Liés par une convention de cinq ans, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et l'université d'Avignon ont lancé le 4 décembre une opération de régénération du sol sous une dalle de 450 m2 bâtie en 1971 dans la zone industrielle du Ventillon, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Conduit sous la maîtrise d'ouvrage du GPMM, propriétaire du terrain situé à la lisière de la réserve naturelle nationale des Coussouls (steppe) de Crau, ce projet sort de l'ordinaire. En effet, ce type de travaux est généralement réalisé en ville, dans les cours d'école notamment, où l'on trouve du remblai sous le béton. La couche supprimée est alors remplacée par un technosol, ce qui permet le ruissellement des eaux de pluie ou la création d'îlots de fraîcheur.
A Fos, l'objectif est le retour de la végétation naturelle. « Nous allons étudier la capacité de résilience du site, puisqu'après la destruction de la dalle, il s'agira de laisser la steppe de la Crau reprendre sa place, aidée par le pâturage des chèvres, explique Thierry Dutoit, directeur de recherche au CNRS en charge du projet. Elles vont nourrir le sol de leurs excréments et certainement permettre ainsi à l'écosystème de se reconstituer rapidement. » A ce titre, la chambre d'agriculture des Bouches-du-Rhône et le conservatoire d'espaces naturels Paca sont partenaires.
Echantillonnages. Concrètement, l'opération, qui mobilise un investissement de 12 725 euros HT (destruction de la dalle, mise en décharge inerte des déchets…), consiste à détruire, à l'aide d'un marteau-piqueur monté sur une pelle hydraulique, un parement de béton, vestige d'un ancien entrepôt. Des parcelles de 5 mètres sur 20 sont ensuite définies : un sol laissé tel quel, un sol décompacté, un sol recouvert de galets, etc. Puis, les scientifiques (1) réaliseront des échantillonnages de ces terrains, ainsi que des graines et insectes présents qu'ils analyseront et suivront pendant cinq ans. L'ambition étant de traiter par la suite d'autres surfaces scellées de la plaine de la Crau.
(1) Unité de recherche Environnement méditerranéen et modélisation des agro-hydrosystèmes de l'université d'Avignon, Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et continentale, Tersys (plateforme de recherche de l'Inrae Paca-Corse et de l'université d'Avignon).