Barcelone face au surtourisme (1/4) : le réaménagement de La Rambla, artère iconique

La rue la plus célèbre de la capitale catalane est en travaux pour trois ans. La Ville souhaite profondément transformer les lieux afin de redonner aux habitants l’envie de se promener sur cette rue envahie de touristes.

Réaménagement de La Rambla.
Première phase du projet de réaménagement de La Rambla.

Enfin, les compagnons sont à pied d’œuvre. Le chantier de  reconfiguration de La Rambla a démarré, il y a quelques mois, dans la partie basse de cette artère, la plus touristique de Barcelone. Pourtant, le concours de maîtrise d’œuvre urbaine remonte à 2017. Les majorités municipales successives ont lancé le projet, avant de le mettre sous le tapis pour, finalement, le concrétiser.

L’objectif, pourtant, se veut consensuel localement : rendre aux Barcelonais cette rue, parcourue chaque jour par des flots de touristes déversés des avions, trains et ferries. Ce va-et-vient permanent a, petit à petit, conduit les locaux à éviter cette rue qui fut pourtant, au cours du XXe siècle, un lieu de promenade prisé des Catalans. « On est en train de perdre La Rambla », concède sans détour Mateu Hernández Maluquer, directeur général de Barcelona Turisme.

Or, l’axe est stratégique pour la ville. Situé sur l’emprise du mur médiéval aujourd’hui disparu, il sépare deux quartiers très vivants : le quartier gothique, et son entrelacs de places et de ruelles historiques, et El Raval, quartier doté d’une forte diversité ethnique, culturelle et religieuse. Sa fonction d’autoroute à touristes internationaux percute donc sa vocation d’artère vivifiante de la vie économique et sociale.

Zones de rencontre

« Nous voulons que les habitants et les touristes se rejoignent », affirme Pau Bosch, président de l’association de commerçants et riverains Les Amis de la Rambla et, par ailleurs, architecte et urbaniste. Or, comme le constate, Lola Domenech, l’une des architectes de l’équipe de maîtrise d’œuvre lauréate du concours : « actuellement, les touristes descendent la Rambla quand les locaux ne font que la traverser. »

Les touristes descendent la Rambla quand les locaux ne font que la traverser.

—  Lola Domenech, architecte

L’un des axes structurant du projet consiste donc à créer, le long des 1200 mètres de cette ligne légèrement cassée, trois « places ». Situées aux emplacements patrimoniaux emblématiques, elles auront pour vocation de provoquer des zones de rencontre entre les flux de piétons longeant l’artère et ceux qui la croisent.

Made with Flourish

Reconfiguration de l’une des trois « places » de la Rambla, autour de l’œuvre de Juan Miro au sol.

Si la reconfiguration des 74 000 m2 d’espaces publics entend favoriser les pauses et les rencontres, elle vise également à fluidifier la déambulation sur le terre-plein central. Actuellement jonché d’une multitude d’obstacles peu gracieux (terrasses, boitiers électriques…), il devrait connaitre un grand nettoyage.

Parallèlement, de nouveaux candélabres jalonneront la promenade, ainsi que des bancs publics. Aussi curieux que cela puisse paraitre, la rue en était jusqu’à présent dépourvue. « Il y a quelques décennies, il fallait même louer sa chaise pour avoir la possibilité de s’assoir sur la Rambla » se remémore, amusé, Mateu Hernández Maluquer.

Mobilités douces

La mise en œuvre du projet conduira également à réduire la place de la voiture. Actuellement, le terre-plein central est bordé de part et d’autre de voies de circulation automobile. Si la piétonisation des deux chaussées auraient excessivement complexifié l’accès au quartier d’El Raval, la voie remontant vers la place de la Catalogne sera, elle, bel et bien réservée aux mobilités douces.

Made with Flourish

Un effort de végétalisation devrait ombrager le bas de La Rambla, à proximité de la colonne Christophe Colomb.

Les travaux de réaménagement entendent par ailleurs régénérer la végétation, présente de longue date sur la Rambla. « Actuellement, certains arbres ne disposent pas assez de terre, car la rue se trouve juste au-dessus d’une ligne de métro, explique l’architecte. Il n’existe par endroit que 30 cm entre les pavés et la partie haute de l’infrastructure souterraine. » Au débouché de la rue, face à la colonne Christophe Colomb, de nouvelles plantations sont prévues.

Evidemment, au-delà d’un espace public de qualité, il faudra aussi donner de bonnes raisons aux Barcelonais de venir sur La Rambla. « Lorsqu’ils viennent y voir un spectacle ou une exposition, ils n’y restent pas pour boire un verre ensuite, ils vont ailleurs !, constate Lola Domenech. Il faut donc également s’attaquer à l’offre commerciale, par exemple. » Et de conclure, avec lucidité : « le projet architectural ne suffira pas. »

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