Comment limitez-vous l’étalement urbain ?
Le phénomène n’est plus soutenable : il est budgétivore, énergivore, et source de pollution et de congestion avec la démultiplication des déplacements automobiles. Il faut créer un urbanisme « des limites ». A toutes les échelles de planification – DTA, Interscot, Scot, PLU – menées avec l’Agence d’urbanisme, nous limitons les zones de constructibilité aux noyaux urbains préexistants ou le long des axes de transports collectifs. Afin de sauvegarder les espaces naturels et agricoles, nous faisons le choix de villes plus compactes, moins consommatrices d’espace. Nous disposons de plusieurs centaines d’hectares hérités de la déprise industrielle en centre d’agglomération. A Lyon, plus d’une centaine d’hectares sont ouverts à l’urbanisation en ZAC depuis 2001, l’équivalent de 5 000 logements à bâtir.
La ville compacte est-elle agréable à vivre ?
Lutter contre l’étalement urbain, c’est accueillir de nouveaux habitants et retenir ceux qui y vivent. L’aménagement de la ville doit faire une place plus importante à la nature et aux espaces publics : sur ce seul mandat, nous avons créé plus de 100 hectares à Lyon. Le réaménagement des berges du Rhône, longtemps sacrifiées au stationnement et à l’automobile, est le symbole de cette reconquête. La qualité de la vie, c’est un meilleur partage de l’espace, au profit des modes doux. Vélo’V, la plus grande zone 30 d’Europe au cœur de Lyon, est emblématique de cette détermination. Dans tous les quartiers en construction ou reconstruction, nous faisons une large place à la nature, aux espaces publics, aux modes doux, en nous inspirant du modèle de la cité jardin lyonnaise du début du XXe siècle. Nous veillons à la mixité de fonctions, à la création architecturale – Lyon devient une référence – et à une organisation du bâti qui préserve l’intimité de ses habitants.
Comment se traduit le développement durable dans l’urbanisme ?
Chaque projet urbain est l’objet d’une analyse environnementale préalable. Sur tous les fonciers de maîtrise publique, les nouvelles constructions sont soumises à des exigences de haute qualité environnementale avec un référentiel HQE joint au cahier des charges de cessions foncières. Ce principe s’applique au logement et, avec des normes différentes, au tertiaire, et anticipe la RT 2010. Sur les premières centaines de logements sociaux construits selon cette démarche, l’économie des charges – électricité et chauffage – est de 40 %. Lyon est une ville pilote du programme européen « Concerto » dont les exigences sont rigoureuses en matière d’économie d’énergie et d’utilisation d’énergie renouvelables pour le logement et le tertiaire.
Quelle est votre politique en matière d’habitat et de mixité sociale ?
L’agglomération lyonnaise est hémiplégique avec de fortes disparités entre l’Est « banlieue choc » et l’Ouest « banlieue chic ». La réduction de cette fracture sociale et spatiale constitue un axe majeur. Nous développons à l’Est de grands projets d’aménagement avec une offre de logements diversifiée, des transports collectifs, la requalification des grands espaces naturels, des cœurs de village ou de grands ensembles (GPV). Pour la première fois depuis des années, la première couronne a regagné des habitants. J’ajoute que le programme local de l’habitat a été adopté à l’unanimité au Grand Lyon.
L’effort du Grand Lyon est sans précédent pour le logement social. L’agglomération avait pris un retard important. Sur 2002-2004, la loi SRU exigeait la création de 2 074 logements sociaux, 6 178 ont été réalisés sur le Grand Lyon dont 3 092 pour la seule ville centre (soit près de trois fois les exigences SRU). L’aide financière des collectivités est exceptionnelle : 63 millions d’euros en 2006. Dans chaque opération, nous demandons 20 % à 25 % de logements très sociaux et 15 % de logements locatifs intermédiaires et d’accession sociale.
Depuis six ans, nous privilégions une approche globale du développement durable du territoire avec pour objectif ambitieux : réduire les inégalités sociales et territoriales, et poursuivre un développement économique qui ménage l’environnement et le futur de la planète.