNR au 1er juillet 2020
2. L’étalement de la suppression du GNR jusqu’au 1er janvier 2022, à la place d’une suppression du jour au lendemain
3. La révision des INDEX INSEE
4. La mesure d’ordre public pour répercuter la hausse du GNR dans tous les contrats publics et privés sans formule de révision de prix
5. L’augmentation des avances de trésorerie à 10% dans les collectivités où le budget de fonctionnement est supérieur à 60 millions d’euros
6. La baisse des retenues de garantie
7. L’élargissement du FCTVA à toutes les dépenses d’entretien de réseaux pour augmenter le budget des collectivités locales
8. Un dispositif de suramortissement pour l’acquisition de véhicules plus écologiques
9. Le renforcement des contrôles sur les entreprises de Travaux Agricoles et les paysagistes
10. La création d’une coloration TP spécifique à partir du 1er janvier 2022 (en cours)
Ces déblocages interviennent alors que des pénuries de carburant se font sentir dans de nombreuses stations du quart nord-ouest de la France.
Après le Finistère dimanche 1er décembre et l'Ille-et-Vilaine lundi 2, les préfets du Morbihan et des Côtes-d'Armor ont pris à leur tour mardi des arrêtés réquisitionnant des stations-services "afin d'assurer la continuité des services chargés d’une mission prioritaire".