Espaces publics : la Grande-Motte s'offre son jardin de plaisance

Le réaménagement des quais de la station languedocienne a permis de réintroduire de la végétation. Un choix qui génère un paysage portuaire inhabituel.

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Sur le quai Georges-Pompidou, des arbres ont été plantés aussi près de l'eau qu'il était possible. Les cinq derniers mètres en bordure du bassin, tirantés, ont dû rester à nu.

Une étendue de mâts de voiliers… Voilà la forêt qu'un port de plaisance donne classiquement à voir. Pourtant, depuis leur réaménagement livré en mai dernier, les quais de La Grande-Motte (Hérault) sont en partie tapissés de bosquets de sophoras, de camphriers ou encore de mélias plantés parmi des arbustes, des herbacées et des vivaces. Des arbres au bout des pontons, « c'est un peu contre-intuitif, admet l'architecte et urbaniste François Leclercq. Dans notre imaginaire, les espaces portuaires ne sont pas des jardins. » Depuis 2018, Leclercq Associés mène une réflexion urbaine sur la répartition « ville-port » dans cette station balnéaire qui, à la fin des années 1960, avait surgi de nulle part avec ses pyramides futuristes. Et l'agence assure aussi la maîtrise d'œuvre des espaces publics.

Alors, La Grande-Motte aurait-elle succombé, comme nombre de collectivités, à cette manie du projet d'aménagement jugé au nombre de mètres carrés végétalisés ? Pour parer à tout soupçon de greenwashing, François Leclercq en appelle à l'histoire. Lorsque la ville s'est construite sur des hectares de remblais, son architecte historique, Jean Balladur, et son paysagiste plus méconnu, Pierre Pillet, avaient élaboré un important programme de plantation, ne serait-ce que pour stabiliser les ter-rains. Aujourd'hui encore, au-delà du front de mer, les immeubles de béton blanc surgissent d'une forêt de pins. Et si Pierre Pillet avait pu s'inquiéter que la végétation pâtisse du vent et de la salinité des embruns, Jean Balladur et lui « avaient prévu que les quais aussi soient végétalisés », assure François Leclercq qui ressort d'anciennes cartes postales délicieusement kitsch où le port apparaît orné d'arbres et de parterres fleuris.

Une déambulation du Levant au Couchant. Quand est venu le temps de repenser les lieux, l'équipe de Leclercq Associés a trouvé un paysage bien changé. « Le port était devenu aride. Les arbres avaient souffert, tandis que la voiture avait pris toute la place », poursuit l'urbaniste. Sur l'angle droit formé par les quais Eric-Tabarly et Georges-Pompidou, les palmiers et les jardinières qui avaient persisté étaient noyés au milieu de voies de circulation et de nappes de stationnement. Les piétons étaient, eux, réduits à la portion congrue.

Pour le maire Stéphan Rossignol, cette configuration convenait d'autant moins que « le port, qui a été creusé avant que la ville ne soit construite, en constitue la centralité. De plus, le contexte a changé depuis une quinzaine d'années : davantage de gens vivent ici en permanence et de nouvelles habitudes de déplacement, notamment à vélo, se sont développées. » Alors qu'un parking préalablement aménagé par la mairie permet de cantonner les voitures en entrée de ville, les quais transformés font la part plus belle aux mobilités douces. A terme, une déambulation continue permettra de relier les quartiers du Levant et du Couchant ainsi que leurs plages. Une portion de voirie reste en effet à aménager à l'ouest, toujours dans cet esprit de jardin portuaire. « La végétation accompagne les nouveaux usages, notamment piétonniers.

Les arbres procureront de l'ombre aux promeneurs », explique Paul Lacaze, paysagiste chez Leclercq Associés.

Une palette d'essences variée. Pour prévenir toute déconvenue sur la viabilité des arbres, le choix s'est porté sur des essences méridionales fréquentes en bord de mer. « Pour faire face aux aléas climatiques et aux ravageurs, nous avons varié la palette. Dans le cas où une espèce dépérirait, toute l'infrastructure végétale ne serait pas menacée », poursuit Paul Lacaze.

En cours de chantier, l'équipe de maîtrise d'œuvre et les services techniques municipaux ont surtout testé 12 essences en situation. Le paysagiste a pu observer que « seuls les filaos ne tenaient pas. Et le chêne-liège s'est révélé un peu fragile. » Une fois la liste des sujets stabilisée, il ne restait plus qu'à planter… En prenant une dernière précaution : à la Grande-Motte, il n'est pas question d'obstruer la vue sur la mer depuis les appartements.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Ville de La Grande-Motte. AMO : L'Or Aménagement. Maîtrise d'œuvre : Leclercq Associés (architecte, urbaniste et paysagiste, mandataire), Agence Guillermin (paysagiste, suivi de chantier). BET : Artelia (TCE).

Principales entreprises : Colas (terrassements, voirie, réseaux humides, mobilier), Sols Méditerranée (bétons), Bouygues Energies & Services (réseaux secs, éclairage), Bondon (éclairage), BRL Espaces naturels (plantations).

Surface : 3 ha. Calendrier : début des études en septembre 2019, lancement du chantier en septembre 2022, livraison en mai 2024. Coût des travaux : 6 580 500 euros HT (hors extensions commerciales).

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