Le choix d'une gestion intégrée des eaux pluviales sur le parc Ouagadougou, à Grenoble, s'inscrit à la fois dans la recherche d'une plus-value qualitative de l'espace public, d'une limitation des débits restitués aux réseaux d'assainissement, et d'une moindre sollicitation des réseaux d'eau potable. Un décaissé de 2 m a été obtenu au centre de cet espace, permettant l'écoulement gravitaire des eaux de pluie depuis les ensembles de logements, les terres excavées étant réutilisées pour créer de la pente sur une grande pelouse. Le parc est conçu pour fonctionner sans apport la plus grande partie de l'année, le réseau d'adduction n'étant sollicité qu'en cas de longues périodes sèches. Pour atteindre cette quasi-autonomie, des eaux de voirie sont collectées sur un côté du parc, puis filtrées par un canal planté de phragmites. Les hydrocarbures retenus par filtration sont biodégradés par les bactéries présentes dans le massif, les systèmes racinaires des roseaux piégeant aussi les métaux lourds par précipitation. Cette ressource couvre la moitié des besoins en eau du parc, l'autre moitié étant collectée, sur 1 500 m2 de toiture, sur les nouveaux bâtiments de la ZAC Teisseire, à côté du parc. La ressource collectée se diffuse ensuite à ciel ouvert par une série de canaux et rigoles dans les jardins thématiques, l'excédent se déversant dans le décaissé central. Cet espace en creux est séparé de la nappe phréatique par une couche d'argile, dont l'imperméabilité pérennise la présence de l'eau. Il fonctionne comme un bassin d'orage, limitant lors de périodes pluvieuses prolongées les rejets vers le réseau d'assainissement à 5 l/s/ha. Ce fonctionnement hydraulique s'intègre dans un projet de paysage. Ainsi, l'espace en creux et la pente confortent les perspectives sur les massifs montagneux alentours. C'est aussi un jardin ludique qui, par une mise en scène dans les bassins, les roselières, les fontaines ou les canaux, assure une pédagogie sur la gestion en surface des eaux de pluie.
