A Toulouse, Eiffage teste le liant biosourcé comme alternative au bitume traditionnel

Dans l’agglomération toulousaine, entre Cornebarrieu et Pibrac sur la M65B, se déroule le plus important chantier test — 1 800 tonnes d’enrobé — actuellement mené sur le territoire français par le groupe Eiffage.

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Eiffage/Loetitia Grimal Dans la région toulousaine, le groupe Eiffage teste une solution alternative au bitume traditionnel 100 % biosourcée.

Eiffage teste une solution alternative au bitume traditionnel grâce à une couche de base en grave émulsion composée à 100 % de liant biosourcé. « C’est de l’émulsion recytal, une innovation mise au point par notre service de R&D à partir de poix, une résine issue des déchets de la sylviculture et de l’industrie papetière. Nous l’achetons à l’unique fournisseur français basé dans les Landes », décrit Frédéric Loup, le directeur R&D du groupe.

La poix, issue de forêts de pin certifiées françaises, présente, selon l'entreprise de BTP, des performances environnementales élevées. « Mise en émulsion puis mélangée à température ambiante, elle est 20 fois moins consommatrice d’énergie que le bitume traditionnel et est même négative en émission de CO2 », assure Frédéric Loup.

Première expérience sur la M24

« Au-delà de ces qualités, ce revêtement est adapté à la régénération des anciennes chaussées par technique de retraitement en place grâce à un procédé, le Biochape Recytal, que nous fabriquons dans notre centre Smeg Nord », précise-t-il. Le mélange des agrégats et de l’émulsion se fait sur place ce qui évite les allers retours de camions.

En 2018, une solution technique approchante avait déjà été testée sur la M24 avec un enrobé obtenu à partir d’un mélange de granulats, d’eau et d’émulsion de bitume dosé et malaxé à froid et de la poix comme liant. Mais cette première expérimentation concernait la sous-couche de la route et avait été recouverte d’une couche de roulement. Par ailleurs, elle ne concernait qu’une petite surface (400 tonnes d’enrobés).

Test sur la couche de roulement

« Cette fois-ci, nous avons obtenu l’accord de Toulouse Métropole pour laisser ce tronçon directement en couche de roulement. C’est une première qui va nous permettre en partenariat avec le laboratoire Cerema, de surveiller l’évolution et la cohésion du produit, sa résistance aux variations météorologiques et son comportement lié au trafic des poids-lourds », explique Yann Lalain, le directeur technique régional de la région Sud-Ouest pour le groupe Eiffage.

La collectivité a en effet inclus ce projet dans son Plan climat air énergie territorial (PCAET) dont un volet concerne spécifiquement l’entretien et la modernisation du réseau routier.

Le coût de ce chantier expérimental s’élève à 630 000 euros, avec « pour l’utilisation du liant, un surcoût de 5 % sur le prix unitaire à la tonne de matériaux produit », indique Eiffage.

Selon l’industriel, ce matériau dont la mise en œuvre est équivalente à un revêtement traditionnel, présente de réelles perspectives car les ressources de poix disponibles sur le territoire sont importantes, de l’ordre de 25 000 tonnes. « L’an dernier nous avons utilisé 50 tonnes de poix pour l’ensemble de nos chantiers expérimentaux et cette année 150 tonnes. A l’avenir, en achetant plus de quantités, les prix baisseront », estime Yann Lalain.

Mais l'innovation a ses limites : en effet, une fois l’expérimentation terminée, le tronçon sera à nouveau recouvert d’une couche de roulement plus classique, en béton bitumineux ultra-mince de 2,5 cm. 

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