Visite de l'agence d'architecture BIG à Copenhague
Marie-Douce Albert, envoyée spéciale à Copenhague
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Credo Bjarke Ingels se décrit comme un "utopiste pragmatique". En effet, demande-t-il, pourquoi en faire moins quand on peut offrir plus ? Il brandit son optimiste credo jusque sur le palier de l'agence, avant même la porte d'entrée. Cette combinaison maline du "Less is More" de Mies van der Rohe et du "Yes we can" de Barack Obama est aussi le titre d'un livre et de l'exposition qui en est tirée, actuellement présentée à Bordeaux, à Arc-en-rêve.
B et I pour… Diplômé en 1999, l'architecte Bjarke Ingels (ici à gauche) a déjà mené un parcours ambitieux qui lui permet de prétendre au statut de "starchitecte" alors qu'il a 36 ans (il est né en 1974). Partout dans le monde, il représente son agence avec énergie et un indéniable charisme. Mais, il ne manque pas de rappeler qu'il n'est pas seul dans l'affaire.
G… pour Group A ceux qui trouveraient que l'appellation "BIG" a un petit côté vantard, voire égocentrique, Bjarke Ingels rétorque : "Le G, c'est pour groupe. Nous sommes une équipe." Ses membres, passés de 40 à une centaine en l'espace de cinq ans, ont même un petit nom de famille : les "Bigsters".
Who’s where ? Avec sa centaine de collaborateurs, l'agence n'a pas tant besoin d'un "Who's who" que de savoir "qui est où ?". Au gré des projets, les Bigsters ont essaimé un peu partout. Jusqu'au Kazakhstan !
La grande bibliothèque d’Astana En version maquette, la structure en aluminium de la future Bibliothèque nationale actuellement en cours de construction dans la capitale du Kazakhstan. Dix personnes ont pris leur quartier à Astana pour ce chantier lancé en octobre 2009 et qui doit s'achever en décembre 2012. Le monument doit apparemment être achevé avant la fin du mandat du puissant président Noursoultan Nazerbaïev. Une course de vitesse dans une ville où la température peut tomber jusqu'à -40°C en hiver...
BIG in Big Apple L'agence danoise a ouvert un bureau il y a quelques semaines à New York. Pour quel projet ? Mystère. Il est encore confidentiel et sa maquette, à l'exception de ce détail, invisible.
Micro-société Le petit monde des Bigsters est peuplé de jeunes gens. La moyenne d'âge ne dépasse pas 27 ans et les femmes sont aussi nombreuses que les hommes. Et ils sont très studieux. "Pendant la semaine c'est toujours comme ça, mais le vendredi après-midi, on est déjà plus relax. Il y a de la musique", assure une des architectes de l'équipe.
Centre névralgique BIG attache une grande importance aux maquettes. Pas étonnant alors que l'atelier soit au centre de tout.
Français en terrain BIG Croisés au détour de l'atelier de maquettes, Alexandre Carpentier (à gauche) et Baptiste Blot (à droite) sont à l'agence depuis quelques mois. Le premier vient de l'école d'architecture de Lyon, le second de Versailles.
Matériauthèque Les étagères de fournitures de l'atelier de maquettes débordent. "Franchement on pourrait ouvrir Castorama", plaisantent les deux jeunes Français qui s'avouent impressionnés par les moyens mis à disposition par l'agence danoise.
L’intruse Cosmopolite, BIG l'est aussi dans ses travaux. Sur les tables, les étagères, une profusion de maquettes raconte des histoires de chantiers ou de concours à Shenzhen, Dubaï ou la Nouvelle-Orléans. Au milieu, la Fernsehturm de Berlin joue les intruses gonflées.
Vous avez dit Kibisi ? Autre jeu de lettres à l'agence BIG : Kibisi. C'est l'addition de Kilo Design+BIG+Skibsted Ideation : les trois entités ont créé ce studio de design, installé dans les mêmes bureaux de Nørrebro. Bien des meubles de l'agence sortent de l'imagination de ses créateurs. (www.kibisi.com)
Temps de pause/pose Une petite terrasse ensoleillée, quoi de mieux pour faire une pause-café. Ou pour photographier une maquette à la lumière naturelle. Ici, c'est le futur Musée maritime du Danemark, à Helsingør, qui prend la pose.
Le ventre de l’architecte Tout bien réfléchi, l'atelier de maquettes n'est peut-être pas le cœur unique de l'agence. Parce que la cuisine/cantine tiendrait aussi parfaitement ce rôle.
Tour du propriétaire Bien souvent entre deux avions, Bjarke Ingels fait le tour de ses troupes. Il passe de bureaux en bureaux pour discuter, mais ne met pas un pied dans le sien. "En réalité, il ne s'y assoit jamais, remarque un membre de l'équipe. Il préfère être avec les autres."
Bureau de chef sans chef Le bureau en question : grand, lumineux... et vide. Il faut dire qu'il est un peu à l'écart, au fond de l'agence. Pas forcément idéal pour passer du temps en équipe.
"Gloire nationale danoise" : première partie Est-il possible de grandir au Danemark sans jamais jouer au Lego ? Chez BIG, on utilise encore la petite brique en plastique pour faire des maquettes... Ou classer une bibliothèque.
"Gloire nationale danoise" : deuxième partie On ne la présente plus. La petite Sirène est même si emblématique que le facétieux Bjarke Ingels n'a rien trouvé de mieux que d'envoyer la vraie, celle du port de Copenhague, à Shanghaï. Elle a trôné au milieu du Pavillon national créé par BIG pour l'exposition universelle qui s'est tenue de mai à octobre 2010. Certains ont crié au crime de lèse-symbole et le jeune architecte prend manifestement du plaisir à raconter qu'il a fallu défendre ce projet devant l'Assemblée nationale.
Rien ne se perd Bjarke Ingels a l'habitude de dire qu'aucun projet ne sort jamais de nulle part alors pas question de jeter quoi que ce soit, à commencer par sa maquette de diplôme. Posée dans son bureau, elle a un petit air de famille avec les terrasses de "The Mountain", la fameuse cascade de logements conçue avec Julien de Smedt et achevée à Copenhague en 2008.
Tout se transforme La réflexion est une matière recyclable. Projet perdu/projet gagné, il sera de toute façon conservé et ressortira en temps utile, pour de nouvelles recherches. En attendant, les maquettes sont stockées dans les alvéoles des salles de réunions. Les chaises sont signées Kibisi.
Gabrielle au poste Bon, mais qu'en est-il de cette promesse de lieu idéal où pratiquer l'architecture ? Arrivée il y a deux ans, la Canadienne Gabrielle Nadeau l'assure : "C'est un bel environnement de travail, l'ambiance est incroyable. On bosse énormément, mais c'est fun. Par exemple, en parallèle des travaux sur le long terme, on fait beaucoup d'essais pour des projets. On teste des choses... On joue."
Lectures Sur le bureau de la jeune femme, quand le livre du patron rencontre celui de l'ancien patron du patron...
Wall of Fame Avec une insolente liste de projets, pas mal d'humour et une communication sans complexe, BIG avait tout pour faire le bonheur des médias... et la une des magazines.
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.