Interview

Bordeaux Euratlantique : « Des équilibres difficiles pour certains promoteurs », Valérie Lasek, directrice générale de l'EPA Bordeaux-Euratlantique

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Bordeaux Euratlantique : « des équilibres difficiles pour certains promoteurs », Valérie Lasek, directrice générale de l'EPA Bordeaux-Euratlantique.

En vue d'établir le futur projet stratégique opérationnel de l'EPA, vous sollicitez les opérateurs dans une démarche de co-construction. Quel en est l'objectif ?

Nous réfléchissons à la mise à jour des socles de notre cahier des charges. Prix de vente plafonnés, charges foncières fixes, exigences environnementales… La démarche a fait ses preuves, mais dans un contexte de tensions et de crises, les équilibres sont difficiles à tenir pour certains promoteurs. Il est nécessaire de trouver des optimisations sur la programmation, la performance attendue, le niveau de bois dans la construction, etc. Faut-il, par exemple, systématiquement aller chercher le niveau E3 C2 ? Plus nous avons d'informations sur l'acceptabilité de ces exigences par les promoteurs, mieux nous saurons nous positionner et éviter d'être mal renseignés sur leurs difficultés réelles à aller au terme de l'opération. Je ne veux pas que les performances environnementales soient systématiquement sacrifiées sur l'autel de la crise économique. Pour cette deuxième phase qui commence, nous aurons aussi une approche territoriale plus fine. Si, jusqu'ici, nous n'étions présents qu'à Bordeaux, là, nous allons travailler sur Floirac et Bègles avec un existant et des paramètres différents.

Durant ses douze premières années d'activité, quel a été l'impact de l'EPA sur Bordeaux ?

Nous savons que nous sortons des logements à 1 000 €/m2 en dessous de la valeur intra-rocade, et que les taux de logements sociaux produits sont conformes aux objectifs.

A fin 2022, 3 006 logements ont été livrés, dont 1 040 locatifs sociaux, 242 logements en accession encadrée (sociale ou abordable) et 1 724 logements en accession libre et locatifs intermédiaires à destination d'investisseurs institutionnels.

Notre objectif est de nous adresser aux ménages dont le choix est restreint et qui ne peuvent pas être logés dans le cœur de la métropole, compte tenu de leurs revenus. Un certain nombre de produits répondent à ces besoins, même si des personnes continuent à ne pas y avoir accès. S'il n'y avait pas eu l'EPA, nous aurions fait face à une forte spéculation immobilière sur le secteur. Enfin, l'outil ZAC a permis de consacrer des recettes à des aménagements d'intérêt public alors que c'est exclusivement un poste de dépenses. Si on ne l'avait pas fait, les collectivités auraient dû le financer.

Concernant le recours au bois, ADN de l'aménagement du quartier, quel bilan en tirez-vous ?

Avoir un engagement en termes de mètres cubes de bois pour crédibiliser les engagements consentis par la filière était nécessaire. Nous avons contribué à faire évoluer les procédés et changer les habitudes. C'est aujourd'hui précieux pour répondre aux exigences de la réglementation thermique.

Mais nous sommes en deçà des objectifs de pourcentage de bâtiments en ossature bois, en raison des contraintes économiques et réglementaires. Pourtant, plus on prescrit le bois et les matériaux géosourcés ou biosourcés, meilleur est le bilan carbone. Nous continuerons à le faire pour les isolants, notamment, avec un engagement de production en filières courtes afin de limiter les coûts carbone. Cela permet également de pointer les freins à lever par rapport à la réglementation nationale. Le problème, c'est que nous sommes confrontés à un contexte difficile au moment où nous aurions voulu accélérer la démarche.

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