La désignation, en 2017, de la France pour organiser les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 se traduit, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), par la réalisation de deux infrastructures majeures : une gare du Grand Paris, avec un franchissement des voies ferrées de la gare du Nord, et une passerelle entre la ville et L'Ile-Saint-Denis, reliant les deux rives du futur village olympique. Le secteur du quartier Pleyel se retrouve, dès lors, engagé dans une métamorphose urbaine de grande ampleur, où prend place la réalisation de 124 logements et un commerce, lancée au début des années 2010 pour remplacer un bâti insalubre.
Sente publique en cœur d'îlot. Portée par deux promoteurs, Emerige et Eiffage Immobilier, l'opération conçue par l'agence Philippon-Kalt se développe entre les boulevards Anatole-France et Ornano, sur une parcelle de 180 m de long par 80 m de large. Sur la première artère, profitant du dégagement de la place des Pianos, s'élève un immeuble de 10 à 13 étages ; sur la seconde, un édifice de six à huit niveaux. Entre les deux, le bâti de deux à trois étages borde un jardin aménagé en cœur d'îlot, relié de part et d'autre aux boulevards par deux porches monumentaux. Ce passage, ouvert de jour, répondait à l'obligation de ménager une sente publique sur l'emprise. Neuf maisons de ville en duplex entourent cet espace. Leur rez-de-chaussée est occupé soit par un commerce, soit par des locaux à vélo et/ou techniques.
« La question de la hauteur s'est tout de suite posée, compte tenu de la présence imposante de la tour Pleyel voisine au milieu de constructions basses. Finalement, en la limitant à 48 m, nous évitions de rentrer dans la catégorie IGH tout en conservant la possibilité de concevoir un cœur d'îlot. Nous avons travaillé sur la fragmentation de l'échelle afin de combiner notre projet au bâti existant, tout en l'accordant aux gabarits projetés, même si aujourd'hui, le plan local d'urbanisme interdit de dépasser le R + 7 », fait valoir l'architecte Brigitte Philippon, associée de l'agence.
Un projet biface. Les deux immeubles affichent des visages différents. Côté Anatole-France, la façade ouest est agrémentée d'un système de balcons filants équipés de garde-corps en métal déployé qui forment une résille protectrice vis-à-vis de l'espace public. Leur assemblage décalé crée de larges bandes horizontales crantées qui mettent en mouvement la lumière. Par une organisation en gradins, certains appartements bénéficient de terrasses au sud.
Côté Ornano, la variation des hauteurs assure une transition visuelle avec l'épannelage disparate des immeubles voisins. Sur les deux façades est et ouest (donnant respectivement sur le boulevard et sur l'îlot), de grands cadres de béton en saillie regroupant deux à trois niveaux renforcent cette impression. Ces cadres abritent les terrasses et balcons dont chaque appartement est doté. En plus de ces espaces extérieurs privatifs généreux qui caractérisent l'opération, des terrasses collectives équipées de bacs potagers sont aménagées en toiture. A partir du trois-pièces, tous les logements, en duplex comme en simplex, sont traversants entre boulevard et jardin, ou à double orientation avec des séjours d'angle. Enfin, sur l'intérieur de l'îlot, l'immeuble locatif domine avec sa façade en béton lasuré blanc, quand les maisons intermédiaires construites en brique de terre cuite alvéolaire, structure poteau-dalle et vêture en bois, ramènent, elles, à une échelle volontiers domestique.
Maîtrise d'ouvrage : Emerige et Eiffage Immobilier.
Maîtrise d'œuvre : Philippon-Kalt, architectes ; Odile Lesassier et Alice Vallier, cheffes de projet. BET : AD Structures (structure), IB Bati (fluides, thermique), AT3E (acoustique), MCH (économiste).
Entreprise générale : Eiffage Construction Résidentiel.
Surface : 9 800 m2 SP pour les logements et 1 000 m2 pour le commerce.
Calendrier de l'opération : mai 2018-décembre 2020.
Coût des travaux : 17 M€ HT.
