Feuilleton 4/9 Un musée métamorphosé pour la capitale du parfum

Rénové et agrandi, le musée de la Parfumerie de Grasse (Alpes-Maritimes) propose aux visiteurs une collection de 4 000 objets mis en valeur dans un ensemble bâti formé de cinq espaces d’époques différentes répartis sur sept niveaux.

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Depuis sa réouverture en octobre dernier, après un long chantier d’extension-rénovation achevé fin juin (en ce qui concerne la muséographie notamment), le Musée international de la parfumerie (MIP) de Grasse a déjà attiré 55 000 curieux. Un succès qui lui permet de viser la barre des 100 000 visiteurs par an – soit le double de sa fréquentation passée – et de jouer un rôle moteur dans la revitalisation du centre ancien de la ville, une des priorités de la municipalité. « La parfumerie grassoise, qui s’est adaptée aux mutations économiques, réalise plus de 50 % du chiffre d’affaires national de ce secteur et entre 8 et 9 % du chiffre d’affaires mondial. Il était légitime que nous valorisions ce patrimoine industriel au travers d’un musée public qui sera complété par un espace dédié à l’évolution des techniques dans l’ancienne usine Roure, et d’un conservatoire des plantes à parfums sur le territoire de l’agglomération », ajoute le maire de Grasse, Jean-Pierre Leleux.

Cinq espaces regroupés

Plus important investissement jamais réalisé par la commune (14,4 millions d’euros), ce projet, qui aura duré quatre ans, a constitué un véritable défi technico-architectural. Pour passer des 1 500 m2 du musée existant (inauguré en 1989) à un ensemble de 4 000 m2, il a fallu adjoindre au musée d’origine et au pavillon de l’ancienne parfumerie Hugues-Aîné, des bâtiments mitoyens : l’hôtel particulier Morel-Amic, son annexe et sa cour d’honneur, un bâtiment classé du XVIIIe siècle appartenant à la Ville ; l’immeuble Pélissier situé dans le vieux Grasse, dont seules les caves ont été conservées et la partie supérieure reconstruite, les jardins des anciennes cours. « La difficulté de cette extension a été de relier et de donner une lisibilité à cinq espaces d’époques différentes répartis sur sept niveaux, qui forment désormais le nouvel ensemble », explique l’architecte Frédéric Jung, lauréat du concours en 2002. C’est à partir de recherches cadastrales que la réponse a été trouvée. Traversé par l’ancien rempart de la cité médiévale fortifiée au XIVe siècle, le nouveau musée, ses plateaux d’exposition et ses circulations s’organisent désormais autour de cet axe long de 80 m, haut de 15 m et large de 2 m, enfoui dans l’îlot. Mis au jour et conforté, il permet, à partir des percées qui y sont ménagées, de relier les différents lieux du musée et d’y organiser un parcours vivant (les collections relèvent des arts décoratifs, de la botanique, de l’industrie, etc. avec, notamment, des animations olfactives). Cette fortification est reprise et protégée par une nef vitrée ouverte sur le paysage et la vieille ville.

Compromis énergétique

Pour l’entreprise Cari, qui a réalisé ce chantier en entreprise générale avec une dizaine de sous-traitants, les contraintes ont été nombreuses. Il a fallu d’abord démolir – à la main pour ne pas menacer la stabilité du bâti voisin – l’immeuble Pélissier, puis reconstruire un nouvel édifice sur ses anciennes caves, en mettant en œuvre des fondations profondes et des poteaux de 450 mm. Pour le bâtiment Morel-Amic, classé et réhabilité sous la houlette de l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH), Pierre-Antoine Gatier, les planchers ont dû être renforcés (500 kg/m2), sans modification des volumes.

L’accessibilité aux handicapés a également nécessité des adaptations. Peu aisée dans un projet avec des bâtiments classés, la mise en œuvre de solutions énergétiques performantes a relevé ici du compromis : double peau en bardeaux de terre cuite sur la façade arrière de l’immeuble Pélissier, vitrage à basse émissivité pour la verrière, système « VRV » (volume réfrigérant variable) sans réseau aéraulique et avec des unités de production disposées dans les réserves, pour le chauffage et la climatisation du musée, hormis l’hôtel Morel-Amic. En raison de son classement, celui-ci a été doté d’un simple traitement d’air avec des extracteurs astucieusement dissimulés dans les foyers des cheminées des différentes pièces.

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