L'arrosage des espaces verts peut-il se passer des réseaux ?
Aujourd'hui, une forme de pensée dominante voudrait en effet qu'on proscrive l'arrosage des végétaux par les réseaux pour utiliser exclusivement la ressource pluviale. Et c'est une question de bon sens que de rationaliser les usages de l'eau. Mais, parfois, la situation et la fonction des espaces verts exigent que l'on utilise les réseaux. Ainsi, à Toulouse, la ZAC Balma-Gramont comprendra un jardin de deux hectares inséré dans un tissu très dense. L'absence de pelouses privatives suppose une contrepartie dans l'espace public. Cette fonction exige un type de gazon qui résiste au piétinement, et que les apports en eaux pluviales ne pourront qu'insuffisamment alimenter.
Le jardin des Géants, que vous avez conçu à Lille, utilise la ressource phréatique. Pourquoi ?
A Lille, la communauté urbaine souhaitait réaliser un « jardin d'exception et d'émotion ». Cela se traduit par une très forte densité végétale. Des plantes indigènes voisinent avec des végétaux plus « exotiques », comme les arums, les grenneras du Brésil et les bananiers, qui sont autant de fragments de paysage rapatriés. Les besoins hygrométriques d'un tel aménagement sont satisfaits en partie par la nappe phréatique, rendue accessible grâce à la décision d'enfouir des places de stationnement sous le jardin. Des études de sol, notamment piézométriques, nous ont aidés à déterminer la capacité de la nappe à alimenter les végétaux et à créer des ambiances aquatiques sans risquer qu'elle ne s'épuise. Ce captage fonctionne en appoint des eaux pluviales récoltées.
L'entretien de ce type d'espace public est-il spécifique ?
L'aménagement de ce jardin va effectivement de pair avec une formation des jardiniers chargés de l'entretenir. Les techniques de paillage sont essentielles dans les jardins gérant leurs eaux pluviales en surface : elles maintiennent un sol aéré tout en favorisant le développement d'une vie microbienne et en limitant les phénomènes de capillarité.
