« Météo France vient de confirmer que 2022 était, avec 2,3 °C au-dessus des normales de la période 1991-2020, l’été le plus chaud en France métropolitaine depuis le début des mesures en 1900. La température a ainsi atteint à Nantes 42 °C le 18 juillet dernier. Ces situations extrêmes pourraient devenir la norme en 2050 ».
Ainsi était introduite l’invitation de la conférence de presse de Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole, proposant de découvrir « les mesures d’urgence et l’anticipation pour renforcer la résilience du territoire nantais ». On aurait donc pu s’attendre à mesures fortes, voire radicales à l’image des déclarations des représentants des différentes composantes de la majorité municipale que Johanna Rolland qualifie de « sociale écologie ».
Au lieu de ça, l’élue, accompagnée deux vice-présidents (Robin Salecroix et Tristan Riom en charge respectivement de l’eau de la transition énergétique), a annoncé une série de dix mesures, certes intéressantes, mais loin d’être aussi extrêmes que les épisodes climatiques que nous avons connus cet été. Elles viennent renforcer une stratégie volontariste initiée par Jean-Marc Ayrault depuis 2013, date à laquelle Nantes a été désignée « capitale verte de l’Europe ».
Réutilisation des eaux pluviales et mousseurs
Dans le domaine de l’eau, la métropole s’est déjà engagée dans un lourd programme d’investissements (460 millions d’euros sur le mandat). Mais pas de révolution à venir, notamment sur la réutilisation des eaux usées traitées (Reut). La France est pourtant terriblement en retard dans ce domaine (1 % seulement de réutilisation) même si des initiatives commencent à voir le jour, notamment dans la région avec Vendée Eau. Alors que le département de Loire-Atlantique est placé en crise eau potable de niveau 4, la métropole continuera donc à utiliser majoritairement de l’eau potable pour arroser ses espaces verts. Une exception avec l’eau des 16 pataugeoires publiques qui pourra dorénavant être réutilisée. Les horaires d’ouverture de ces dernières seront d’ailleurs élargis à partir de l’été prochain.
En 2023, la métropole contribuera heureusement au Schéma directeur département de la sécurisation en eau potable. A ce titre, un nouveau site de pompage dans la Loire devrait voir le jour a annoncé Johanna Rolland. Un programme d’actions pour économiser l’eau consommée par la métropole a également été lancé avec une réutilisation des eaux pluviales pour le nettoyage des rues avec de l’eau récupérée dans les 14 centres technique de la métropole. Enfin, un système d’arrosage « goutte à goutte » pour les jeunes arbres va être étendu en passant de 20 à 1 000 sujets. Pour les particuliers, l’achat de récupérateur d’eau sera subventionné à hauteur de 50 euros et chaque foyer pourra recevoir gratuitement des mousseurs de robinets économe en eau.
-1 °C pour les piscines
Dans le domaine de l’énergie aussi la métropole, qui compte parmi les bons élèves en France, réaffirme son objectif d’atteindre les 100 % d’ENR en 2050 et présentera un nouveau plan d’action en décembre.
Elle va également poursuivre les actions engagées en développant les réseaux de chaleur qui couvrent déjà 12 % du territoire et les infrastructures photovoltaïques (sept ont été mises en service en 2022 et 10 sont à venir dans les prochains mois).
Des expérimentations sont encouragées comme celle en cours sur l’île de Nantes où un groupement composé de Legendre Energies, LAD-Sela et Enercoop est en train de mettre en œuvre une des plus grandes opérations d’autoconsommation collective à l’échelle d’un quartier (soit près de 2 000 logements et bureaux).
La métropole ne s’est guère étendue sur l’état d’avancement de son parc immobilier pour répondre aux fortes exigences gouvernementales du décret Tertiaire mais plusieurs mesures de sobriété ont été prises : baisse de 1 °C de l’eau et de l’air dans les piscines, suppression de l’eau chaude dans les bureaux municipaux et métropolitains, extinction de l’éclairage nocturne de bâtiments publics comme l’Hôtel de ville, le théâtre Graslin ou le château.
Végétalisation verticale
Le troisième volet de mesures porte sur l’adaptation de la ville aux fortes chaleurs.
Là encore, pas de mesures radicales comme une révision du Plan local d’urbanisme métropolitain (PLUm) qui inclurait par exemple une sanctuarisation des arbres. A la place, des chantiers de végétalisation verticale vont être lancés dès cet hiver sur la Manufacture, les mairies annexes, deux gymnases et quelques crèches.
Dans le cadre de son plan « pleine terre » lancé l’année dernière, la Ville de Nantes étudie la désimperméabilisation d’un hectare en centre-ville, qui s’ajoutera aux sept déjà annoncés.
Plus largement, au sein du pôle métropolitain, la collectivité a annoncé qu’elle se mobilisera aux côtés du département, de la région et de l’Etat pour trouver 50 ha de terrain pour permettre à l’ONF de mener des expérimentations sur les espèces d’arbres et végétaux mieux préparés au changement climatique.
Journée sans voiture
Enfin, notons que pour la première fois de son histoire, Nantes organisera une journée sans voiture. Là encore, une initiative bien timide. Elle se tiendra le 18 septembre, mais sera limitée à une partie du centre-ville. Ce moyen d’action n’est pourtant pas nouveau. Il trouve son origine dans plusieurs villes européennes en 1956 en pleine crise du canal de Suez où le prix des carburants avait explosé. En France, La Rochelle fut la première à réserver son centre-ville aux piétons et mobilités douces. C’était en 1997.