Ouvert depuis 2007 à Beausoleil (Alpes-Maritimes), le groupe scolaire des Cigales est né d’un projet immobilier avorté. Le terrain en pente, seulement excavé par le promoteur privé, a été préempté par la commune pour y bâtir un équipement public. Dans le détail : treize classes (cinq maternelles et huit primaires), un centre de loisirs sans hébergement et une salle de restauration (avec office de réchauffage) répartis sur 3 482 m2. Le programme du concours orientait les équipes de maîtrise d’œuvre vers une construction compacte sur trois niveaux avec une grande cour de récréation.
Les architectes Jean-Patrice Calori, Bita Azimi et Marc Botineau, formant l’agence niçoise CAB, ont remporté le contrat avec un projet de «?colline artificielle?». «?Notre idée était de reconstituer des courbes de niveaux à cette topographie dénaturée?», résume Bita Azimi.«?Point important, ajoute Marc Botineau, le plan local d’occupation des sols nous imposait de préserver la vue sur le paysage depuis les habitations situées en surplomb.?» La silhouette du bâtiment s’étend donc de tout son long dans le site, soit environ 90 m d’est en ouest
Terrasse à chaque étage
Le rez-de-chaussée, le premier étage et le deuxième étage accueillent respectivement l’école maternelle, l’école primaire et le centre de loisirs avec la salle de restauration. Un parti fonctionnel attendu. Mais un parti formel inattendu. Car au lieu de superposer les niveaux sur un même plan vertical, les architectes les ont décalés les uns par rapport aux autres, se référant aux terrasses agricoles régionales, les fameuses restanques provençales. Cette disposition permet l’installation, non pas d’une, mais de trois cours de récréation (environ 500, 700 et 900 m2) dans le prolongement de chacun des espaces intérieurs. «?Chaque directrice a ainsi l’impression d’avoir un établissement de plain-pied?», commente Jean-Patrice Calori.Autre élément inattendu?: le toit terrasse qui, se trouvant à la hauteur de la route qui relie Nice à l’Italie, se transforme en parking du personnel. A quinze mètres en contrebas, les parents d’élèves bénéficient également d’une zone d’arrêt minute en connexion directe avec la route qui serpente de Beausoleil à Monaco.«?Nous ne choisissons pas un matériau de construction a priori, expliquent les architectes. Le béton entre ici en résonance avec un contexte minéral particulier, matérialisé par le mur en pierre calcaire appareillée qui soutient la nationale en amont.?»
Zigzag de béton armé
D’amont en aval du terrain, le bâtiment signe sa présence par un zigzag de béton armé dont la surface se déplie et se replie le long du centre de loisirs, puis de l’école primaire et enfin de l’école maternelle. Sa texture change en fonction de l’emplacement?: balayée à la brosse pour les dalles des cours de récréation, bouchardée mécaniquement pour les façades principales ou éclatée au marteau-piqueur pour les façades arrières du logement de gardien.Les vitrages extérieurs des salles de classes sont protégés des rayons directs du soleil par des stores roulants colorés et par des débords de toiture de 2,60 m. Les terrasses sont ceinturées par des filets Inox d’une hauteur de 2,20 m pour éviter les chutes d’enfants… et de ballons. «?Ce type de garde-corps souple et transparent a été préféré au muret dur et opaque en béton, souligne Bita Azimi. Car la moindre remontée en béton aurait caché l’exceptionnelle ligne d’horizon visible à tous moments depuis les salles de classes.?»
