Marquée par une démographie toujours galopante (701 887 habitants en 2012), Saragosse fait preuve d’une ambition urbaine durable : reconquête des rives du fleuve avec l’exposition internationale de 2008, construction d’axes de communication et d’un écoquartier de 243 ha… En 2005, elle a lancé un plan de mobilité visant à doter la ville d’un réseau global de transport en commun afin d’endiguer son morcellement. Née sur la rive droite de l’Èbre, la ville est en effet constituée de formes urbaines hétérogènes mal connectées, dispersées autour d’un cœur historique compact. Grignotant les territoires agricoles alentours elle se caractérise par une périurbanisation clairsemée. La saturation des lignes d’autobus, unique offre publique jusque-là, a incité la municipalité à décider la construction d’un tramway, plus rapide à réaliser qu’un métro. Complémentaire du réseau de bus, le nouveau transport en commun en site propre (TCSP) doit favoriser l’intermodalité pour limiter l’utilisation de la voiture individuelle. La société d’économie mixte Los Tranvías de Zaragoza, créée en 2009, est chargée de la construction et de l’exploitation d’une ligne nord-sud de 12,8 kilomètres. Missionnés par la SEM, les architectes Iñaki Alday et Margarita Jover, concepteurs du Water Park (125 ha en proue du site de l’exposition internationale), en assurent l’intégration urbaine. Élargissant les enjeux du projet, ils proposent de profiter des travaux d’infrastructure pour rénover l’espace public de façade à façade. Intervenant à toutes les échelles – depuis le tracé de la ligne jusqu’au dessin du mobilier urbain – les architectes réorganisent complètement l’espace de la rue. Autour du tramway, ils structurent de nouveaux liens entre les quartiers et intègrent les éléments nécessaires aux usages de la ville contemporaine, encourageant les modes de déplacements doux dans un cadre paysagé revalorisé. « Il est courageux de faire passer le tramway par le centre-ville, profitons-en pour réordonnancer les voies traversées, qui sont peu accueillantes pour les piétons », expliquent les architectes. Une volonté manifeste sur la première phase du projet qui relie le sud de la ville à l’entrée du centre historique. Le long des 5,6 kilomètres en service depuis avril 2012, l’élargissement des trottoirs et la réduction des voies de circulation sur les artères accueillant le TCSP (de six à quatre voies dans le quartier de Casablanca, de quatre à deux voies sur le reste du parcours) ont permis d’accoler aux rails les flux à rendre prioritaires : voies piétonnes et pistes cyclables. Un système cohérent de pavage a ensuite défini la place de chaque nouvel usage. Ce schéma d’organisation s’adapte aux situations rencontrées sur le chemin du TCSP.
Esplanades aérées
Dans le quartier de Romareda, c’est la suppression des barrières végétales entre la chaussée et les terre-pleins centraux pour faire passer la ligne qui a ressuscité les confortables ramblas sous-utilisées. Aujourd’hui, piétons et vélos s’y retrouvent au cœur d’esplanades aérées de 11 m de large, protégées du trafic par les rails. Les arbres existants ont été conservés mais la vue est libérée des arbustes jusqu’aux façades. Enfin, les trottoirs disparaissent pour laisser place à un sol continu y compris au niveau des intersections. Avec ces transformations attentives à l’existant, c’est le piéton qui devient paradoxalement l’usager prioritaire de la voirie.
Lieu : Saragosse, Espagne
Maîtrise d’ouvrage : Los Tranvías de Zaragoza – Ayuntamiento de Zaragoza
Maîtrise d’œuvre : Aldayjover arquitectura y paisaje, Iñaki Alday et Margarita Jover, Jesús Arcos, arhitectes ; Bruno Remoué & associats, mobilité
Programme : intégration urbaine de la nouvelle ligne de tramway
longueur de la ligne : 12,8 kilomètres
Calendrier : études, 2009-2010 ; mise en service phase 1, avril 2012, phase 2, juin 2013
Coût : 75 M€







