Depuis 2017, Darwin - qui abrite coworking, pépinières de start-up, activités associatives, restaurations, commerces, événements réputés, etc. - se bat avec Bordeaux Métropole Aménagement (BMA) pour maintenir ses activités sur les 2 ha initialement exploités sous autorisation d’occupation temporaire (AOT), qui s’est achevée en 2016. Philippe Barre, son emblématique fondateur, souhaite malgré tout y conserver ses activités ; il défend une utopie collective selon laquelle la ville doit apprendre à se construire et à vivre autrement.
En face, BMA, chargée d’aménager les 35 ha de la ZAC Bastide-Niel pour Bordeaux Métropole mène une opération mixte ambitieuse qui a déjà trop été retardée. « Nous n’avons pas la même vision du monde », estime le fondateur de Darwin.
Alors depuis six ans, les allers et retours à la table des négociations se multiplient sans déboucher sur un accord.
Jusqu’à aujourd’hui, 15 décembre 2022, avec la création de la Scic à laquelle adhèrent également les associations de l’écosystème. Elle va racheter, auprès de BMA, et gérer le hangar du skatepark et celui qui accueille des associations – une cinquantaine au total - dont Emmaüs ; 2,1 millions d’euros TTC pour la totalité, financés à part égale par la Ville et Darwin Evolution. « Cette démarche évite la démolition de bâtiments qui font partie de l’identité d’un quartier », se réjouit Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. Les logements et le parking initialement prévus sur cette zone ont été reportés sur un autre îlot de la ZAC.
Démonstrateurs
Pour Philippe Barre, « c’est une étape décisive qui augure d’autres discussions sur le reste des fonciers » ; les hangars deviennent ainsi des démonstrateurs de cette nouvelle approche. En effet, si l’horizon se dégage sur ces bâtiments, Philippe Barre souhaiterait continuer à exploiter le reste du foncier dont il n’est pas propriétaire. Il envisage également d’engager une discussion avec le promoteur Marignan qui doit mener une opération de logements – en face des bâtiments de Darwin - qui n’est pas du goût de Philippe Barre : « 1 200 emplois peuvent être créés via un projet mixte, insiste-t-il, nous devons nous appuyer sur cet exemple ! » Un recours contre le permis de construire avait d’ailleurs été déposé, mais il a été rejeté.

Longtemps en opposition avec la mairie, la métropole et l’aménageur, l’Eco-système Darwin semble avoir trouvé, aujourd’hui, dans les nouvelles gouvernances de ces trois entités, une oreille plus attentive. Au début de l’année, Bordeaux Métropole avait notamment renoncé à la clause résolutoire inscrite dans l’acte de cession, permettant ainsi à Darwin de poursuivre son développement.