Bâtiment : pas de sortie de crise avant la fin 2010
Le bâtiment français ne sortirait pas de la crise avant la fin 2010, estime Euler Hermes, dans sa prévision annuelle. L'assureur-crédit table, en effet sur un recul en volume de - 9,9% cette année puis de - 5% l'an prochain (après + 1% en 2008). Les TP bénéficieraient des effets du plan de relance qui se traduiraient par 4 milliards de travaux: 1,8 milliard dès cette année provenant de la commande de l'Etat et 2 milliards maximum venant des entreprises publiques. Après avoir reculé de 6% en volume en 2009, ils remonteraient donc à + 5% en 2010. Et le BTP dans son ensemble afficherait un - 7% en 2009 et un - 2% en 2010, toujours en volume.
Les défaillances d'entreprises atteignent un niveau jamais connu dans le BTP. Au cours des cinq premiers mois de 2009, elles sont en hausse de 48% par rapport à la même période en 2008. Euler Hermes s'attend à une accélération du phénomène. Plus inquiétant, ce sont les entreprises moyennes/grosses qui souffrent le plus : les défaillances explosent de 85% pour celles dont le chiffre d'affaires est compris entre 750.000 euros et 1,5 million.
La France n'est cependant pas la plus mal lotie au niveau mondial: aux Etats-Unis, il ne faut pas espérer non plus une amélioration notable avant 2010/2011. Pourtant, le marché s'est assaini puisque les prix des logements ont chuté de 31% depuis janvier 2007 et les mises en chantier sont tombées à 500.000 logements, un niveau proche de celui de la France en 2007. Et que dire de l'Espagne, qui a un million de logements en stock (trois ans de ventes au rythme actuel), où les mises en chantier sont tombées de 800.000 à 350.000 et devraient dégringoler vers 100.000 à l'horizon de deux/trois ans ? Pour la péninsule, Euler Hermes ne prévoit pas de sortie de crise au mieux avant 2012.
BTP: timide reprise en Europe en 2011, selon Euroconstruct
Les conjoncturistes d'Euroconstruct ont révisé leurs prévisions à la baisse lors de leur traditionnel rendez-vous de printemps. En décembre à Bruxelles, ils prévoyaient un recul de 4,3% du BTP européen pour 2009. Ils l'estiment maintenant autour des 7,5% et tablent sur - 1% en 2010. "La dépression est majeure", ont sobrement résumé les prévisionnistes, estimant que les facteurs positifs (plans de relance, baisse du prix de l'énergie) ne compensent pas les éléments négatifs (récession, chômage, déficits publics). Un rebond est toutefois attendu en 2011 (+1,6%), mais il sera très progressif et ne concernera pas tous les pays. L'Espagne (-18,7 % en 2009 ; -6,1 % en 2010) reste le "grand malade" du BTP européen. Le Royaume-Uni, malgré les JO en 2012, n'est pas non plus en grande forme (-7,5% ; -1,6%). L'activité recule aussi sensiblement en Allemagne et en France cette année (-3,7% ; -5,5%) mais devrait repartir faiblement en 2010 (+1,8% pour l'Allemagne ; +0,6% pour la France).
Segment le plus important en volume, le résidentiel est durablement touché (-11,3% en 2009 et -0,7% en 2010). Entré en crise plus tardivement, le non-résidentiel est dans une situation dramatique (-8,1% en 2009 ; -4,3% en 2010). Seul le génie civil tire son épingle du jeu, soutenu par les fonds européens et les plans de relance nationaux, avec une progression attendue de +1,3% en 2009 et de +2,7% en 2010.
Commentaire : Euroconstruct réunit 19 instituts privés de conjoncture en Europe. Rapports général et par pays à commander sur http://www.bipe.com ou http://www.euroconstruct.org
Construction: 34.000 emplois salariés perdus au premier trimestre en France, selon l'Acoss
Le BTP "qui a créé environ 60.000 emplois par an depuis 2004 en a perdu environ 34.000 au premier trimestre 2009", souligne l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) dans sa dernière note de conjoncture. Au premier trimestre, l'agence estime à 2,2% le recul des effectifs salariés, qu'il évalue à 1.532.000 (hors intérim). C'est la première baisse depuis 2003, note-t-elle. Sur un an, le recul est de 0,8%. La détérioration est particulièrement visible dans la promotion de logements (- 4,6% sur le trimestre), la construction de bâtiments (- 2,7%) et la maison individuelle (- 2,2%). En revanche, certains secteurs du second œuvre ne semblent pas encore affectés: l'emploi progresse dans les travaux d'isolation (+ 0,8%), les travaux de charpente (+ 0,5%) et les travaux de menuiserie, les travaux d'installation d'équipements thermiques et de climatisation (+ 0,4%), le bois et PVC (+ 0,4%).
L'évolution de la masse salariale suit celle de l'emploi : - 2,7% sur un trimestre et - 0,1% sur un an. Le salaire moyen par tête est en recul de 0,8% sur un an, du fait d'un recours important au chômage partiel.
Commentaire : Il était un peu surprenant de voir la construction créer encore des emplois salariés au premier trimestre dans la publicationInsee/ Dares du 15 mai. Les deux organismes corrigent le tir dans leur toute récente statistique et constatent que "la baisse des effectifs se prolonge dans la construction sur un rythme un peu ralenti". Ils chiffrent à 10.400 le nombre de postes salariés supprimés au premier trimestre (- 0,7%) après -12.600 emplois au quatrième trimestre 2008 (- 0,8%). L'écart entre le nombre de salariés (hors intérim) recensés au premier trimestre par l'Acoss (1.532.000) et par l'Insee / Dares (1.475.900) tient à une différence de périmètre entre les deux études.
L'intérim accentue le mouvement de recul et porte à - 1,4% le recul de l'emploi salarié au premier trimestre 2009, indique la Dares.
Selon Didier Ridoret, président de la FFB, "8 500 emplois salariés ont été perdus au premier trimestre dans le bâtiment". "Compte tenu de l'intérim, le recul des effectifs est de 17 000 pour cette période", a-t-il précisé aux 24 heures du bâtiment.
...et cela ne va pas s'arranger : prévisions pessimistes de Manpower
Les employeurs de la construction s'attendent à une baisse de leurs effectifs le trimestre prochain : le solde net d'emploi calculé par Manpower reste à - 5%, comme le trimestre précédent mais baisse de six points si on le compare à la même période de 2008 (+ 1%). Plus précisément, seuls 1% des employeurs anticipent une augmentation contre 6% qui s'attendent à une baisse et 92% qui tablent sur une stabilité. Au niveau national, corrigé des variations saisonnières, les prévisions sont négatives dans neuf des dix secteurs étudiés en France.
Commentaire: Manpower pose aux employeurs la question suivante: "Comment anticipez-vous l'évolution des effectifs de votre entreprise au cours du prochain trimestre, jusqu'à fin septembre 2009, par rapport au trimestre actuel ?". Le solde net est le résultat de la soustraction entre le pourcentage d'employeurs anticipant une hausse et ceux prévoyant une baisse.
Les patrons de PME plus optimistes dans le BTP que dans le reste de l'économie
Les patrons de PME font preuve de plus d'optimisme dans le BTP que dans le reste de l'économie : ils sont 61% à affirmer que leur niveau d'activité se maintient, voire même progresse, contre 55% pour l'ensemble de l'économie. Mais ils sont 13% à estimer leur survie menacée. Les deux principales difficultés auxquelles ils se heurtent sont la baisse des carnets de commandes (35%) puis... les difficultés à recruter du personnel qualifié et opérationnel (25%). Les pressions exercées par la clientèle sur les prix viennent en troisième position (23%), selon un sondage effectué par la CGPME/KPMG du 3 au 10 avril 2009 auprès d'un échantillon représentatif de dirigeants de 804 PME de 1 à 500 salariés interrogés par téléphone, dont 202 du BTP.
Logements anciens : la baisse des prix reste très contenue
L'effondrement des prix des logements anciens, tellement pronostiqué, se fait attendre: après avoir augmenté de 3% en avril, ils n'ont reculé que de 0,2% en mai, selon la Fnaim. Sur un an, le recul des prix des appartements est de 5% et celui des maisons de 8,3%. "L'objectif d'une baisse des prix comprise entre - 5% et - 10% en 2009 se confirme petit à petit", analyse la fédération en excluant le scénario d'une chute brutale. Elle va même jusqu'à écrire que "les tensions observées sur les marchés immobiliers depuis près de deux ans pourraient être appelées à s'estomper".
Travaux publics : rebond de l'activité mais peu de marchés conclus
L'activité des travaux publics, qui était au plus bas en début d'année, a continué de se redresser en avril, selon la FNTP. Mais, de janvier à avril, une baisse de 12,6% (CVS-CJO) est observée par rapport à 2008 où le niveau d'activité était exceptionnel. Les travaux réalisés ont le même niveau que celui de la fin 2006.
Toutefois, les marchés conclus sont en diminution de 20,4% pour les quatre premiers mois de l'année, dans l'attente des effets du plan de relance.
Les effectifs ouvriers permanents restent orientés à la baisse (- 2,2% en CVS-CJO) mais les heures travaillées des intérimaires reculent de 34%.
La non-qualité affecte d'abord le collectif
Quelle que soit la période de construction, quatre grands types de bâtiments portent l'essentiel des désordres recensés par l'AQC (Agence qualité construction) dans son dernier observatoire 2009: le logement collectif (40%), l'individuel diffus (30%), les grands équipements (8%) et l'individuel groupé (7%). En dépit d'un effectif important, le logement collectif présente le coût relatif de désordre (1) le plus faible (0,8% contre 4,7% en moyenne, toutes destinations confondues).
Une analyse par maître d'ouvrage montre qu'en dépit d'une majorité relative de promoteurs dans l'échantillon (plus de 40%), le coût moyen de réparation qui leur est associé est le plus bas (5.300 euros contre une moyenne de 5.840 euros) quelle que soit la période de construction des bâtis. Les particuliers, qui entrent pour 30,5% dans l'échantillon, ont le coût relatif le plus élevé (6,7% contre une moyenne de 4,7% tous maîtres d'ouvrage confondus).
1) défini comme le coût réparation en % du coût de construction.
Construction: chiffre d'affaires en baisse en mars
Le chiffre d'affaires de la construction, qui avait stagné en février à + 0,1%, recule franchement en mars à - 0,6%, selon l'Insee. Sur les trois derniers mois, la baisse est de 2,6% et, comparé au premier trimestre 2008, il perd 3,6%.
LE CHIFFRE DE LA SEMAINE
30%
C'est la part de la construction et l'immobilier dans les défaillances nationales en 2008. A savoir 15.262 défaillances dans le premier secteur (+ 21,4%) et 1.989 dans le second (+ 47,9%), selon Euler Hermes.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
"Les baisses de prix inquiétantes - elles peuvent aller jusqu'à 20% - que les entreprises (NDLR : du bâtiment) accordent pour traiter des affaires est notre problème le plus grave actuellement. Ces plongeons sont déraisonnables"
Didier Ridoret, président de la FFB ("Le Moniteur" du 12 juin, PP. 12 à 16)
