Face à des bâtiments construits avec des techniques anciennes, il faut avoir une vision d'ensemble et ne pas essayer de résoudre les problèmes ponctuellement. Un bâtiment ou une partie de bâtiment ne peut pas être extrait de son contexte, car la prise en compte de son environnement est indispensable. Sa stabilité peut être entièrement dépendante de celle d'un ouvrage adjacent. Si on n'a pas ce recul suffisant, on court à la catastrophe et on risque de seulement déplacer les problèmes. Notre rôle, sous la direction de l'architecte responsable de l'édifice, consiste à déterminer l'origine des désordres des structures et d'en supprimer les causes. Le principal ennemi de la conservation d'un bâtiment n'est pas son âge, mais l'eau sous une forme ou une autre : des fuites de réseaux enterrés sont souvent à l'origine des sinistres de fondations. Les solives de planchers sont toujours plus dégradées sous les pièces humides qu'ailleurs. Les charpentes sont pourries sous les chêneaux encaissés.
Second point important : il faut toujours essayer de comprendre ce qui se passe plutôt que d'imposer sa volonté. Le comportement d'un bâtiment ancien en maçonnerie ou en ossature bois n'a rien à voir avec celui d'un bâtiment en béton armé. En effet, les bâtiments anciens ont une aptitude à accepter des déformations totalement inadmissibles pour des bâtiments récents pour lesquels on recherche, au contraire, la raideur. Parfois, lorsque l'on effectue les calculs de vérification des structures, on s'aperçoit que l'ossature ne devrait pas supporter les charges appliquées. Pourtant il tient depuis des dizaines et des dizaines d'années. Il faut raisonner autrement. Les charges ne suivent pas toujours le cheminement le plus évident, et certaines hypothèses de calcul se révèlent erronées. Il faut rapprocher les éléments obtenus par le calcul et la stabilité constatée. En ce qui concerne la détermination des poussées de voûte, nous utilisons souvent la statique graphique qui a fait ses preuves.