Aménageurs publics de l'Est parisien, historiquement liés à la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, EpaMarne-EpaFrance interviennent aujourd'hui sur un périmètre grand comme trois fois la surface de Paris, rassemblant 44 communes sur le territoire de 3 départements. En partenariat étroit avec les villes, les 6 intercommunalités, les conseils départementaux, les services de l'État, les établissements développent de nouveaux lieux de vie, contribuent à augmenter l'offre de logements en Île-de-France tout en accueillant de nouvelles activités économiques pour contribuer à un équilibre habitant-emploi. Ceci en apportant des réponses concrètes aux défis écologiques et sociaux ainsi qu'aux évolutions des modes de vie de nos concitoyens.
EpaMarne-EpaFrance contribuent ainsi au développement résidentiel, économique et urbain d'un vaste périmètre qui rassemble 600 000 habitants et environ 213 000 emplois. Leur rythme annuel d'activité est conforme au dynamisme du territoire ceci s'est traduit en 2018 par l'engagement de plus de 2 000 logements, environ 15 hectares d'activités et près de 50 millions d'euros de travaux réalisés. Le développement de plusieurs projets emblématiques situés autour des nouvelles gares du Grand Paris Express de Chelles Gournay, Noisy-Champs et Bry-Villiers-Champigny contribuera à faire naître de véritables métropoles économiques de l'Est parisien. Aménageurs, maîtres d'ouvrage pour la conception et la réalisation des espaces publics, les établissements sont également prescripteurs auprès des opérateurs immobiliers (investisseurs, promoteurs, bailleurs) lors des cessions des terrains à bâtir. De cette manière, le long de toute la chaîne d'un projet urbain, les intervenants intégreront, chacun à son échelle, une part des innovations attendues par les établissements publics d'aménagement (Epa).
Innover pour bâtir la ville durable
L'innovation a toujours été au cœur de l'action de l'Epa. Dès 2016, l'Epa a réalisé toutes les consultations en BIM. Il a été le premier à généraliser le la maquette numérique à l'échelle de deux quartiers à Villiers-sur-Marne et Torcy. L'innovation n'est pas nécessairement flamboyante mais elle doit être réplicable au bénéfice de la construction des bâtiments, des usages, du confort et du pouvoir d'achat des habitants. Début 2019, nous avons identifié quatre priorités dans notre feuille de route Innovation. À savoir, réduire l'empreinte carbone, développer un urbanisme favorable à la santé, augmenter l'intensité de la relation ville-nature, faire émerger de nouvelles pratiques.
Ce programme annuel des établissements publics décline chacune de ces priorités en objectifs opérationnels concrets à court, moyen et long terme.
Ces objectifs se traduisent à l'échelle du bâtiment, à travers les opérations immobilières qui sont développées sur les territoires, ainsi qu'à l'échelle des espaces publics. Parmi ces objectifs opérationnels des aménageurs de l'Est parisien (avec majuscule) on retrouve : éco-construire le territoire par l'utilisation de matériaux biosourcés, favoriser les filières françaises et locales, décarboner les mobilités, améliorer la gestion de la ressource en eau par l'expérimentation d'une démarche zéro rejet à l'échelle d'un quartier, entre autres.
Cette démarche d'innovation se matérialise dans la réponse à divers appels à projets tant au niveau régionaux, nationaux qu'européen. Nous avons également mis en place des partenariats ambitieux avec des start-up, des industriels, des organismes de recherche et du monde académique, notamment le cluster de la ville durable à la cité Descartes, regroupant l'université, l'école des ponts Paris Tech (ENPC), l'institut technologique forêt, cellulose, bois, aménagement (FCBA), le CSTB, l'institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux (IFSTTAR). Ainsi, selon cette même dynamique, les établissements sont membres fondateurs du cluster Booster Bois Biosourcés impulsé par la Région Île-de-France.
Ces partenariats ont permis à l'EpaMarne-Epa-France de remporter plusieurs appels à projets. Entre autres, en 2015, le projet Marne la Vallée Ville Durable et Désirable du XXIe siècle a été lauréat de l'appel à projets territoires à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV), en 2016, le projet Descartes 21 a été retenu au titre de démonstrateur industriel de la ville durable (DIVD) ou encore la même année, l'EcoCité Marne-la-Vallée dans le cadre de l'appel à projets du ministère de la Cohésion des territoires. En janvier 2018, aux côtés de nombreux partenaires dont la Région Île-de-France, l'université Gustave Eiffel, CapDigital et l'IFSTTAR, l'Epa a gagné l'appel à projets territoires d'innovation de grande ambition (TIGA) grâce à un projet de concertation numérique à l'échelle du territoire via un serious game et un projet de soutien au développement d'une filière terre crue francilienne.
Ainsi, le développement d'un projet démonstrateur ou pilote innovant, est une manière d'étudier la faisabilité technique, juridique et économique d'une nouvelle solution pour qu'elle puisse ultérieurement être reproduite ailleurs sur le territoire et concrétiser notre ambition. En effet, la réplicabilité est fondamentale, pour les Epa. S'ils développent une stratégie d'innovation qui se traduit opérationnellement dans les projets d'aménagement et les projets immobiliers ; c'est pour pérenniser de nouvelles manières de bâtir aujourd'hui la ville durable de demain.
Mais faire du territoire un lieu d'expérimentation de la ville durable, ne va pas sans difficultés. Cette ambition engendre une remise en cause des méthodes de travail, tant pour les aménageurs que pour les promoteurs et les constructeurs. Par exemple, les schémas d'appréhension des risques et des incertitudes pour évaluer l'économie d'une opération peuvent être réinterrogés face aux diverses démarches d'innovations. Les process industriels de production et les systèmes de management de la qualité sont également appelés à s'adapter au nouveau paradigme technologique et économique. Les éventuels freins juridiques et réglementaires sont amenés à évoluer et s'adapter. Par exemple à l'utilisation de nouveaux matériaux de construction tel que l'utilisation des déblais pour réaliser des opérations en terre crue n'est pas sans poser des questions juridiques.
Innover dans l'aménagement et la construction
Pour la déclinaison opérationnelle de l'innovation appliquée aux opérations immobilières, les Epa sont prescripteurs. Elle se concrétise, depuis plusieurs années, par l'intégration des concepts du développement durable dans les consultations de maîtrise d'œuvre urbaine. Des attentes spécifiques sont également inscrites dans les cahiers des charges de cessions de terrains, ce qui permet de décliner la politique de développement durable à l'échelle de chaque opération, ainsi, les cahiers des charges comprennent par exemple des recommandations de labellisation énergétique et environnementale et d'utilisation de matériaux bio et géosourcés. Parmi ces matériaux de construction qui permettent de concrétiser l'ambition de réduire l'empreinte carbone du territoire, l'Epa s'est positionné comme un acteur moteur du développement de la construction bois. En 2019, l'EpaMarne compte près de 4 500 logements engagés en construction bois sur son périmètre d'intervention. Aujourd'hui, les opérations à structure bois représentent 50% de la production annuelle des logements, soit près de 60000m² de SDP en moyenne par an. Ces dernières années, une évolution très importante des pratiques et des compétences tant des maîtres d'ouvrage, des architectes, des entreprises, etc. , liées à la construction bois est observée. Celle-ci s'est vue notamment favorisée par la possibilité d'intégrer dans les plans locaux d'urbanisme (PLU) un bonus de constructibilité pour ces constructions permettant de dépasser la hauteur réglementaire, ce qui a permis d'assurer dans certains cas la faisabilité économique des opérations.
EpaMarne-EpaFrance engagés dans le permis d'expérimenter
Pour renforcer leur démarche d'innovation, Epa-Marne-EpaFrance ont signé en mars 2019 la charte d'engagement volontaire dans le permis d'expérimenter en matière de règles de construction. Les établissements publics sont désireux de promouvoir cet outil qui pourrait notamment permettre aux maîtres d'ouvrage et à leurs maîtres d'œuvre de faire preuve d'inventivité et d'imagination pour explorer de nouvelles pistes et solutions, et par là, venir lever certains verrous à l'innovation et modifier les pratiques dans les façons de construire.
Depuis plusieurs années, afin d'assurer la faisabilité des démarches d'innovation, EpaMarne-Epa-France accompagnent les maîtres d'ouvrage de la conception à la livraison. En pratique, il s'agit de limiter et de lever au maximum les éventuels obstacles à leur traduction opérationnelle par la réalisation d'études préalables répondant aux trois problématiques souvent rencontrées : faisabilités techniques, juridiques et économiques. L'éclatement ou la segmentation de ce triptyque peut représenter un frein à l'innovation. Le volet économique est celui qui peut représenter le plus souvent un verrou du fait des éventuels surcoûts de construction qui peuvent être liés à la mise en place de démarches d'innovation. Les anticiper et travailler aux côtés des maîtres d'ouvrage est une manière efficace de garantir l'atteinte des objectifs escomptés.
À cet égard, les démarches innovantes liées à l'usage de la terre sont particulièrement éclairantes : prenons l'exemple de l'opération en bois et terre crue précitée. Cette opération s'inscrit dans une double démarche environnementale : utiliser un matériau à faible empreinte carbone, et valoriser une ressource largement disponible sur le territoire, en raison des déblais générés lors de travaux ainsi que ceux des chantiers du Grand Paris Express. Pour cette première opération, il était souhaité l'utilisation des terres issues de divers travaux publics depuis plusieurs années, stockées aujourd'hui sur un terrain d'EpaFrance. Un travail important avec l'institut technologique lié à la forêt, à la cellulose, au bois-construction et à l'ameublement (FCBA) pour la partie bois et le laboratoire Craterre pour le volet technique et d'évaluation de la qualité des terres fut conduit. Alkern, un industriel local a également été associé pour produire des blocs de terre compressée porteurs jusqu'à R+1. Les établissements accompagnent, en outre, l'industriel, le maître d'ouvrage et son contrôleur technique dans la démarche d'innovation d'Atex menée auprès du CSTB. L'autre enjeu de ce projet a été d'assurer sa faisabilité juridique. Celle-ci a porté principalement sur l'encadrement nécessaire à apporter afin de pouvoir modifier le statut de ces terres jusqu'ici considérées comme un déchet pour les transformer en une ressource. La volonté étant de créer les conditions nécessaires pour industrialiser ce mode constructif pour pouvoir le déployer ensuite à une plus large échelle et le rendre reproductible.
Parallèlement, en tant que maître d'ouvrage, Epa-Marne conduit le développement de la Colline de Gibraltar, située sur la commune de Champs-sur -Marne. Il s'agit d'un aménagement paysager de 32 ha qui permettra d'accueillir des activités de loisir, de détente et de promenade. À cela s'ajoute une traversée végétalisée qui étendra la trame verte sur l'autre rive de l'autoroute A4, favorisant ainsi un corridor écologique et une réserve de biodiversité. Ce projet permettra d'accueillir entre 3 et 6 millions de m3 de déblais issus du chantier du Grand Paris Express. Ainsi, ce projet structurant pour le territoire, qui s'inscrit également dans une démarche d'économie circulaire, contribuant à réduire un grand nombre de déchets en les transformant en une ressource.
Selon EpaMarne-EpaFrance, innover suppose une approche renouvelée du métier d'aménageur et une méthode de travail qui questionne les habitudes et les pratiques pour se mettre au service de défis majeurs tels que le climat, la relation Ville Nature, la cohésion sociale et territoriale, l'urbanisme de Santé de même que les mobilités. Ces défis sont le cœur de leur projet stratégique et opérationnel jusqu'en 2024.