La cité industrielle redevient une station balnéaire

Quatrième port français et fief des chantiers navals, Saint-Nazaire l'ouvrière compte aussi 20 plages qui structurent son projet urbain.

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Depuis 2021, près de 350 plaques pédagogiques ont été installées sur les trottoirs, à proximité des avaloirs d'eaux pluviales ou des corbeilles.

En 2021, Saint-Nazaire s'est donné un nouveau cap pour les vingt ans à venir avec la démarche globale « Ambition maritime et littorale ». Si la question maritime est ancrée dans son histoire, notamment avec la présence des Chantiers de l'Atlantique où sont nés les plus grands paquebots du monde, l'ambition littorale est plus récente. L'objectif est de « redonner à Saint-Nazaire le visage d'une ville-plaisir, ouverte à tous et partout connectée à l'eau », explique le maire (PS) de la Ville et président de l'agglomération (la Carene), David Samzun. Il rappelle que la commune compte 20 plages dont quelques pépites, comme celle de Saint-Marc-sur-Mer où Jacques Tati a tourné « Les vacances de Monsieur Hulot ».

S'appuyant sur le travail de l'agence d'urbanisme de la région de Saint-Nazaire (ADDRN) et les réflexions des agences TER et Jornet-Llop-Pastor, ce chantier a démarré avec le lancement de deux appels à projets pour l'aménagement de huit sites à proximité de l'océan. Plus largement, « l'idée est de relier chacun des quartiers de la ville à tous les littoraux », résume David Samzun. « J'accorde autant d'importance aux mobilités qu'à l'urbanisme. Les tracés des deux nouvelles lignes de bus à haut niveau de service Hélyce sont des émanations directes de ce projet », poursuit-il.

« Front de mer retrouvé ». Dans le centre-ville, l'océan se fait déjà plus présent, notamment grâce à l'aménagement du front de mer (paysagistes : Phytolab) qui entame sa dernière phase, ou celui de la place du Commando qui, avec son petit gradinage devant la plage, révèle pleinement la dimension balnéaire de la ville. « Nous y avons installé un terrain de foot, des chaises longues et des parasols, une bibliothèque de plage, un poste de secours, et c'est un succès, raconte Christophe Cotta, adjoint au maire en charge de l'urbanisme. La plage était sous nos yeux, mais il n'y avait pas cette envie de s'y baigner. » « Après avoir retrouvé le front de mer, nous avons donc lancé la reconquête de nos trois grandes plages de centre-ville. Aussi, nous nous montrons forcément très attentifs à la qualité des eaux de baignade », poursuit l'élu. C'est l'un des axes de l'accord avec l'agence de l'eau Loire-Bretagne qui prévoit un investissement de la Carene de près de 15 M€ sur 2022-2024.

Au programme, 51 actions dont la réhabilitation de 5,8 km de conduites d'assainissement sur le secteur littoral, la construction de trois bassins d'orage ou encore le renforcement des contrôles avec pour objectif d'atteindre 0 % de rejet des eaux usées en mer. En parallèle, une attention particulière est portée à la propreté des espaces publics, et des campagnes de sensibilisation rappellent les conséquences des déjections canines ou des déchets jetés à terre sur la qualité des eaux de baignade.

Ces actions combinées ont permis une nette amélioration. « Deux des trois plages estuariennes de centre-ville qui avaient une qualité des eaux insuffisante et moyenne sont désormais classées bonnes », affirme Adélaïde Guenec, responsable du service exploitation-assainissement au sein de la direction du cycle de l'eau de la Carene. Pour s'en assurer, des prélèvements sont effectués deux à trois fois par semaine sur les neuf plages surveillées de Saint-Nazaire et Pornichet. « Nous sommes l'une des rares collectivités à disposer d'un laboratoire en régie avec des méthodes validées par l'agence régionale de santé et d'une cellule eau de baignade de deux personnes active de mi-avril à octobre », explique-t-elle. « En croisant les analyses bactériologiques des eaux de baignade avec celles des exutoires d'eaux pluviales, nous donnons la possibilité aux communes d'être très réactives sur les éventuelles fermetures préventives de plages », complète Carole Benoit, en charge de l'unité autosurveillance et environnement du service assainissement de la Carene. Les résultats de cette politique globale sont là. Pour la 9e année consécutive, le label Pavillon Bleu flotte sur trois plages de la ville.

 « Le littoral est un bien commun », Christophe Cotta, adjoint à l'urbanisme de la Ville de Saint-Nazaire et vice-président aux mobilités à la Carene.

« Entamé par le projet urbain Ville-Port sous les mandats de Joël Batteux [maire de Saint-Nazaire de 1983 à 2014, NDLR], le retournement de la ville sur son port et l'océan, qui marque la reconquête de nos plages, s'est amplifié avec David Samzun. C'est important car le littoral est un bien commun. Toutes nos actions en tiennent compte. Ainsi, notre politique logement prévoit des HLM au bord de la mer comme sur le projet de Gavy, où il y aura 30 % de logements sociaux à 100 m du chemin côtier. A pied, en vélo ou en bus à haut niveau de service, chacun doit pouvoir se rendre facilement sur le littoral.

Avec le nouveau réseau Hélyce+, nous allons passer d'un seul à quatre terminus en bord de mer. Enfin, la suite logique de cette reconquête du littoral est l'amélioration de qualité des eaux de baignade. C'est une nécessité, non pas pour l'image de notre ville, mais pour le bien-être et la santé des habitants et de nos visiteurs. »

 

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