D’abord, le contexte : le projet de 3e ligne de métro automatique « Toulouse Aerospace Express »reliant l’ouest au sud-est de l’agglomération de Toulouse est l’un des plus ambitieux en région : long de 27 kilomètres, il permettra de relier 60 % des habitants de l’agglomération et les deux tiers des zones d’emploi (aéroport, Airbus, campus universitaire, etc.).
L’investissement prévisionnel est de l’ordre de 2,4 milliards d’euros. La Chambre régionale des comptes d’Occitanie a rendu un rapport le 6 février 2019 — repris dans le rapport national — qui questionne notamment la faisabilité financière du projet. Jean-Michel Lattes, président de Tisséo-Collectivités, autorité organisatrice des transports, dévoile au Moniteur ses réponses à ces interrogations.
Le rapport de la Cour des comptes présenté le 6 février évoque notamment un financement qu’il qualifie de « pas encore stabilisé » de l’ordre de 3,8 milliards pour l’ensemble du plan mobilités (1). Qu’en est-il ?
Le rapport financier ne dit pas que notre projet est impossible à financer. Il dit qu’il est ambitieux. Nous avons présenté, en réponse à ces interrogations, notre document de faisabilité financière, un très gros document issu de notre conseil scientifique. Il arrive à cette conclusion qu’on peut faire ce projet, y compris en incluant les variables qu’on ne maîtrise pas, comme le produit du « versement transport » (VT) et la situation économique locale. Nous avons la chance d’être dans une ville qui connaît une croissance économique exceptionnelle, avec un versement transport très dynamique : cette année Airbus verse 27 millions d’euros à Tisséo au titre du versement transport.
Nous avons des particularités qui font que le financement est plus facile à trouver qu’ailleurs. Mais, par précaution, nous avons fait évaluer la marge de manœuvre des collectivités de Tisséo. L’analyse financière nous montre que les collectivités locales pouvaient monter de leur participation actuelle de 102 millions par an à 180 millions d’euros. Ce qui est pour nous la variable de protection, pour garantir la faisabilité du projet malgré les impondérables. Projet dont le tracé a été voté, je le rappelle, à l’unanimité en juillet dernier par le Comité syndical de Tisséo-Collectivités.
Ces 80 millions annuels supplémentaires, c’est la marge de manœuvre annuelle maximale des collectivités. Dans l’état actuel, nous avons besoin de 120 millions par an, mais si l’on percevait un VT moins dynamique, on pourra jouer sur ce curseur.
« Les AMO gros œuvre vont être désignés incessamment et les gros appels d’offres travaux seront lancés en 2020 »
Est-ce que le calendrier est modifié ?
En décembre 2015, j’ai présenté un calendrier qui déterminait l’ouverture en 2024 avec des dates précises, nous l’avons strictement suivi. Puis, nous avons eu un incident, un appel d’offres qui regroupait les deux bureaux d’études, les mastodontes du secteur, Systra et Egis, qui, au lieu de se battre sur le marché, se sont alliés et ont présenté un dossier un peu cher. Nous n’avons pas hésité à annuler l’appel d’offres.Cela nous a fait perdre un an.
En incluant cette année de retard, notre calendrier mis à jour maintient la date de mise en service en 2025. Nous venons d’enchaîner le grand débat public, la réforme du plan de déplacement urbain, avec un avis favorable à l’unanimité. Aujourd’hui nous avons voté l’évolution du dispositif avec le dossier d’enquête publique déposé en préfecture ce jeudi 7 février 2019.
Initialement nous voulions faire l’enquête publique en 2019. Nous espérons tenir l’enquête publique en juin pour avoir la déclaration d’utilité publique (DUP) avant la fin de l’année 2019. Les AMO gros œuvre vont être désignés incessamment et les gros appels d’offres travaux seront lancés en 2020.En décembre de cette année, nous aurons choisi le matériel.Nous avons appris avec plaisir que la fusion entre Siemens et Alstom ne se ferait pas, car nous préférons avoir deux offres en concurrence. Le rapport de la Cour des comptes nous plaît bien, il dit que c’est un pari sur l’avenir, nous sommes d’accord. »
(1) La révision du plan de déplacements urbains de 2017 fait priorité à la construction d’une 3e ligne de métro automatique Toulouse Aerospace Express au détriment du prolongement de la ligne B. Ce projet « mobilités » desservira les principaux bassins d’emploi, notamment les pôles aéronautiques de Colomiers (ouest) à Labège (sud-est).
