Dans la Chaîne des parcs, balade au fil de l’eau avec Michel Desvigne

Bénéficiant de la labellisation Euralens, le projet de Chaîne des parcs consiste à recomposer un territoire en «assemblant» sept parcs d’environ 300 ha chacun. Visite en compagnie de Michel Desvigne, paysagiste de cet archipel vert.

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Rien de tel qu’une balade avec Michel Desvigne sur le canal de la Souchez pour découvrir le projet d’Euralens.

Rendez-vous a été donné à 9h30 à Courrières, au bord du canal de la Souchez, où un Zodiac attend. La matinée est superbe et le cadre bucolique. Entre confluence de la Deûle et centre-ville de Lens, le canal de la Souchez offre une autre carte postale du Bassin minier.

Depuis sa création en 2009, l’association Euralens et son AMO Une fabrique de la ville (Jean-Louis Subileau) accompagnent les collectivités de la centralité lensoise dans l’aménagement de leur territoire. La définition d’un plan directeur en 2010 - «Euralens centralité» - a permis de mettre en scène la densité d’espaces de nature disséminés dans le tissu urbain caractéristique de l’activité minière. Et c’est en prenant du recul sur l’ensemble du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais qu’est venue l’idée d’opérer à plus grande échelle. Il existe, en effet, un vaste ensemble de parcs aménagés - notamment par l’EPF – après la fermeture des mines. Le concept de «Chaîne des parcs» prend sa source ici.

Sur cette base, Euralens a confié la maîtrise d’œuvre d’une étude de paysage et de programmation au groupement Michel Desvigne (paysagiste mandataire) – Pro Développement (programmiste) – Biotope (écologue) – Inessa Hansch (architecte). Objectif: «définir pour l’ensemble des espaces de nature, de loisirs, de culture et de patrimoine d’un territoire de 76 000 ha une figure paysagère reconnaissable, forte et appropriable».

«Au bout d’un long cheminement intellectuel, nous avons identifié sept entités supérieures, explique Michel Desvigne. Le parc Souchez-aval, le parc Centralité autour du Louvre-Lens, le parc Souchez-amont, le parc Canal de la Deûle avec le 9-9bis en point d’orgue, le parc Arc Sud-Véloroute 31 (Natura Sport), le parc Artois Sud avec les terrils jumeaux d’Haillicourt et le parc Vallée de la Lawe. C’est une vision qui n’exclut pas, au contraire qui regroupe, et qui pose une hiérarchie.»

Cent communes et trois intercommunalités impliquées

Le Zodiac glisse tranquillement en direction de Lens. A l’horizon, le clocher de Harnes. La perspective est unique. Enserré dans la végétation, le canal de la Souchez est quasiment invisible depuis le chemin de halage. «Il faudrait créer de la transparence», réfléchit à voix haute le paysagiste, ému de se retrouver en ces lieux, «aménagés pour certains par mes professeurs. Car il faut bien comprendre que la Chaîne des parcs ce n’est plus l’héritage de l’abandon. Ces sites ont déjà été largement transformés. Nous partons d’un travail de trente ans qu’il serait impensable d’entreprendre aujourd’hui. L’ossature est là, à nous de mettre en place d’autres modes de gestion, plus naturalistes sans doute, pour faire vivre ce potentiel extraordinaire.»

Au loin ce sont désormais les mâts haubanés du nouveau stade Bollaert qui se profilent. La gare de Lens n’est plus qu’à un kilomètre et demi. Un projet pour aller en mode doux jusqu’au Louvre est dans les cartons. «Le parc Souchez-aval c’est le bébé de cinq maires, qui se sont spontanément alliés», salue Jean-Louis Subileau. «Il y a des usages localisés mais les pratiques sur les 10 km du canal restent à organiser, reprend Michel Desvigne. Si nous n’en sommes plus à l’héritage de l’abandon, l’image du lieu de l’abandon reste à retourner. Les gens ont encore de la difficulté à regarder les parcs en tant que tels et pas comme d’anciens sites miniers. Mais n’est-ce pas le métier du paysagiste que d’avoir un autre œil sur une réalité physique et d’en imaginer un usage différent ?»

«Les enjeux sont identifiés. Le principal consiste à dessiner une grande boucle de 60 km qui relie les sept parcs et mettre en réseau toute une série d’équipements.» Au total, une centaine de maires et trois communautés d’agglomération (Lens-Liévin, Hénin-Carvin et Béthune-Bruay) sont impliqués. «C’est la crise mais ici la commande n’est pas misérable, on prétend encore donner de la grandeur», souligne Michel Desvigne. Reste maintenant à passer à l’étape de la maîtrise d’œuvre. Il s’agit d’aménager des cheminements, d’améliorer des franchissements, de créer des portes d’entrée, de mettre en valeur des points d’intensité, de développer l’offre en sports et loisirs, de donner des statuts aux lieux, en un mot de révéler. Jean-Louis Subileau estime de 15 à 20 millions d’euros l’investissement pour trois parcs (Centralité, Souchez-aval et Natura Sport). Un dossier Feder a été déposé qui sera instruit au cours de l’été.

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