Formations insuffisantes, arrivée des synthétiques, généralisation de la gestion différenciée, Jean-Marc Lecourt s’exprime sans langue de bois sur la situation des gazons en France. Comment se situe, aujourd’hui, le marché des semences gazons en France ?
Il se vend environ 20 000 t de semences gazon par an. 60 % sur le marché amateur et 40 % sur le marché professionnel.
La « culture » gazon n’apparaît pas comme une évidence chez les gestionnaires d’espaces verts. Est-ce votre sentiment ?
Effectivement. Sauf pour les responsables de terrains de sports. Pour les gestionnaires de parcs et jardins, ce n’est pas vraiment un souci de première importance. Dommage !
Est-ce à cause d’une formation insuffisante à ce niveau ?
Elle est même très insuffisante. Depuis 20 ans, rien n’a vraiment changé dans les formations. Les étudiants savent ce qu’est un ray-grass ou une fétuque, mais ils connaissent mal les compositions et les méthodes d’entretien spécifiques aux pelouses publiques.
La généralisation de la gestion différenciée a-t-elle « porté un mauvais coup » aux gazons ?
Non. Dans la ville, il existe plusieurs types de pelouses y compris des pelouses fleuries ! Un gazon urbain, ce n’est pas un green de golf. Il y a de la place pour tous les types de pelouses. Gestion différenciée ne veut pas dire absence d’entretien mais entretien différent.
L’arrivée en force des gazons synthétiques, notamment dans le domaine des terrains de sport, vous inquiète-t-elle ?
Oui, mais essentiellement sur l’aspect environnemental. Plus précisément au niveau du recyclage. Que fera-t-on des revêtements trop vieux ? Comment va-t-on les recycler ? Je ne pense pas que cet aspect ait été étudié ! J’ajouterais que la multiplication de ce type de surface fera obligatoirement disparaître une part de nature dans la ville. Une substitution totale serait à mon avis une grave erreur. Les deux solutions doivent pouvoir trouver leur place et cohabiter.
Aujourd’hui, quels sont les principaux axes de recherche au niveau des gazons naturels ?
Il faut trouver des gazons qui soient moins consommateurs en eau et qui nécessitent moins de fertilisants tout en restant performants et esthétiques. Un gazon qui a moins besoin d’eau est un gazon plus résistant aux maladies, ce qui évite par conséquent l’utilisation de produits phytosanitaires Attention, cependant, à ne pas céder aux arguments marketing souvent surréalistes !
