C’est une conséquence de la crise du logement. Présentée le 11 octobre, l’étude du groupe BPCE sur les défaillances d’entreprises de tous secteurs au troisième trimestre 2024 révèle une nette aggravation depuis un an dans le bâtiment et l’immobilier. Elles culminent à 16 855 sur les douze derniers mois, enregistrant une hausse de 31% par rapport à 2019. Les deux secteurs d’activités sont historiquement vulnérables au retournement économique, notamment les agences immobilières et la promotion immobilière.
« Net rebond » des transactions dans l’ancien en 2025
Ainsi, 1245 agences ont fermé boutique en un an, affichant une hausse de défaillances de plus de 40% depuis début 2024 et de 229% par rapport à 2019.
« La sinistralité des agences immobilières est liée à la baisse considérable des transactions dans l’ancien qui devraient passées, sur douze mois, de 1,25 million début 2024 à 750 000 seulement à fin 2024, observe Alain Tourdjman, directeur des études et prospective du groupe. Nous nous attendons néanmoins à un net rebond en 2025 de l’activité dans l’immobilier ancien qui est à son plus bas niveau depuis 2016, grâce à la solvabilité retrouvée des ménages et à la baisse des taux d’intérêt des crédits immobiliers. On devrait ainsi assister à un infléchissement des défaillances des agences. »
En revanche, le ciel devrait rester sombre pour la promotion immobilière fragilisée par la hausse des coûts de financement et de construction notamment, selon Alain Tourdjman, soulignant que l’immobilier neuf pâtit d’un problème structurel lié « à l’atrophie des tissus productifs ».
À lire aussi
Le génie civil en souffrance
De son côté, le bâtiment résiste davantage aux défaillances d’entreprises. L’étude de BPCE note 14 150 défauts au total en un an (+28% par rapport à 2019).
Certains métiers sont plus exposés que d’autres au ralentissement économique, comme le génie civil et les travaux d’installations (électricité, plomberie, isolation…). Ces derniers atteignent 2 969 défaillances (+48% par rapport à 2019). Le nombre d’entreprises de génie civil et de travaux de construction spécialisés a, lui, chuté de près de 28% depuis début 2024. Tandis que le gros œuvre et les travaux de finition se dégradent plus modérément en raison de leurs cycles économiques plus longs.
À lire aussi
Globalement, le secteur de la construction enregistre une hausse des défaillances de 13% sur un an et de 24% par rapport à 2019. Plus exposées aux défaillances, les TPE et surtout les PME subissent une situation particulièrement difficile. Mais 2025 s’annonce moins grave. « Le redémarrage du secteur de la construction est lié à sa résilience provenant de son fort taux de renouvellement avec la création récurrente d’une multitude de petites entreprises. Mais la prudence est de mise », estime-t-il.
La rénovation pourrait également jouer un rôle de relais de croissance pour le secteur du bâtiment. « Les indicateurs actuels montrent une tendance à la hausse des activités de rénovation, mais rien ne permet de le confirmer », nuance Alain Tourdjman.
Enfin, les travaux publics tirent leur épingle du jeu, en bénéficiant de la demande des collectivités locales.