C'est à Noël prochain que les occupants de la cité Abbé-Pierre de Boulogne-sur-Mer pourront entrer dans leurs nouveaux logements construits sur le site même par Habitat Littoral, l'office public d'de la ville. Cette opération a nécessité le concours de multiples partenaires.
Construite en 1954 par l'Association des maisons boulonnaises Abbé-Pierre, la cité comprenait 24 maisons insalubres et sans confort, occupées par des ménages en difficulté. Lors de la conception du PLH (programme local de l'habitat) en 1994, ce point noir avait été souligné. L'AIVS (agence immobilière à vocation sociale) du conseil général et la DDE ont alors confié à Habitat Littoral une étude. Celle-ci a identifié les principales contraintes du dossier : tout d'abord, l'état des maisons excluait de réhabiliter ; la seule solution était de reconstruire. Par ailleurs, les occupants refusaient un relogement en HLM. Enfin, l'Association Abbé-Pierre, propriétaire des maisons, exigeait que le relogement des occupants ne se traduise pas par une hausse du coût des locations (250 à 300 F/mois).
Le conseil d'administration d'Habitat Littoral s'est donc engagé auprès de maître Terrier, président de l'Association boulonnaise, à respecter ces attentes. Et une ingénierie financière, sociale et technique complexe a permis de lancer l'opération de réhabilitation. Celle-ci s'est chiffrée à 10 millions de francs, couverts par une subvention de l'Etat de 1,4 million, des PLATS (prêts locatifs aidés très sociaux) de la Caisse des dépôts pour 4,9 millions, un prêt du fonds national pour les familles en difficulté de 3,2 millions, des subventions de la ville pour les VRD (voiries et réseaux divers), une maîtrise d'oeuvre urbaine et sociale (105 000 F)... et une ponction de 800 000 F sur les fonds propres d'Habitat Littoral.
L'office a fait appel, pour la maîtrise d'oeuvre, au cabinet d'architecture Grain, spécialisé dans les réalisations à caractère social, qui a missionné sur ce dossier un architecte et une sociologue. Un comité de pilotage a été constitué avec des représentants de la DDE et de la DDASS, du cabinet Grain, d'Habitat Littoral, de l'AIVS, de la Fondation Emmaüs, de l'Association Abbé-Pierre, de la Caisse des dépôts, de l'association Home Beaurepaire, retenue par les structures sociales du conseil général, et de la Macep (Maison d'accueil enfants parents). Cette structure a joué un rôle clé en préparant les familles occupantes à l'opération, et surtout en participant à leur hébergement durant les travaux.
Habitat Littoral ayant acquis les maisons pour un franc symbolique a engagé les travaux en mars . Auparavant, l'office avait acquis dans Boulogne des logements qui ont été réhabilités (grâce à des PLATS) et proposés aux familles pour leur hébergement temporaire. C'est la Macep qui paie à Habitat Littoral les loyers de ces logements et reçoit de la caisse d'allocations familiales l'allocation de logement temporaire à laquelle ont droit les familles et les loyers payés par celles-ci. Les déménagements ont été effectués par Emmaüs.
Les loyers des logements rénovés varient de 915 F à 1 600 F mensuels, mais, grâce à l'APL, le niveau d'effort des familles restera sensiblement identique à ce qu'il était auparavant.
Sur le site, trente logements (dix T4, dix T3, dix T2), dont six logements d'urgence qui seront loués par la Macep, sont en cours de construction. Pour tenir dans l'épure, le cabinet Grain a travaillé les volumes, sachant que les surfaces respectent les normes HLM non majorées. La construction est en matériaux classiques : parpaings, murs en crépi, toiture bacs acier. C'est l'entreprise NCN qui réalise le gros oeuvre.
Michel Grégoire, le directeur d'Habitat Littoral, se félicite de l'aboutissement prochain de cette opération, tout en regrettant que les évolutions constantes des règles du jeu financières aient contraint l'office à « boucher les trous » en puisant dans ses fonds propres.