A L’Arbresle, la résurrection du couvent de la Tourette

Feuilleton 7/9 -

Quatre ans après sa fermeture, le couvent de la Tourette (1953-1960) à L’Arbresle, dans le Rhône, a rouvert ses portes aux moines et aux visiteurs en février 2010. Trois de ses quatre ailes sont aujourd’hui restaurées, et le béton d’origine fortement consolidé. Les derniers travaux, sur le 4 e côté du cube (église, crypte et sacristie), doivent débuter à l’automne.

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Le couvent de la Tourette a rouvert ses portes après quatre ans de silence. Non que les lieux ne fussent habitués à ce calme, mais les moines dominicains comme les visiteurs n’étant plus en sécurité avaient pris leurs quartiers ailleurs. Le bâtiment, vieilli, n’était plus sûr. L’église est encore fermée et sa restauration, ainsi que celle de la crypte et de la sacristie, doivent commencer en octobre prochain. Dans les trois autres ailes, « les bétons ont été sondés, de la résine injectée aux endroits devenus trop fragiles, tous les vitrages remplacés par des matériaux plus isolants et plus résistants. L’étanchéité des terrasses a également été refaite », explique le frère prieur Alain Durand. Les 7 millions d’euros sont financés par le ministère de la Culture, la région Rhône-Alpes, le département et les communes d’Eveux et de L’Arbresle et les propriétaires.

Restauration par petits bouts

La restauration du couvent, classé Monument historique en 1979, se fait par petits bouts. Soutenue par deux mécènes, Spie- Batignolles et Velux, elle rappelle les conditions de la construction des lieux souhaités par le père Alain Couturier à la fin des années 1950. Econome et austère, l’ordre des Dominicains était déjà pauvre et peina à boucler ce projet dont le budget augmenta en cours de route pour passer de 172 à 240 millions de francs. Le Corbusier, alors occupé par Chandigarh et la chapelle de Ronchamp, se laissa convaincre. L’architecte était séduit par l’idée de marier à ses réflexions sur le sacré l’expérience de ses unités d’habitation. A côté de l’église et du cloître, les moines voulaient des cellules, un réfectoire, des parloirs, une bibliothèque. Le tout sans aucun luxe, dans le simple respect des fonctions vitales, le silence, une température suffisante pour travailler et des allées et venues réduites au minimum. Le programme comme le manque d’argent poussèrent à une économie de la construction et au choix de matériaux dont la détérioration est visible cinquante ans après. Y compris des malfaçons sur les huisseries des ouvrants ou les « fleurs de béton », ces petits ouvrages extérieurs au droit de certaines fenêtres, dessinés pour guider la lumière à l’intérieur. Le couvent fut finalement peu habité. La grande ambition du père Couturier arrivait à contretemps : peu après la livraison de ce projet conçu après guerre pour répondre au regain des vocations, Vatican II et Mai 68 vinrent souffler un autre vent sur la société. Les frères dominicains ne furent jamais cent. La communauté se réduit aujourd’hui à une dizaine de personnes qui assurent aussi l’hébergement des visiteurs. Des retraites individuelles et en groupes sont accueillies dans une soixantaine de chambres, « bien chauffées », assure le frère Durand. Des écoles d’architecture viennent y tenir des séminaires pour tenter de percer les mystères de Le Corbusier ou ceux de la foi. Des demandeurs d’asile encadrés par le Secours catholique et l’association Forum réfugiés y font halte quelques semaines parfois. En 2009, le centre culturel de rencontre, la structure laïque, fut mis en liquidation judiciaire. Depuis, les frères organisent eux-mêmes le programme des visites et des rencontres spirituelles. Le classement différé de l’œuvre de Le Corbusier au patrimoine mondial de l’Unesco, décidé au début de l’été, ne semble pas atteindre le frère Durand. « Cela ne nous aurait pas apporté de subventions supplémentaires, peut-être des visites en plus », dit-il. Il se réjouit en tout cas de retrouver le couvent comme il l’a connu « neuf » en 1960, avec des bancs blancs et du béton sans mousse.

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