Bègles restructure ses quartiers nord

La signature d’une convention Anru pour deux quartiers d’habitat social, Thorez-Goélands et Yves-Farge, a conduit la Ville à lancer d’autres opérations d’aménagement urbain : elle rénove une ancienne friche militaire et crée un nouveau quartier.

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Partie prenante, avec Bordeaux et Floirac, du projet Euratlantique, qui devrait à l’horizon 2030 hisser l’agglomération girondine au rang de métropole d’un million d’habitants, Bègles ne néglige pas pour autant son échelon local. La signature d’une convention Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) sur deux quartiers HLM a été l’occasion de conduire des opérations d’aménagement urbain sur un périmètre élargi.

Le total des interventions concerne au final une aire de 21 ha, répartis autour de deux noyaux. Au nord-ouest de la ville, le quartier Thorez-Goélands, une cité HLM placée au centre d’un tissu urbain peu dense et à proximité d’une friche industrielle. Au nord-est, près du faisceau de voies de la gare Saint-Jean, le quartier Yves-Farge, autre cité HLM, dont la dernière tour sera détruite par implosion le 24 octobre. Ce quartier forme l’épicentre de changements urbains importants : l’Anru fait tache d’huile sur le site de l’ECMM, un ancien centre de logistique militaire abandonné depuis 1998. Deux stratégies de reconversion y sont à l’œuvre : la réhabilitation, confiée à l’agence Flint architectes, qui a défini un cahier des charges spécifique (lire page 48), et la construction neuve en partie sud du site, dans le cadre d’un schéma directeur défini par l’agence Dubus et Richez (marché aujourd’hui géré par l’agence Richez & associés).

L’agence Tania Concko est chargée de son côté de la restructuration de la partie nord du site, sur les terrains de la cité Yves-Farge. L’ensemble de cette zone (friche et cité), baptisée Terres-Neuves, accueille les travaux d’aménagement les plus ambitieux des mandatures de Noël Mamère, député et maire de la Ville depuis 1989.

Enfin, cette vaste opération a entraîné la construction de nouveaux immeubles sur des terrains situés le long d’un parc acquis par la commune (le quartier des Prés-Lacoste), pour accueillir les habitants de l’ancienne cité HLM avant sa destruction.

Une cité requalifiée

Placés sous l’égide de l’agence DBW, les travaux de requalification de la cité Maurice-Thorez, un quartier de 510 logements à la morphologie de barres et de tours, s’inscrivent dans le cadre d’un schéma directeur plus large. Celui-ci englobe les franges urbaines coincées entre la cité HLM et la ligne ferroviaire Bordeaux-Toulouse ainsi que les anciens terrains Esso. La stratégie de l’agence DBW consiste à retisser des liens entre le quartier Maurice-Thorez et son environnement, en ouvrant des voies vers l’est. Ce quartier sera desservi à terme par le tramway.

Le schéma directeur prévoit également la densification des zones contiguës à la cité suivant un principe original, les îlots alternant des bandes construites et des bandes végétalisées, appelées « pépinières » et support de jardins d’agrément ou de jardins maraîchers. Ces bandes ne seront mises en place pour l’instant que dans la cité Maurice-Thorez, dont les espaces extérieurs seront tous réaménagés.

La réhabilitation du bâti sera effectuée dans une phase ultérieure. Une voie nouvelle va ouvrir le quartier vers l’extérieur. Baptisée « traversée urbaine paysagère » (TUP) et agrémentée d’une place publique, elle est principalement piétonne et la voiture n’y est que tolérée. Elle n’a été acceptée par les habitants qu’après plusieurs réunions de concertation. Un sentier complète la TUP dans le sens transversal et délimite les zones résidentialisées en pieds de barre. Une résidentialisation originale, puisqu’elle s’effectue sans le recours de barrières, par des logiques de traitement des sols : des dénivelés, des marquages au sol et des passerelles privatisent les espaces. Les premiers coups de pioches devraient être donnés ce mois-ci.

Grand plateau et îlots compacts

Plus ambitieux est le secteur appelé Terres-Neuves, « un nom que j’ai donné à ce site car la mémoire de Bègles était attachée à Terre-Neuve et à la pêche de la morue, et que la vocation première de cette reconquête de friche est la culture au sens large : création audiovisuelle, construction de décors, tournages de film », explique Noël Mamère. Le quartier bénéficie de la prolongation de la ligne C du tramway, achevée en 2008.

Le point commun des différentes parties du quartier est le traitement de l’espace public. L’agence Flint a créé une voie piétonne appelée « Rambla » au centre du complexe des bâtiments militaires ainsi qu’une place dédiée à la musique. Quant à Tania Concko, elle a amendé le schéma directeur d’Yves-Farge, tracé à l’origine par Michel Cantal-Dupart, urbaniste de la Ville. Les îlots fermés ont été remplacés par une série de plots regroupés autour d’un grand plateau traversé en son centre par le tramway. La place sert aussi de pôle multimodal. « L’espace public est comme une grande plaque qui se démultiplie, se glisse sous les bâtiments et génère des séquences, explique Tania Concko. Le PLU de l’époque ne permettant pas de construire en hauteur, nous avons recréé de la densité par un découpage atypique d’îlots compacts, associé à des typologies d’immeubles épais. » Dessinés par des grandes signatures bordelaises et nationales, ces nouveaux immeubles doivent donner au secteur une image moderne et dynamique. Au-delà des différences de contexte, ces quartiers partageront aussi des logiques communes : les modes doux y seront favorisés et les immeubles neufs devront atteindre des niveaux de performance énergétique supérieurs aux standards de la RT 2012.

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