Deux halles en bois posées en équerre autour d'un parvis composent la première médiathèque guyanaise, dont la clarté du plan se répercute sur la simplicité constructive. La toiture ondulante unifie les espaces avec un mouvement ample qui signale l'édifice public dans l'urbanisme incertain de l'entrée de Kourou. Sous les coques dont l'onde s'évase en périphérie, la brise tropicale aspirée naturellement rafraîchit les espaces intérieurs, pour l'essentiel non climatisés. Les façades contribuent également à la ventilation avec leurs ventelles orientables en aluminium et leurs bardages ajourés en clins de bois. L'auvent horizontal renforce la connivence avec l'architecture locale.
L'utilisation du bois est un hommage à ce territoire de forêt, dont il n'est pourtant issu que partiellement. Malgré les précautions, le bâtiment a tout de même consommé près de la moitié de la production de bois commercialisée par an. Le douglas lamellé-collé et le Kerto de l'ossature sont venus de métropole, accueillis par le scepticisme des charpentiers de Kourou pour ce « bois de cercueil » imbibé de colle. Le gonfolo lasuré qui habille la sous-face du toit provient en revanche de Guyane (un arbre immense, dur, de teinte orangée), de même que le célèbre angélique utilisé pour le bardage et les parquets. Les grands poteaux-totem en minencouart, un arbre « cathédrale » dans le tronc duquel on taille aisément trois poteaux de 10 m, ont été choisis sur pied dans la forêt, avant d'être étuvés et séchés, puis écorcés sommairement et sablés.
Peu utilisés dans le bâtiment, y compris à Kourou où le bois associé aux cases en planches est moins prisé que le parpaing, ces bois denses de classe 3 et 4 donnent un sens identitaire à cette médiathèque et diversifient ses ambiances et ses échelles. Ainsi, des claustras aux lattes de sous-faces, du bois industriel au savoir-faire traditionnel, toute une palette d'essences résonne sous l'ondulation partout visible de la toiture.
MAITRISE D'OUVRAGE : Ville de Kourou.
MAITRISE D'OEUVRE : Agence d'architecture Brochet, Lajus, Pueyo ; F. Neau, direction de projet ; BET charpente bois : 3B (Bernard Battut) ; OTG, économie ; CETAB, structures et fluides.
SURFACE : 2 500 M2.
COUT DE CONSTRUCTION : 4 116 123 euros HT.
ENTREPRISE : Paris-Ouest (France) associé à CBCI (Cayenne), charpente; COGIT (Cayenne), couverture.