En Paca, la filière forêt-bois a de l’ambition

0 of 4

Pour la 3e édition du prix régional de la construction bois en Paca, l’interprofession Fibois Sud a choisi comme cadre l’Ecocampus de Sainte-Tulle (Alpes-de-Haute-Provence). Ce choix n’est pas le fruit du hasard. Conçu par l’agence d’architecture R+4 de Forcalquier (Alpes de Haute Provence) associé à Leteissier Corriol, Architecture et Urbanisme de Marseille (Bouches-du-Rhône), l’équipement public est un exemple abouti de construction en bois et a lui-même reçu plusieurs distinctions dont le Prix régional de la construction bois 2020.

Les dix remis, ce 29 septembre, à cinq réalisations et à cinq projets étudiants (cf. encadré ci-dessous) donnent espoir à Olivier Gaujard, président de Fibois Sud, de voir la filière forêt-bois en Paca, encore balbutiante, progresser. « Nous sommes dans une dynamique de développement avec des freins levés comme la reconnaissance des caractéristiques techniques du pin d’Alep, essence largement répandu sur notre territoire. Des solutions voient le jour également pour pallier un des principaux freins aujourd’hui dans notre région qui est le manque de scieries. La région Paca comptait, en 2021, 22 scieries. Elles produisaient 35 000 m3/an en 2019 contre 480 000 m3 en Occitanie et 900 000 m3 en région Auvergne-Rhône-Alpes. », a-t-il déclaré lors de la table ronde qui a précédé la présentation des lauréats.

Sites-relais de première transformation

L’interprofession s’appuie sur les installations existantes en Paca, mais aussi sur les scieurs mobiles qui répondent au besoin en se déplaçant au gré des chantiers. En attendant la création d’outils modernes et de plus grande capacité, Fibois Sud et l’association Bois des Alpes travaillent à un projet de société coopérative d’intérêt collectif qui regroupera les propriétaires forestiers privés, les scieurs, les collectivités et les utilisateurs en aval. « Une fois scié et avant sa seconde transformation chez les menuisiers ou charpentiers, le bois sera amené sur des sites-relais où seront effectués le séchage, le rabotage, les coupes de longueur et, enfin, le stockage pour avoir en permanence des ressources disponibles pour de l’ossature bois ou bien pour fabriquer du lamellé-collé. Cela permettra aux scieries de produire au rythme qui est le leur et d’approvisionner ces sites-relais », a-t-il expliqué. « L’idée est de rajouter de la valeur ajoutée, mais pas de la marge », a-t-il insisté.

Formation des architectes

Autre manière de faire progresser la construction bois en Paca : la formation des architectes. La convention signée, ce 29 septembre, par le président de Fibois Sud et son homologue du Conseil régional de l’Ordre des architectes Paca (Croa Paca), Maryline Chevalier, va dans ce sens. Les deux partenaires veulent faciliter le choix du bois dès la conception. Ils prévoient à cet effet plusieurs actions : des réunions d’information dans les six départements de Paca, la mise à disposition de ressources documentaires, dont « Construction bois en région Paca », l’organisation d’une formation longue « Concepteur construction bois bas carbone » qui débutera en janvier 2023, ainsi qu’un voyage d’études à Lille pour le Forum international bois construction en avril 2023.

Pour la présidente du Croa Paca, architecte installée à Gap, dans le département forestier des Hautes-Alpes, la convention, qui permettra d’intensifier des relations déjà existantes notamment via la remise de prix à des projets d’étudiants à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille-Luminy (Ensa-M), répond à une conviction personnelle. « Je travaille moi-même avec le bois qui donne une véritable liberté d’utilisation, des défis techniques et intellectuels stimulants et des réalisations gratifiantes. Au-delà de la matière, noble et renouvelable, il inspire des projets performants, économes et durables », a déclaré Maryline Chevalier.

Construire en bois dans les zones exposées au risque incendie

Tout l’enjeu est de réfléchir à la conception en fonction des essences et des bois disponibles localement. Un autre est de montrer que construire en bois c’est possible dans des zones exposées aux risques incendie. L’interprofession a d’ailleurs démarré une réflexion sur le sujet avec les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis) dans les trois départements littoraux de Paca (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône et Var). « Nous allons poursuivre la réflexion à l’échelle de toute la région. L’idée est d’identifier des compositions de parois biosourcées qualifiées et approuvées par les Sdis. Ils auront ainsi des éléments d’appréciation lors de l’instruction des permis de construire de projets comprenant du bois », a affirmé Olivier Gaujard.