Al’entrée nord de Lyon, une parcelle triangulaire orientée plein ouest donne sur un boulevard urbain (20 000 véhicules/jour) et un faisceau de voies ferrées (700 trains/jour). Exploitant ces contraintes plutôt que d’y succomber pour implanter un hôtel de santé plutôt qu’une clinique, le lyonnais Xanadu architectes et urbanistes conçoit une architecture où le traitement des façades donne le ton.
La clinique du Parc, troisième génération, a choisi de s’implanter à un point stratégique de Lyon : son entrée nord, à vue des frondaisons du parc de la Tête d’Or. Pourtant le terrain ténu de 3 000 m2, pour un ouvrage de 17 000 m2, cumule les handicaps : sa forme triangulaire très en pointe avec une hypoténuse de 110 m et sa proximité immédiate de deux infrastructures de transport aux fortes nuisances.
« Mais le site dispose d’un atout majeur, défendent d’une même voix Iwan Ponsonnet et David Sumner, associés de Xanadu. Sa situation à l’entrée nord de Lyon par le TGV justifie une architecture forte et symbolique, à l’instar de la proue d’un navire clairement identifiable ». La réponse à la contrainte du bruit conduit à imaginer des écrans acoustiques vitrés adaptés à un front bâti composé de deux bâtiments sur le boulevard Stalingrad – ils sont posés sur un socle commun en béton noir cannelé – avec un vitrage extérieur agrafé (VEA) pour la clinique et un simple mur-rideau pare closé pour le bâtiment des consultations.
« Le premier compose une vaste fenêtre urbaine sur un patio intérieur, décrit Iwan Ponsonnet. Ses passerelles d’entretien, sciemment les plus ajourées possible, font office de pare-soleil. Le second s’accroche aux débords de dalles qui font, là aussi, office de passerelles d’entretien et de pare-soleil. »
Contrainte contradictoire. Ces deux traitements de façades apportent une double réponse aux nuisances sonores et à l’important apport de lumière d’un soleil couchant.
Garantir l’intimité des cabinets de consultation et des chambres et préserver les vues sur la ville constituent une autre contrainte… contradictoire. « La position dominante des voies ferrées et la faible vitesse des convois nous ont conduits à imaginer des protections visuelles », convient David Sumner. Sur le bâtiment des consultations, elles prennent la forme d’un motif combinatoire de triangles, « clin d’œil à la forme de la parcelle », sérigraphié avec mise en lumière nocturne.
La taille du motif, le rapport plein/vide 40/60, la couleur blanche ne pénalisent pas les vues sur la ville et se comportent comme un moucharabieh. Sur le patio, la végétation verticale poursuit une mission similaire. Deux solutions qui assurent la vue sans être… vu !
Le creusement de la façade du bâtiment clinique permet d’en augmenter le linéaire et de positionner les fenêtres des chambres sur le patio intérieur. « Parce que les plantes ne sont pas autorisées dans un établissement médical, nous avons conçu une végétation verticale sur câbles tendus afin de donner depuis les chambres une vision à travers le chèvrefeuille », commente Iwan Ponsonnet. Le dialogue avec l’urbanisme environnant passe par un séquençage des volumes – alternance de volumes « lourds » traités en brique, sans ouverture, de surfaces vitrées magistrales de 1 000 m2 pour les consultations et de la césure entre les deux bâtiments du boulevard – qui donnent rythme et dynamisme. « Le choix de teintes orange, noire et blanche contribue à la communication visuelle perçue depuis le TGV telle que la souhaitait la clinique », commente Iwan Ponsonnet.
Comme le précise un fin observateur de l’architecture lyonnaise : « Cette façade trouve sa légitimité dans son à-propos. De l’intérieur, elle met à distance l’ingrat boulevard Stalingrad pour aller chercher son paysage d’ancrage au-delà des voies ferrées. En rendant habitable cet improbable délaissé urbain, elle crée de la valeur. »



