Trois kilomètres, trois stations, cinq pylônes et une technologie débrayable qui permet de parcourir le tout en dix minutes. Voilà ce qui caractérise à grands traits le téléphérique urbain Téléo, inauguré mi-mai à Toulouse (Haute-Garonne). Il est le fruit du travail du groupement de conception, réalisation, maintenance emmené par Poma avec Bouygues Travaux publics Régions France et Systra notamment.
L'infrastructure détonne avec ses pylônes dont le design, en courbe gracieuse, les distingue de leurs cousins en treillis. Ils prennent appui au sol, s'affinent au niveau du passage des cabines et se terminent par quatre branches qui contribuent à la légèreté de l'ensemble. « C'était une volonté esthétique de notre part, mais aussi une demande du maître d'ouvrage liée aux contraintes topographiques du tracé », explique Charles Cayatte, chef de projet Téléo pour Systra. Et de préciser : « Le choix de pylônes élancés s'est vite imposé. Le plus grand mesure 70 m pour une base de seulement 6 x 6 m. Une hauteur en adéquation avec les exigences du terrain qui supposent le survol de la Garonne et de la zone militaire boisée des Ballastières à plus de 30 m au-dessus de la cime des arbres. »

« Respecter l'esthétique originale du site ». Sur l'autre versant, du côté de l'université Paul-Sabatier, ce sont les contraintes mises en lumière par l'architecte des bâtiments de France qui ont présidé aux choix structurels. Le téléphérique survole à cet endroit le domaine et le château du lycée Bellevue. De longues négociations avec les riverains et les services de l'Etat en phase conception ont abouti à une déviation du tracé initial pour une meilleure insertion du projet. « Nous avons voulu encadrer cette perspective avec deux pylônes et des câbles très élevés entre les deux pour respecter l'esthétique originale du site », poursuit Charles Cayatte.
Autre élément à prendre en compte : le vent. Expert du sujet - il est notamment intervenu sur le pont maritime Sheikh Jaber Al-Ahmad Al-Sabah au Koweït - Systra s'est appuyé sur des technologies éprouvées pour le chantier toulousain. « Nous avons opté pour une structure en caisson métallique qui confère à la fois une grande légèreté à la structure et une résistance au vent jusqu'à 109 km/h », détaille l'ingénieur.

Enfin, une attention particulière a été portée à l'optimisation de la stabilité. D'où le recours à des amortisseurs dynamiques accordés, des équipements purement mécaniques qui ne nécessitent pas de maintenance. « Ils prennent la forme d'une masse disposée en tête de pylône, logée dans un cylindre et entourée d'amortisseurs et de ressorts. Quand le pylône s'incline dans une direction, cette masse se dirige dans l'autre sens, et exerce un contrepoids en cas de vent fort », décrit Charles Cayatte. Au total, les cinq modules du tracé ont nécessité 135 t d'armatures et 1 100 t pour leur charpente métallique.