A Fos-sur-Mer (Bouches du-Rhône), la réindustrialisation et la décarbonation de la zone industrialo- portuaire (ZIP) autour de l'étang de Berre impliquent l'arrière-pays. Cela concerne notamment le territoire de Durance Luberon Verdon Agglomération (DLVA), cadre de HyGreen, l'un des pro jets présentés lors du débat public local sur l'avenir de la zone organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) jusqu'au 13 juillet. Porté par Engie, il consiste à concevoir, construire et exploiter une unité de production d'hydro gène renouvelable sur un terrain de 17,5 ha à Villeneuve (Alpes-de-Haute-Provence), l'une des communes de la DLVA.
Le choix du territoire de la DLVA pour s'implanter n'est pas le fruit du hasard. Il réunit plusieurs conditions favorables, à commencer par la présence du canal d'EDF, dans lequel Engie pourra puiser 300 000 m3 d'eau par an pour réaliser l'électrolyse, et celle de cavités salines souterraines à Manosque. Leur propriétaire, Géométhane, en mettra deux, d'une capacité totale de stockage de 6 000 t, à disposition de l'hydrogène.

« Rôle de facilitateur »
L'autre atout est l'engagement de la DLVA dans sa transition énergétique. Il l'a conduite à élaborer le premier plan paysage et transition énergétique (PPTE) de Provence-Alpes-Côte d'Azur qui servira de cadre au développement des EnR. « Dans ce projet, nous jouons le rôle de facilitateur. Notre rôle est de demander à un industriel national d'être honnête et transparent et de faire comprendre aux administrés que ce changement demande des efforts », pointe Dominique Bertin, directeur général adjoint développement territorial de la collectivité.
Dimensionnée pour produire jusqu'à 30 000 t d'hydrogène par an via l'électrolyse de l'eau, l'unité HyGreen alimentera principalement les industries de la ZIP, à 130 km au sud, ainsi que la mobilité lourde. D'une puissance totale de 240 MW, ses électrolyseurs utiliseront, pour partie, de l'électricité renouvelable produite par des centrales solaires et éoliennes en France via des contrats de fourniture. L'autre partie proviendra du réseau. « L'enjeu est de décarboner les industriels à Fos et donc de sécuriser leur alimentation en hydrogène renouvelable. Avec HyGreen, nous pouvons gérer l'intermittence des EnR par le stockage d'électricité sous forme d'hydrogène. Cela apporte de la flexibilité et permet d'optimiser les coûts de l'énergie », précise Diane Defrenne, directrice du projet, dont le montant d'investissement prévisionnel s'élève à 530 M€.
Engie s'appuie sur deux comaîtres d'ouvrage : NaTran et RTE. NaTran (ex-GRT Gaz) va connecter HyGreen à un réseau par canalisation depuis Villeneuve jusqu'à Fos en passant par Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Pour cela, il convertira des infrastructures existantes ou en construira de nouvelles. Dénommé HYnFramed, ce réseau sera relié à BarMar, projet de corridors d'importation d'hydrogène, via la Méditerranée (depuis le Portugal à la France via l'Espagne), ainsi qu'à Hy-Fen qui, lui, raccordera le nord de l'Europe et l'Allemagne. De son côté, RTE envisage une liaison de 225 000 V d'environ 4 km pour acheminer l'électricité d'une ligne existante à l'usine.
Espace agricole en partie anthropisé
Engie espère finaliser l'étude de faisabilité en 2026 et obtenir la décision finale d'investissement en 2028. Déjà, pour lever les craintes, le terrain d'implantation de l'usine est un espace agricole non protégé et en partie anthropisé où Engie souhaite aménager un « nid » de biodiversité. L'énergéticien a indiqué que les bâtiments et installations ne dépasseraient pas 10 m de hauteur pour une meilleure insertion. Le projet dépend aussi des avancées de ses partenaires. Par exemple, NaTran prévoit la mise en service de sa canalisation de transport en 2031, date prévisionnelle de lancement de la production d'hydrogène renouvelable.
