Titulaire du marché de partenariat signé en janvier 2019 avec la Métropole Nice-Côte d’Azur, la Société du MIN d’Azur et Bouygues Construction(1) ne réalisera probablement pas le marché d’intérêt national (MIN) au sein de la ZAC de la Baronne, aménagée par l’établissement public d’aménagement EcoVallée à La Gaude, au nord de la plaine du Var et à l’ouest de Nice (Alpes-Maritimes).
L’information circulait depuis plusieurs semaines. Elle a été confirmée, ce jeudi 15 décembre, par Christian Estrosi, maire de Nice et président de la Métropole, lors d’un discours d’une heure tenu à l’hôtel de ville en présence de ses adjoints et de représentants du monde économique et de l’hôtellerie niçois. Pensée pour faire le point sur les grands projets de la cité azuréenne, cette déclaration avait pour objectif de rassurer. En effet, du déménagement du MIN dépend une série d’opérations structurantes.
Opération à tiroirs
D’abord, en lieu et place du site occupé par la halle aux fleurs du MIN actuel, la métropole prévoit de réaliser un parc des expositions et des congrès (PEC) dont une première tranche doit entrer en fonctionnement en 2025. Lui aussi, remplacera un autre existant installé au sein de l’Acropolis. La démolition de ce dernier, « vétuste et inadapté », selon Christian Estrosi, doit démarrer en début d’année prochaine pour permettre de prolonger vers l’est la coulée verte qui court déjà le long du Paillon.
Le retard pris dans le projet de construction du MIN dans la ZAC de La Baronne, dont la livraison était initialement prévue en 2021, risquait de compromettre le calendrier bien établi de cette opération à tiroirs. Plusieurs recours devant les tribunaux, dont certains en cours du collectif associatif (Capre 06), qui bataille pour des raisons écologiques contre le déplacement du MIN à La Gaude, ont repoussé à chaque fois le lancement du chantier, et cela, malgré un premier permis de construire obtenu en janvier 2021.
Rallonge de 15 millions d’euros
Dans ce contexte, le groupe Bouygues a fini par solliciter une rallonge de 15 millions d’euros, « soit une augmentation de 15 à 20 % par rapport au coût initial de construction », a déclaré Christian Estrosi, ajoutant que la Métropole « n’est pas prête à verser ce montant, correspondant à ce que le groupement estime comme dépenses engagées pour les études sur l’implantation du MIN. Elle n’a pas vocation à venir compenser les difficultés financières d’un partenaire privé pour financer un projet public d’intérêt régional ». Confirmant que Bouygues a demandé la résiliation du contrat la liant à la Métropole, il a précisé « qu’avec les juristes, ils étudient les modalités et conséquences de la résiliation. Si elle devait être confirmée, elle se ferait à coût maîtrisé et représenterait pour la Métropole une économie par rapport au projet initial, d’une part, et au projet réévaluée de Bouygues, d’autre part ».
D’après le quotidien régional Nice Matin, « Outre les 67 millions nécessaires pour reconstruire le MIN à La Baronne, le contrat de partenariat public privé conclu avec la société de projet prévoit que l’opérateur en assurera la gestion durant trente-cinq ans contre une redevance annuelle de 5,2 millions d’euros hors taxe. Or le budget du MIN actuel est deux fois moins élevé et ses recettes de fonctionnement n’excèdent pas 1,4 million d’euros. Même en renégociant à la hausse les indemnités d’occupation acquittées par les grossistes et producteurs, le compte n’y est pas », estime Nice Matin.
Toujours d’après le quotidien, la Métropole « a d’ailleurs déjà dû consentir à verser une indemnité de 3,5 millions d’euros au consortium Bouygues-Exterimmo en mai 2021 pour le dédommager du retard pris par ce projet ». Il devait en effet être livré en 2021.
Appels à projets en 2023
Voulant être rassurant, Christian Estrosi a ajouté que cela n’obère pas le projet de la ZAC de La Baronne à La Gaude, ainsi que la réalisation du parc des expositions et des congrès sur le site de la halle aux fleurs du MIN dans le quartier du Grand Arénas. Pour cela, les activités des grossistes seront transférées, « sous réserve de l’accord du préfet », dans un entrepôt à Saint-Laurent-du-Var, commune membre de la métropole Nice Côte d’Azur située à l’ouest de Nice.
Quant au MIN alimentaire, il trouvera une nouvelle place dans un lieu encore à identifier mais « dans les meilleures conditions, à surface équivalente, et sans rupture d’activité », a pointé l’édile. A cet effet, la Métropole va lancer « un appel à projets en vue de recenser les sites publics et privés » avec pour objectif du choix du lauréat en mars 2023.
A cette même date, la société publique locale Côte d’Azur Aménagement, concessionnaire de la Métropole, aura lancé un appel à projets pour réaliser le futur parc des expositions et des congrès au sein d’un quartier renouvelé. Le montant de ce projet de complexe multifonctionnel (hall d’exposition de 60 000 m2, salle de congrès de 4 000 places, auditorium de 700 places) est évalué à 200 millions d’euros, hors foncier et hors programme immobilier d’accompagnement (hôtellerie, restauration, etc.). L’enjeu est de désigner un opérateur capable de réhabiliter et d’étendre la halle aux fleurs du MIN actuel puis d’exploiter l’équipement livré en deux tranches : en 2025, puis en 2027
(1) Groupement réunissant Exterimmo (exploitant), Bouygues Bâtiment Sud-Est, Bouygues Energie & Services, Linkcity, ANMA - Architectes Urbanistes (agence de Nicolas Michelin), ABC Architecte, Cedre, Diagobat, Dalkia, FL Conseil.