Parallèlement aux grands projets d’aménagement urbain, vous pilotez l’élaboration du Manifeste de l’esthétique parisienne. En quoi consistera-t-il plus précisément ?
Le Manifeste de l’esthétique parisienne, que nous rendrons public à la fin de l’année, se composera de trois documents. Tout d’abord, nous publierons un ouvrage de référence sur l’esthétique parisienne et plus largement sur l’esthétique urbaine, dans le cadre d’une exposition au Pavillon de l’Arsenal, qui ouvrira dès la réouverture des lieux culturels. Nous avons confié ce travail universitaire à des spécialistes reconnus. Ensuite, nous produirons deux livrables. L’un concernera la méthode de transposition de nos réflexions sur l’esthétique parisienne dans les documents réglementaires de la Ville : le PLU mais aussi les règlements étalages et terrasses, voirie, parcs et jardins ou encore le règlement local de publicité, etc. L’autre livrable proposera un référentiel d’actions pour notre administration dans tous nos domaines d’intervention : végétalisation, pistes cyclables, mobilier urbain, etc. Plus concrètement, ce guide montrera à quoi devra ressembler un pied d’arbres, une bordure de trottoir, la végétalisation d’un îlot…
« Nous allons modifier la gouvernance du pilotage des espaces publics »
Quand lancerez-vous le concours sur les objets totémiques de l’espace public ?
Nous avons renoncé à cette idée en avançant dans notre réflexion. Tout d’abord, nous allons modifier la gouvernance du pilotage des espaces publics : la maire de Paris, Anne Hidalgo, a nommé un architecte en chef, un paysagiste en chef et un designer en chef, autour desquels nous allons constituer une cellule de pilotage transversal de tous les projets d’aménagement de l’espace public. Pour nous accompagner dans cette démarche, nous lancerons très prochainement un marché afin d’avoir à notre disposition une équipe externe transversale qui nous permettra de repenser l’ensemble de notre stratégie sur l’esthétique de manière globale. En effet, pour poursuivre les objectifs du manifeste nous devons à la fois désencombrer l’espace public et harmoniser les normes qui s’imposent aux objets et aux dispositifs qui le constituent. C’est cette réflexion intégrée qui permettra à terme, d’aboutir à une nouvelle grammaire urbaine. Nous ne pouvons plus penser les objets de manière isolée, il faut les relier à leur environnement et à leurs usages.
« Je nourris l’espoir que les améliorations technologiques nous permettront un jour de libérer l’espace public d’un certain nombre d’objets, au premier rang desquels les potelets »
Vous évoquez le désencombrement de l’espace. Lors du lancement de l’élaboration du Manifeste, vous aviez déjà beaucoup insisté sur cette question…
C’est un objectif très important, que je porte avec de nombreux maires d’arrondissement. Je nourris l’espoir que les améliorations technologiques nous permettront un jour de libérer l’espace public d’un certain nombre d’objets, au premier rang desquels les potelets, à la fois très coûteux, très encombrants et très insécurisants pour les personnes à mobilité réduite. On ne peut pas s’en passer pour l’instant puisque c’est le seul moyen pour empêcher les automobilistes de se garer sur les trottoirs.
Est-ce votre réponse au mouvement #saccageparis sur les réseaux sociaux ?
Non, nous avions commencé à travailler bien en amont du début de ce mouvement. Cependant, en dehors de l'instrumentalisation politique qui en a été faite, nous entendons les plaintes qui ont été formulées.
Revenons sur le fond du sujet : Paris, comme toutes les villes de France, est confrontée à des incivilités et à des problèmes de régulation de l’espace public. Face à ce phénomène, nous ne ménageons pas nos efforts, et nous avons lancé plusieurs démarches conjointes depuis le début de la mandature : c’est sur quoi je travaille avec le Manifeste pour l’esthétique parisienne mais c’est aussi une démarche collective menée avec trois autres adjoints. David Belliard est très impliqué sur la gestion du mobilier urbain, Jacques Baudrier sur la coordination des travaux et la tenue des chantiers et Christophe Najdovski, sur la végétalisation de l’espace public.
C’est l’extraordinaire travail d’attention au quotidien fait par les Maires d’arrondissement. Mais c’est aussi une démarche que nous devons faire avec les Parisiennes et les Parisiens, nous n’y arriverons pas seuls ! Nous aussi, nous détestons que l’espace public soit sali, nous appelons donc au civisme de chacune et chacun, le meilleur moyen de signaler des problèmes de propreté ou des dépôts sauvages c’est l’application « Dans ma Rue », qui nous aide à régler ces difficultés. Nous devons tous prendre soin de notre ville. Mais c’est aussi une démarche en amont avec l’éducation au civisme des jeunes générations et le travail que nous devons tous faire sur la réduction de nos déchets.