Ancienne place forte, Grenoble dispose d’un important patrimoine militaire. L’un de ses fleurons est la caserne de Bonne, délaissée par l’Armée depuis 1994. D’une superficie de 8,5 hectares, c’est la dernière et plus vaste emprise à aménager en limite du centre historique. Ayant décidé de l’acquérir, la municipalité choisit d’en faire un quartier plutôt destiné à la jeunesse et aux noctambules, avec restaurantset cafés. Des enquêtes ont en effet montré que les 60 000 étudiants grenoblois regrettaient l’absence de vie nocturne. Les 850 appartements programmés comprendront 35 % de logements sociaux locatifs ou s’accompagnerontd’une palette étendue de modalités d’accès au logement.Enfin, l’aménagement du nouveau quartier doit prendreen compte une charte de « haute qualité environnementale, architecturale et urbaine » et la charte de « qualitédes espaces publics », adoptées par la municipalité.
Lauréat d’un marché de définition, l’architecteurbaniste Christian Devillers a organisé le site autourde l’ancienne cour d’honneur conservée, et d’un parc urbain de 3,5 hectares, placé dans le prolongement du parc Hoche existant dont une partie sera réaménagée. Le choix du paysagiste se fera au 3e trimestre 2006. Au sud, s’implantent des îlots d’habitation. Au nord, autour d’un mail piétonnier, s’organisent des bureaux et un pôle commercial et de loisirs dont l’attractivité bénéficiera de la restructuration de la piscine voisine. Des hôtels, une résidence pour personnes âgées,une école et un restaurant sont répartis à travers le site. Le tout est situé à 400 mètres d’une future ligne de tramway.
Le bureau d’études Terre-Eco a élaboré le volet « accessibilité » et précisé la démarche HQE du cahier des charges. Celui-ci met l’accent sur la maîtrise de l’énergieet la qualité thermique des bâtiments : les consommationsde chauffage doivent tendre vers 50 kWh/m2/an.
La Ville et une partie des promoteurs et des maîtres d’ouvrage de logements sociaux retenus participentau programme européen Concerto, qui vise l’efficacité énergétique et l’utilisation d’énergies renouvelables.« Nous avons gagné cet appel d’offres qui nous apporte 2,7 millions d’euros de subventions et vise tous les objectifs que nous devrons atteindre à moyen terme, à commencerpar celui de diviser par quatre nos consommations »,dit Pierre Kermen, adjoint au maire, chargé de l’urbanismeet l’environnement. Une autre partie des surinvestissements – environ 15 % par rapport à une opération courante –sera prise en charge par les collectivités territoriales.
Le choix d’une isolation thermique extérieure des bâtiments et l’application de principes bioclimatiques vont de pairavec une diversification des énergies : huit mini-centralesde cogénération vont répondre à la demande des logements en électricité et à la moitié de leurs besoins de chaleur.Le solaire thermique couvrira en partie la demande en eau chaude sanitaire. A cela s’ajoute du solaire photovoltaïque dont l’électricité produite sera réinjectée sur le réseau.La nappe phréatique qui affleure à deux mètres serautilisée sur certains bâtiments pour développer un système de rafraîchissement direct, par échange thermique.
Nombre de recommandations et d’exigences concernent aussi la qualité des espaces publics : utilisation des matériaux locaux, démarche impliquant des circulations de plain-pied et des dénivelés en pente douce…
Aménageur : SEM Sages
Maîtrise d’œuvre urbaine : Christian Devillerset Loïsos Savva, architectes-urbanistes
Réalisation : 2005-2008(première tranche)
Fiche Technique p.138
Avis d'expert p.90
