Dans un contexte impacté par la notion de développement durable et la maîtrise des dépenses des collectivités territoriales, la nécessité de prendre en compte la future gestion des aménagements dès la phase conception des projets est incontournable. « Il n’y a pas de gestion différenciée des espaces sans conception différenciée » a rappelé Cyril Lomet, directeur du service Jardin de la ville de Rennes, lors d’une conférence sur le Salon du Végétal en présentant le projet de la ZAC de la Courrouze (90 ha dont 46 ha d’espaces verts). Un projet où, pour limiter le désherbage sur les cheminements piétons, l’équipe de conception a réduit les surfaces traitées en stabilisé. Dans le même temps, des noues régulent les eaux pluviales et maîtrisent les risques d’inondations. « Pour éviter un encombrement rapide des fils d’eau, nuisible au bon écoulement, nous les avons conçus sur un sol stérile associé à du schiste » explique Charles Dard, paysagiste du projet. Quant aux arbres et arbustes ils ont été implantés de façon à ne pas avoir à subir de tailles d’entretien régulières, en dehors de la phase de formation des végétaux. Afin d’illustrer les attentes du maître d’ouvrage, des visites de terrain ont été organisées pour le maître d’œuvre. « Elles ont permis d’aborder certains détails techniques de façon très concrète » souligne Charles Dard.
Répondre aux attentes des usagers.
Au delà des considérations purement techniques, « la relation entre maître d’ouvrage et maître d’œuvre doit permettre d’atteindre les objectifs d’un aménagement, à savoir rendre un service aux usagers » explique Thibaut Beauté, directeur général adjoint en charge des Pôles territoriaux du développement durable et de la politique de la ville à la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Le gestionnaire attend en effet du concepteur une réponse adaptée au contexte local, à l’histoire des lieux, mais aussi aux contraintes spécifiques des futurs gestionnaires. Rien ne sert de proposer un aménagement impliquant un suivi sophistiqué si le personnel chargé de l’entretien n’a pas les compétences pour l’assurer. L’attente de l’usager ne doit pas non plus être occultée. C’est le « maître d’usage » selon les termes de Thibaut Beauté. « Une attente qui s’identifie d’autant mieux lorsque la collectivité dispose d’un paysagiste en interne, les échanges étant facilités par sa connaissance du territoire » souligne Cathy Biass-Morin, directrice des espaces verts de Versailles.
Exigences politiques.
Face à cette volonté affichée d’instaurer un dialogue entre les gestionnaires et les concepteurs, le maître d’œuvre n’est pas toujours aussi optimiste que cela. Ainsi, pour Franck Mathé, architecte-paysagiste de l’agence Territoires « si la solution technique existe, la principale difficulté est bien de faire face aux diverses exigences des politiques qui suivent celles des habitants, eux-mêmes pas toujours en phase avec les évolutions proposées par les gestionnaires ». Certains des membres adhérents de la Fédération Française du Paysage (FFP) militent également pour une redéfinition des missions de la maîtrise d’œuvre afin de permettre que soit inclus dans les prestations un suivi précis des projets après la réception du chantier, ceci à raison d’une à deux visites chaque année. Ce qui serait un bon moyen de s’assurer que l’entretien de l’opération est réalisé sans qu’il dénature le projet initial. -





