Présidé par Nora Berra, députée européenne et ancienne Secrétaire d'Etat chargée des Aînés, le colloque « Bien Vieillir en France », premier rendez-vous organisé par Entreprendre Ensemble, s’est tenu le 19 juin. Soulignant que « les ainés sont une force et une chance pour notre pays », Nora Berra a insisté sur la nécessité de mettre en place une politique globale d’adaptation de l’urbanisme, des services et de l’habitat. Les intervenants se sont ensuite succédés pour avancer leur proposition en la matière.
Un marché de 24 milliards d’euros pour les entreprises du bâtiment
Comme l’a souligné Isabelle Rougier, directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), « 85% des personnes de plus de 60 ans vivent dans un logement privé ». Le maintien à domicile reste donc la norme et rend nécessaire l’adaptation des logements. Adaptation qui pourrait inclure, dans le cadre d'un bouquet de travaux, la rénovation énergétique. La directrice de l’Anah estime à deux millions le nombre de logements privés qui nécessiteraient une adaptation. Un marché extrêmement important de "chantiers locaux" qui représenterait 24 milliards d’euros de travaux dans les dix prochaines années pour les petites entreprises du bâtiment. Elle poursuit son analyse en expliquant que ces chantiers auraient un coût moyen de 5 000 euros par ménage. Isabelle Rougier regrette toutefois la manque de sensibilisation du public à cette problématique, qui n'est "pas une priorité aujourd'hui". L’Anah a anticipé les éventuels obstacles financiers en faisant bénéficier les individus en situation de précarité d’aides financières (la majorité des personnes de plus de 60 ans propriétaires de leur logement sont élligibles aux aides de l'Anah).
L’agence intervient aussi dans le cadre d’opérations programmées avec les collectivités locales. A ce jour, 250 opérations de cet ordre sont conduites en France avec les intercommunalités. Un chiffre relativement réduit, du fait de la faible participation des territoires : seul 25% d’entre eux se sont lancés dans ces opérations. Et de conclure que le dernier enjeu du vieillissement de la population sur le paysage immobilier français tient à la restructuration des bourgs et centres anciens. Isabelle Rougier invite ces quartiers à développer une offre locative adaptée aux personnes âgées. Un moyen de repeupler des espaces habituellement délaissés et d’offrir aux personnes âgées une solution d’hébergement adaptée à leur situation.
Priorité au maintien à domicile des personnes âgées
Jean-Pierre Aquino, président du Comité « Avancée en âge », persuadé que « nous sommes dans une dynamique de progrès où nous avons tout un tissu organisationnel à moderniser », a avancé deux pistes pour adapter le logement aux personnes âgées. Le logement intermédiaire, qui viendrait rompre l’actuel modèle binaire offrant un choix restreint entre l’EHPAD et le domicile, vise à entretenir l’autonomie dans le logement collectif. Les éco-quartiers intergénérationnels constitueraient une autre solution, permettant aux habitants de bénéficier d’un environnement relationnel important, organisé autour de services de proximité. Des projets soutenus par Philippe Vitel, Président de l’Association « Vieillir en France », qui entend « faire du maintien à domicile une priorité ». M. Vitel s’est chargé de rappeler que seulement 6% des logements français étaient adaptés aux personnes âgées, et que le Président de la République avait pour objectif d’en créer 85 000 lors de son quinquennat.