Espace public : les Marseillais regagnent du terrain

La création de la première tranche du parc Bougainville répare un site meurtri et autorise de nouveaux usages.

Réservé aux abonnés
Espace public
La phase 2 prévoit une renaturation du ruisseau, non requise par le programme.

Au jeu de la comparaison avant/après, la métamorphose est remarquable. Dans le 3e arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône), l'ouverture du parc Bougainville, dont la première tranche a été inaugurée en février dernier, a fait surgir un paysage et apparaître de nouveaux usages. Mais avant, donc, le périmètre était occupé par des activités parfois en déshérence : une fourrière municipale, une station essence, des bâtiments contrôlés par des marchands de sommeil… sur un terrain cisaillé par un viaduc du métro et la résurgence du ruisseau des Aygalades dans son carcan de béton. Une étendue de sol stérile où seuls quelques figuiers faisaient de la résistance. Et un lieu inhospitalier au pied de la cité Félix-Pyat, une des plus vastes copropriétés dégradées de France.

Si les médias le mentionnent souvent pour les trafics dont il est le théâtre, le quartier est aussi à la jonction des secteurs 1 et 2 de l'opération d'aménagement public Euro méditerranée. Cette vaste transformation s'appuie notamment sur la création d'une chaîne d'espaces verts dont le parc Bougainville est l'un des maillons.

Chantier éclair. Aujourd'hui, sur la première moitié des 4,5 ha que cet espace représentera à terme, le végétal a regagné du terrain. La reconquête avait même démarré plus tôt, dès le lancement des travaux en 2022. Pour redonner déjà un peu de vert aux riverains, « nous avons mené un chantier éclair et ouvert en trois mois un jardin partagé au pied de la cité », raconte Sylvanie Grée, paysagiste conceptrice de l'agence D'Ici Là, en charge de la création du parc.

Depuis le point haut à l'est, où se dressent les immeubles, trois terrasses se succèdent sur 6 m de dénivelé jusqu'au boulevard de Briançon et au bâtiment du Relais nature construit par l'agence d'architecture Zakarian-Navelet, à l'ouest. Hormis les cheminements bordés d'une végétation fournie, les lieux sont assez dégagés et alternent grandes pelouses et esplanades minérales. Pour répondre aux besoins exprimés lors de la concertation, cette première phase a mis l'accent sur la liberté d'usage.

Elle offre de la place pour jouer, faire du sport ou organiser des événements, par exemple sous la grande structure métallique nue héritée de la fourrière. La terrasse la plus haute est, pour l'heure, maintenue dans un état brut et une piscine provisoire y a été installée pour l'été. « L'ensemble a été pensé pour être robuste. Nous ne devions ainsi pas recourir à des mobiliers en bois. Toutefois, nous avons voulu créer un lieu domestique, réellement de qualité », insiste Sylvanie Grée en désignant les assises ou l'aire de jeux en forme de montagne, tous soignés mais réalisés en béton.

Place à la fraîcheur. Hormis ces précautions, Euroméditerranée assure que « l'aspect sûreté n'était pas une donnée d'entrée du programme. Notre démarche a été plutôt volontariste. Alors que les habitants d'une des tours avaient pris l'habitude de jeter leurs détritus par les fenêtres, nous aurions pu condamner l'espace en contrebas. Au contraire, il a été laissé ouvert et l'aire de jeux en est proche. Depuis, les services municipaux ont constaté qu'il n'y a là pas plus de déchets que dans d'autres espaces verts de la ville. » Dans un second temps, le parc fera plus de place à l'ombre et à la fraîcheur. La phase finale, qui devrait être lancée début 2025, sera plus densément plantée. Surtout, la rive du ruisseau des Aygalades sera rendue accessible. Un autre défi que s'est lancé l'équipe de maîtrise d'œuvre alors que la maîtrise d'ouvrage ne l'avait pas du tout envisagé.

Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : EPA Euroméditerranée.

Maîtrise d'œuvre : D'Ici Là (paysagiste concepteur, mandataire), Zakarian-Navelet (architecte), Arcadis (BET VRD), Biotec (expert renaturation), 8'18'' (éclairage), Techni'cité (sol fertile et arrosage), L'Adéus (sociologie), Véronique Mure (botaniste).

Principales entreprises : Razel-Bec (terrassements, dépollution, génie civil, maçonnerie, VRD), Citeos (éclairage, réseaux souples), IDverde (espaces verts, arrosage), Paysages Méditerranéens (mobilier, serrurerie).

Superficie : 4,5 ha (à terme).

Coût des travaux : 6,5 M€ HT pour la première phase (Relais nature inclus), 14,4 M€ HT à terme.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !