Niché contre la colline de Fourvière, dans le Vieux Lyon, l’ensemble Gadagne s’étend sur 3 500 m2 et accueille deux établissements : musée d’Histoire de Lyon et musée des Marionnettes du monde. Objectif majeur du chantier : agrandir les lieux. Un bâtiment de 2 000 m2 est alors annexé et des mètres carrés supplémentaires gagnés en creusant dans la cour et dans la colline. « Ce nouvel espace nous a permis d’optimiser les circulations. Nous y avons installé un escalier monumental et des ascenseurs », précise Simone Blazy, directrice et conservateur en chef des musées. Le nouvel ensemble est constitué de trois bâtiments étagés sur cinq niveaux, imbriqués autour de deux cours intérieures. La surface utile de 6 300 m2 a presque été doublée. Si la construction des nouveaux ouvrages a constitué un défi, la rénovation de l’existant s’est vite transformée en casse-tête : le maître d’ouvrage exigeait, en effet, que le bâtiment soit intégralement accessible aux personnes à mobilité réduite. L’hôtel étant classé monument historique, il a alors fallu redoubler d’ingéniosité pour « concilier cet objectif avec notre volonté de conserver les niveaux historiques », explique Lionel de Gournay, qui a œuvré aux côtés de Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques (ACMH). Au final, cinq ascenseurs ont été installés, notamment dans les tours.
Béton brut ou bouchardé
Pour restaurer les façades Renaissance et les décors d’origine, une équipe d’archéologues du bâti a sondé les murs, les sols et les plafonds. « Nous avons restitué tout ce qui pouvait l’être. Le but n’était pas de créer un bâtiment contemporain. Cependant, pour ne pas tricher sur les datations, tout ce qui est XXIe siècle est apparent », insiste la directrice. Dans les nouveaux espaces, le béton, laissé brut ou bouchardé, domine et contraste avec les salles aux tomettes et enduits restaurés. « L’architecture n’est jamais occultée par la muséographie. Nous avons souhaité une mise en scène très épurée », assure Catherine Bizouard, l’une des architectes du projet. « Des vitraux sans coloration ont été installés dans les ouvrants existants pour laisser la lumière naturelle entrer. Celle-ci est toutefois atténuée par des tamis et complétée par un éclairage artificiel à base de spots et de diodes électroluminescentes. »
La rénovation a également fourni l’occasion d’installer une ventilation mécanique et une climatisation. En revanche, aucune solution « verte » n’a été mise en œuvre. « Le projet a été pensé à la fin des années 1990, époque où l’on parlait peu de développement durable. Il aurait malgré tout été difficile d’intégrer de telles exigences dans un bâtiment classé », estime Catherine Bizouard.
Fouilles archéologiques
Dix ans ! C’est en effet le temps qu’il aura fallu pour rénover l’hôtel de Gadagne. L’extrême longueur du chantier – le double de la durée initialement prévue ! – s’explique par une succession de difficultés : fouilles archéologiques fructueuses, présence du public pendant près de la moitié des travaux, dégâts des eaux et, pour finir, un incendie en juillet 2004. Mais ces contretemps n’auront pas tous été contre-productifs. Les fouilles archéologiques ont notamment permis la mise au jour, en terrasse, d’un jardin d’agrément d’une superficie de 700 m2, datant du XVIIe siècle.