Bête noire des allergologues dont elle est un adversaire des plus coriaces, elle s'est installée en France, il y a un demi-siècle. Mais ce n'est que dans les années 70 qu'elle fait vraiment parler d'elle. Il s'agit, vous l'aurez deviné, de la fameuse ambroisie, cette annuelle qui déclenche chaque été de gros embouteillages dans les salles d'attentes des spécialistes du Sud-Est lyonnais où plus de 12 % de la population se trouvent périodiquement affectés de rhinites, conjonctivites, trachéites, urticaire et même crises d'asthme. Une situation critique qui incite Saint-Priest, dès 1994, à publier un arrêté, suivi d'un second en 2000, préfectoral celui-ci, incitant les habitants à entretenir les sites où la plante est susceptible de proliférer. Faute de quoi, ils peuvent s'exposer à des amendes et même des poursuites civiles ou pénales.
Mieux vaut prévenir que guérir.
Confronté à un phénomène dont l'ampleur s'avère chaque année plus prégnante, le SEV ainsi que ses partenaires impliqués dans ce combat sans merci dont le CG 69, la Chambre et le Grand-Lyon qui selon Marc Eynard, chef de subdivision à l'entretien de la voirie et de ses abords, « enregistre 40 % de son patrimoine atteint par la plante », déclenchent en 2008 un plan de lutte sans précédent, reconduit l'été dernier. S'appuyant sur le principe de la « double fauche », il trouve son origine dans les travaux de l'AFEDA (Association française d'étude des ambroisies) présidée par le docteur Chantal Déchamp qui explique que « sur les vingt-six dernières années, les premiers pollens apparaissent entre le 209 et le 229 jour de l'année ». « La décision a donc été prise d'effectuer une première fauche entre le 15 juillet et le 1 août puis une autre avant le 15 septembre. La première supprime l'apparition des pollens et la seconde empêche la plante de produire des graines et de repousser », enchaîne Pierre-Charles Crozat, responsable du SEV priestois, qui tient néanmoins à souligner que « les anciennes graines d'ambroisie enfouies dans le sol peuvent rester vivaces plus de dix ans ! ». Pour ne pas « scalper » le sol - ce qui créerait des conditions idéales pour la germination de la plante - et conserver un couvert qui puisse concurrencer l'ambroisie, la hauteur de coupe est fixée à 10 cm.
Retours d'expérience.
La plante supporte mal la « rivalité » végétale. Volontairement, quelques sites n'ont donc pas été fauchés pour empêcher son apparition. Parallèlement, « sur quelques zones, six variétés anti-ambroisie ont été implantées pour finalement constater que le sarrasin et le sorgho sont les plus efficaces », ajoute Pierre-Charles Crozat qui insiste sur « l'intérêt d'éviter le travail de la terre » et conseille « d'installer des prairies fleuries pérennes au niveau des espaces verts et de supprimer la jachère florale pour sa couverture insuffisante ».
Autre piste : l'installation de semis sur les chantiers de longue durée afin de couvrir les sols mis à nu par les engins, terrains propices à l'apparition de l'ambroisie.
Un dialogue constant.
Dans le même temps, pour maintenir son niveau de surveillance, la ville ouvre une « permanence ambroisie » du 1 juin au 30 octobre, dirigée par Leslie Francou : « mon rôle consiste à repérer les sites infestés, coordonner les interventions, tenir un tableau de bord,. Si des habitants découvrent de l'ambroisie, ils peuvent nous alerter par mail ou par téléphone ». Original et novateur, le plan engagé ne sera pourtant efficace que sur le long terme, le pollen ne s'arrêtant pas aux frontières d'un territoire ! Il devra donc, comme le conclut Pierre-Charles Crozat, « être largement partagé à l'échelle de l'agglomération et du département si l'on souhaite renforcer son efficacité ». -




