L'INNOVATION Compart mise sur la R&D
« Nous consacrons plus de 30 % de notre chiffre d’affaires en recherche et développement (R&D) », avoue le président de Compart, Jean Sauttreau. La PME gardoise, spécialisée dans le développement de solutions de compartimentage coupe-feu, a le statut de jeune entreprise innovante, créé par la loi de finances pour 2004. « Notre vocation est d’innover en permanence, de développer et de fabriquer des solutions coupe-feu clé en main. » L’entreprise a déposé un brevet international pour une mousse résistant au feu sans dérivés halogénés ; appliquée dans les trous situés dans les voiles et les planchers autour des passages de câbles, elle freine l’expansion du feu et des fumées. Septembre 2006, Compart commercialise une nouvelle mousse, produit bi-composant prêt à l’emploi bénéficiant, selon son président, « du plus gros taux d’expansion du marché » (la mousse gonfle près de 12 fois). « Nos clients sont les entreprises qui la mettent en œuvre sur les chantiers », qu’il s’agisse des entreprises d’électricité, de gros œuvre ou des applicateurs spécialisés. Mais pour Jean Sauttreau, l’avenir est ailleurs. « Nous venons de signer un partenariat avec un industriel (dont il tait le nom, NDLR) qui va distribuer notre mousse sous son nom au niveau européen. Ce sera à terme l’essentiel de notre activité : fabriquer des produits innovants clé en main pour des industriels qui les distribuent sous leur propre nom. D’ici quelques années, 80 % de notre chiffre d’affaires sera réalisé à l’international », est-il convaincu . La R&D est plus que jamais le nerf de la guerre. «C’est la raison pour laquelle nous venons de nouer un partenariat avec l’Institut français du pétrole, premier centre de recherche privé en France. Il nous apportera son savoir-faire technologique et son soutien en matière de protection industrielle notamment» . Dès à présent, Jean Sauttreau annonce la sortie d’une nouvelle mousse à destination du bâtiment lors du Salon Expo Protection en novembre prochain. Toujours innover.
LA REACTIVITE Chez Cydonia, on travaille en temps réel
« Nous prenons les plans des architectes ; nous les modélisons en 3 dimensions et produisons ensuite des images de synthèse du projet implanté dans son environnement », explique Julien Gourlet, gérant. Sur cette activité image, qui représente les 3/4 du chiffre d’affaires de la PME lorraine, Cydonia a séduit à ce jour une trentaine de clients architectes ou promoteurs immobiliers et quelques industriels. « Nous avons réalisé, pour Sogea, les visuels d’une future station d’épuration dans son environnement. Cela a rassuré les riverains. » La PME mise sur l’industrie pour se développer. Mais le marché de l’image est exigeant, concurrentiel. « La réactivité est notre maître mot. Très souvent, nos clients nous demandent la production d’images pour le lendemain. Même si nous nous sommes organisés en conséquence, cela nous pose des problèmes de planning et de lisibilité », admet Julien Gourlet. Pour y pallier, Cydonia développe en parallèle une activité vidéo, qui se caractérise par de meilleures marges et des délais moins tirés. En un an, la PME a réalisé 8 vidéos, dont deux séquences de 15 secondes sur le château de Grimont à Saint-Julien-lès-Metz réhabilité en appartements de luxe, un film de 2 minutes représentant une nouvelle agence du Crédit agricole dans les Ardennes ou encore la vidéo d’un lot de 27 maisons lancé dans le cadre de l’appel à propositions CQFD du ministère de la Cohésion sociale. Dernièrement, Cydonia a ajouté une troisième corde à son arc : les images interactives. Le client peut se déplacer dans le projet et tester différentes options (couleurs des matériaux, aménagements intérieurs…).
DES SERVICES A LA CARTE Altinnova colle à la demande des clients
Avril 2003, l’entreprise nordiste se lance avec un produit, sa station Rando ; elle permet aux amateurs de VTT de laver leur vélo, de le gonfler, le réparer, d’accéder à des bornes d’information. «Nous en avons vendu trois. A partir de ce produit haut de gamme, nous avons développé une gamme de stations modulables (Altao Modulo), plus légères et moins chères. Le client choisit le service dont il a besoin. Chaque station peut inclure de 1 à 5 services. C’est devenu notre produit phare», reconnaît sa présidente, Corinne Verdier. «Les collectivités locales, les stations de remontées mécaniques et autres magasins de cycles sont nos principaux clients. Pour faire face à notre croissance, nous allons embaucher un technicien pour nous aider à installer nos stations. » La PME a également procédé à deux augmentations de capital, l’une fin 2005 auprès d’une société de capital-risque, l’autre en mars 2006 avec un business angel. Depuis le début d’année, la gamme de produits s’est encore étendue : elle a développé des stations de gonflage adaptées au milieu urbain (Lyon, Courtray en Belgique en ont installées), des systèmes de stationnement de vélos pour les villes, des stations de lavage mobiles de VTT pour les compétitions, mais aussi des bornes d’alimentation en eau et en électricité pour les plaisanciers. « Nous travaillons beaucoup pour les voies vélo-routes et voies vertes ; ces itinéraires, accessibles aux piétons et aux cyclistes, sont souvent installés le long d’anciennes voies ferrées ou de halage. En complément de nos stations Modulo, nous avons développé ces nouvelles bornes. » Au-delà de cette gamme complète, Altinnova dispose d’un second atout : le design de ses produits. « Nous effectuons une recherche design sur l’ensemble de nos installations. » Dès sa création, l’entreprise a compté en son sein un designer ; celui-ci continue aujourd’hui de travailler pour la PME comme indépendant. « Le secret de notre développement est notre capacité à innover et à coller aux demandes du marché en lançant de nouveaux produits. »
LE FINANCEMENT JetLine s’appuie sur un investisseur privé
« Un gros industriel nantais en matériel de fabrication, doté d’un grand esprit d’analyse et d’un sens inné des affaires ». Tel est le profil de l’homme vers qui se tourne Bernard Camus, le président de JetLine, lorsqu’il a besoin d’argent frais. « Sans lui, j’aurais déposé le bilan dès la première année, faute de trésorerie, tranche-t-il. Les banques refusaient de me prêter plus de 20 000 euros. Or, travaillant avec des DDE, je dois faire face à de longs délais de paiement. » Entré au capital de JetLine un an après sa création, l’investisseur fait entièrement confiance à Bernard Camus pour toute la partie technique. « Je résous mes problèmes techniques sans lui », admet-il. En contrepartie, l’industriel lui prodigue des conseils financiers et intervient sur la stratégie de l’entreprise. « Il m’aide énormément, avance le dirigeant, et me guide dans la prise de décisions relatives au développement de la société. » Ainsi, JetLine, qui jusqu’alors s’était spécialisée dans la vente de pistolets billeurs et de visubilles permettant de mieux doser les billes de verres sur les bandes blanches, propose depuis l’an dernier des camions de marquage routier. « A l’origine, je pensais les vendre aux DDE. C’est mon investisseur qui m’a suggéré de les proposer à la location ; je n’y avais pas pensé. » Aujourd’hui, cinq camions sont en circulation… Si le président de JetLine tient son investisseur informé de l’état de sa trésorerie tous les mois, les deux hommes ne se rencontrent guère plus de deux ou trois fois par an. Il faut dire que les deux patrons sont bien occupés. Bernard Camus gère seul 180 fournisseurs, 5 gros sous-traitants, une centaine de DDE et entend encore déposer 3 ou 4 brevets d’ici la fin de l’année – en plus des 13 existants. Quant au mystérieux investisseur, non content de piloter « tout un grand groupe », il a également investi dans d’autres entreprises en création.
LA DEMARCHE COMMERCIALE Ergelis a deux fers au feu
A l’évidence, le créneau est porteur, quoiqu’encore naissant. Ergelis propose aux exploitants de bâtiments tertiaires de réaliser des économies sur leur facture d’électricité. Le secret d’Ergelis réside dans un système de pilotage à distance des installations électriques, climatiques ou de chauffage. «Nous installons un automate connecté sur notre ordinateur central, commente son président, Benoît Dubois-Taine. L’entreprise cliente souscrit un abonnement d’un an. Notre système devient intéressant à partir d’une facture annuelle de 45 000 euros environ» , avoue-t-il. Pour commercialiser son offre, Ergelis a deux fers au feu. «Nous vendons en direct auprès des grands comptes privés les systèmes d’abonnement.» Une dizaine de sites sont actuellement équipés : des usines, des immeubles de bureau (dont le siège de Vinci à Rueil), deux magasins, un hôtel… L’ objectif étant d’avoir une trentaine de sites en abonnement. Ergelis compte également vendre son système via des partenaires prescripteurs. «Nous avons signé un partenariat avec Schuco, spécialiste de l’enveloppe du bâtiment. Notre produit est intégré à leur démarche commerciale, même si c’est nous qui l’installons derrière. Nous avons d’autres partenariats en vue avec des fournisseurs d’énergie ou des exploitants de système de chauffage.» Enfin, la jeune entreprise innovante prépare une V2 de son système pour aborder le marché des particuliers et des maisons individuelles. «Là aussi, nous passerons par des intermédiaires» prévoit déjà Benoît Dubois-Taine.
UNE MARCHE PORTEUR VBC 3000 a su attendre son heure
En 1992, Jean-Louis Sévêque et François Xavier Faure (créateurs, avec Henry Straumann, de VBC 3000) évoquent pour la première fois la possibilité de recycler les boues des industriels. Ils créent alors une association pour réfléchir à cette problématique. En vain. «Il fallait faire de gros investissements en recherche et développement pour prouver que cela pouvait marcher, développe Jean-Louis Sévêque. Or, il n’y avait à l’époque aucune volonté politique.» Donc pas de financement. L’association se dissout. Puis en 2003, surgit une problématique voisine : la gestion des boues de stations d’épuration. «On produisait de plus en plus de boues, or les populations locales étaient de plus en plus réfractaires à l’épandage, explique le co-créateur. Du coup, les collectivités étaient demandeuses d’une alternative pour leur valorisation.» Les trois comparses proposent alors de les incorporer dans une matrice argileuse pour en faire des matériaux de construction. Cette fois, ils n’ont pas de difficulté pour faire financer leurs études par Oseo-Anvar de Normandie. «C’est la prise de conscience ‘‘ environnementale ’’ des populations et, du même coup, la prise de conscience politique, qui nous ont permis de montrer que notre procédé fonctionnait et ne présentait aucun danger» , reconnaît Jean-Louis Sévêque. Aujourd’hui VBC a déjà créé une unité en Mayenne et au moins deux autres devraient voir le jour d’ici 2008. «Notre solution est la meilleure alternative à l’épandage, tranche le co-fondateur, car elle s’inscrit pleinement dans le développement durable.»
LE RESEAU Sequoïa s’est entourée de gens fiables
Xavier Coquel n’est pas le genre de patron à fréquenter les clubs privés. Son réseau, il se l’est constitué presque par hasard, au fil des rencontres. D’ailleurs, le dirigeant de Sequoïa, entreprise spécialisée dans la construction en bois, aime à raconter que « tout a commencé lorsqu’(il) était chanteur dans un groupe lyrique à Angers… » Première rencontre déterminante : Régis Aubry, intervenant dans une boutique de gestion. « Pendant un an, tous les vendredis après-midi, il m’expliquait comment gérer une entreprise, explique cet ancien Compagnon du devoir. Aujourd’hui encore, dès que j’ai un problème de gestion, je l’appelle. » Autre rencontre phare : l’architecte Jean-François Chaumette, avec lequel il a déjà réalisé trois maisons complètes et six restaurations de bâtiments. « J’aime notre complémentarité, souligne Xavier Coquel. Avec lui, c’est facile de travailler. Même si nous sommes devenus de vrais amis, une fois sur le chantier, je reste un charpentier. » Depuis, d’autres architectes ont rejoint son cercle (Jean-Loup Partriarche, Bruno Foucal, Michel Thomazeau…) avec lesquels il construit des maisons «haut de gamme» un peu partout en France. A ses débuts, Xavier Coquel se montrait moins sélectif, désireux de se forger une crédibilité et d’afficher de belles références. Désormais, notoriété aidant, ce patron atypique, qui reconnaît avoir besoin «de liberté et de bonheur», choisit ses clients et partenaires. Enfin, maillon fort de son réseau, ses salariés : « des charpentiers et menuisiers passionnés qui donnent une réalité à la notion de ‘‘ belle ouvrage ‘‘ vantée par le patron », conclut-il.
« Notre créneau est de fabriquer des produits innovants clé en main pour des industriels qui les distribuent sous leur propre nom. »Jean Sauttreau,président de Compart
« Quand nous avons créé la société, nous avions déjà l’idée d’apporter une gamme complète de services pour les aménagements cyclistes.»Corinne Verdier,présidente d’Altinnova
«La réactivité est notre maître mot. Très souvent, nos clients nous demandent la production d’images pour le lendemain.» Julien Gourlet, gérant de Cydonia
«Nous commercialisons notre système en direct ou par l’intermédiaire de partenaires prescripteurs.» Benoît Dubois-Taine, président d’Ergelis
«Notre solution s’inscrit dans la problématique actuelle de développement durable. » Jean-Louis Sévêque, co-fondateur de VBC 3000
«Les gens qui travaillent avec nous cherchent avant tout un état d’esprit.» Xavier Coquel,gérant de Sequoïa
« Si cet industriel n’avait pas investi dans l’entreprise, j’aurais rapidement déposé le bilan, faute de trésorerie.» Bernard Camus, président de JetLine
