Bords de route : la nécessité d’une gestion globale

Sécurité des automobilistes, préservation écologique et valorisation du paysage environnant… L’entretien des accotements routiers répond à un triple objectif dans un plan de gestion global.

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Les gestionnaires des routes doivent assurer non seulement l’entretien de la zone de circulation mais également celui des dépendances routières. Ces surfaces, composées d’accotements (ou bermes), de fossés et de talus, représentent un milieu de transition entre la chaussée et le milieu alentour.

En dehors des agglomérations, les bords de route sont souvent végétalisés soit naturellement, soit par des plantations « actives ». Les travaux d’entretien de ces dépendances doivent être planifiés dans le temps et dans l’espace dans un programme de gestion global permettant de concilier différents objectifs.

Préserver la flore et la faune des abords. Il s’agit en premier lieu d’assurer la sécurité des usagers en maintenant la lisibilité de la route et des panneaux de signalisation. Il faut aussi offrir un certain nombre de services, variables selon le type de voie : zone d’arrêt d’urgence, aire de stationnement ou de repos. Pour cela, la partie située à proximité immédiate de la chaussée doit rester dégagée et potentiellement accessible pour les véhicules tout au long de l’année. Il existe également des contraintes d’entretien spécifiques dans certaines régions comme en montagne (prévention des avalanches) ou dans le Sud de la France (lutte contre les incendies). Deuxième objectif pour le gestionnaire : rationaliser les coûts d’entretien, les bords de route représentant des surfaces très importantes (près de 4 000 km2). Enfin, la maintenance et la valorisation des dépendances routières favorisent l’insertion paysagère de la route et peut améliorer son rôle écologique. Des études réalisées dans plusieurs régions ont permis de souligner la richesse faunistique et floristique de certains secteurs. Il appartient dès lors au maître d’ouvrage de rechercher le meilleur équilibre possible entre les moyens humains, financiers et matériels disponibles pour atteindre tous ces objectifs.

Bien cibler les traitements chimiques. La nature des opérations d’entretien varie selon le type d’aménagement. Pour les zones herbacées, les principaux travaux consistent à faucher et désherber en bordure de chaussée. L’évolution technologique des matériels de fauche permet aujourd’hui de s’affranchir des problèmes de pentes, de régler la hauteur de coupe et le ramassage éventuel des déchets (conseillé pour conserver un milieu riche en diversité). Les traitements chimiques ayant un impact fort sur le milieu environnant, ils doivent désormais se limiter à des usages très ciblés en respectant la réglementation en vigueur. D’autres techniques alternatives de désherbage tendent à se développer. Pour les structures végétales composées de végétaux ligneux (haies, alignements, boisement), leur gestion repose sur la formation des jeunes plantations et la surveillance sanitaire et mécanique des sujets matures. Il est bon de rappeler que les épareuses ne sont pas des engins adaptés pour la taille des végétaux ligneux, car elles ne permettent pas la réalisation de coupes nettes, indispensables pour une bonne cicatrisation du bois. L’utilisation des lamiers doit également être réservée à l’entretien annuel des haies formées en rideau pour limiter la taille des branches coupées. Pour les autres formes plantées, le travail pied à pied, en fonction des besoins, est réalisé par des professionnels de l’élagage.

Connaître son patrimoine. De plus en plus de professionnels de la route intègrent les démarches de gestion différenciée dans leur politique d’entretien des dépendances vertes. Ils souhaitent aussi travailler en collaboration avec les collectivités de leur territoire pour proposer une approche globale, plus cohérente. L’entretien reste intensif près de la chaussée, là où les contraintes de sécurité l’exigent et devient moins interventionniste à mesure que l’on s’en éloigne, en fréquence et en hauteur de coupe. L’organisation la plus courante dans les DDE consiste à faucher 3 fois par an dans la zone proche des voies de circulation, 2 fois dans la zone située au-delà mais avant le fossé et une fois après le fossé (source : Observatoire national de la route, enquête 2001 sur le fauchage et les traitements chimiques). Les enjeux de la gestion différenciée consistent à favoriser le maintien de la richesse des milieux et la préservation des zones naturelles fragiles. La programmation des opérations de fauchage tient par exemple compte de la période de reproduction de la faune et de la flore présente. Elle permet également de limiter la standardisation des paysages en mettant en valeur les particularités locales. À cela s’ajoute la réduction des intrants chimiques et dans une certaine mesure, des économies liées à la diminution des interventions sur une partie des accotements. Les difficultés résident dans la nécessité de bien connaître le patrimoine végétal et animal présent et de trouver des nouvelles techniques de gestion, économiquement viables. L’enquête de l’Observatoire national des routes souligne aussi que les changements de mentalité constituent un frein à la mise en place de ces pratiques, aussi bien au niveau des agents d’entretien que des riverains et des élus. La formation des personnels techniques et la communication auprès des usagers constituent un passage obligé.

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