La rénovation énergétique de l'habitat social est souvent réduite à un ensemble de solutions techniques, alors qu'elle doit beaucoup aussi à l'ambition du programme et à la démarche architecturale mise en œuvre. La récente réhabilitation menée par l'agence Lacaton & Vassal sur les 530 logements des bâtiments GHI de la Cité du Grand Parc à Bordeaux (33) en offre une illustration aboutie. Dans le cadre de ce premier volet, qui préfigure un programme de requalification de l'ensemble des logements du bailleur social Aquitanis - soit 2 400 sur les 4 000 du quartier -, l'amélioration des performances thermiques tient en grande partie aux jardins d'hiver apposés en avant des façades sud, pour les bâtiments H et I, et des façades est et ouest pour le bâtiment G. « Le jardin d'hiver, en plus du nouvel espace et usage apportés aux locataires, remplit une fonction bioclimatique et d'isolant thermique puisqu'il fait tampon entre la zone extérieure et la zone intérieur du logement », souligne Raphaël Fourmond, responsable de la cellule Requalification et renouvellement du patrimoine chez Aquitanis. Selon les estimations du BET thermique, la différence de température entre l'intérieur et l'extérieur des appartements peut atteindre plus ou moins 7 °C.
Gain de surface
Représentant 40 à 60 m 2 de surface supplémentaire, les espaces transforment en profondeur le logement en lui apportant lumière et fluidité, et en offrant aux habitants l'usage d'une nouvelle pièce semi-extérieure. En façade, leur intégration joue sur la linéarité et la répétitivité du bâti, construit suivant une logique industrielle. D'une profondeur de 3,90 m, les extensions se composent de modules en béton préfabriqué, fondés sur pieux et accrochés aux nez des planchers existants. Elles sont fermées par des parois mobiles en polycarbonate que complètent des rideaux d'ombrage réfléchissants formant brise-soleil en été et capteur énergétique en hiver. Entre les logements et les jardins d'hiver, les façades ont été découpées afin d'incorporer de nouvelles baies vitrées coulissantes en aluminium. Côté intérieur, des rideaux thermiques avec âme en fibres naturelles de 10 mm et réflecteur thermique renforcent la protection thermique des logements. Pour atteindre le niveau de consommation du label BBC Effinergie Rénovation (C projet ? 72 kWh ep/m².an), le travail sur l'enveloppe a été assorti d'un traitement plus classique des façades nord et des pignons : pose d'une ITE en plaques de PSE de 14 cm d'épaisseur sous enduit mince et peinture, remplacement des anciennes fenêtres par des menuiseries PVC à double vitrage. À noter également l'isolement des sous-faces des bâtiments au niveau des caves, et la réfection de l'étanchéité des toitures-terrasses ainsi que la création de huit logements en toiture.
Des systèmes de CVC plus performants
Des améliorations ont par ailleurs été réalisées sur le système de chauffage collectif par plancher chauffant : calorifugeage des réseaux situés sur les parties communes et équilibrage des débits entre niveaux. Certains conduits de ventilation naturelle ont été réutilisés pour mécaniser le renouvellement d'air dans les cuisines tandis que des VMC individuelles ont été ajoutées dans les salles de bain. Au-delà de l'aspect énergétique, d'autres interventions ont été entreprises à l'intérieur des logements (réfection de l'électricité, des salles d'eau), sur les parties communes (création d'un ascenseur extérieur panoramique, restructuration des halls d'entrée traversants… ) et les espaces extérieurs. La réussite de cette réhabilitation de grande ampleur en site occupé doit beaucoup à la méthodologie définie en amont du projet afin de limiter à quelques jours le temps d'intervention par appartement, et au travail de concertation et d'accompagnement mené auprès des habitants.
