Concours : à Lille, les jeunes architectes prédisent l'avenir du parking
L’architecte Dominique Perrault et l’opérateur Indigo avaient invité des concepteurs de moins de 40 ans à imaginer la transformation du parc de stationnement Euralille (Nord). Le 29 juin dernier, huit propositions ont été récompensées.
Alberto Roncelli et Nicole Vettore (Copenhague, Danemark) ont séduit le jury avec un geste architectural fort : une coupure de 20 m de large qui ouvre le bâtiment d’Euralille jusqu’aux deux étages souterrains. De quoi offrir plus de 6 000 m² d’espaces publics composés de promenades et de jardins. Et apporter de l’air naturel et de la lumière du jour aux activités de mobilité, de logistique et de rencontres. Le long de cette nouvelle ouverture, les anciens espaces souterrains se muent en coworking et commerces. «Nous imaginons l’avenir du parking d’Euralille non seulement comme un lieu capable de soutenir d’autres activités, mais surtout comme un lieu capable de les promouvoir», assurent les lauréats.
Troisième prix : The path of light
L’équipe MarieX3 (Maria Stojkoska, Maria Lepina, Maria Baikova), issue de Bitola en Macédoine, revisite le parking en créant un cheminement largement végétalisé. Galeries fleurant bon les herbes de Provence, tubes solaires et surfaces en miroirs pour l’apport de lumière donnent une nouvelle image au parking, plus souvent vu comme un lieu empuanti par les gaz d’échappement. Le stationnement est divisé en cellules à l’aide de «parois vertes». Apaisé, le site devient aussi source d’énergie grâce à la mise en place d’une station géothermique, d’un système de recyclage de l’eau ou encore de panneaux solaires en toiture.
Mention honorable : Res publica
Keno Architectes (Cenon, France) propose un protocole d’action qui liste une dizaine de recommandations. Par exemple : s’appuyer sur les qualités de l’existant, en partant du sol, pour restaurer le «vivre ensemble» ou encore être «glogal», c’est à dire être à la fois connecté à l’échelle globale du territoire et au contexte local. L’équipe préconise par ailleurs de s’adapter aux défis de la ville de demain : la production, la circularité et l’animation d’un lieu accueillant de multiples activités, ouvert 24 heures sur 24 en étant autonome et producteur d’énergie éco-responsable.
Mention honorable : Carestation
Le projet de l’agence Local (Benoist Desfonds, Jérôme Picard, Matthieu Boustany) s’appuie sur la situation d’Euralille au cœur du hub multimodal de la ville. Il s'agit de faire évoluer l’idée de gare en transformant les espaces en lieux de santé innovants. Devenu une base logistique et cœur battant de ce nouveau service, le parking permettrait de disperser les services de santé via un réseau de mobilité verte.
Mention honorable : Deep city
L’équipe indonésienne 211121 (Samantha Isabela Ongkowijoyo et Timothy Immanuel) part du postulat de la disparition de la voiture. En se basant sur l’utopie d'une ville où les transports en commun seraient capables d’assurer tous les parcours, elle réinvente la fonction du parking souterrain et suggère de «réinitialiser le sous-sol comme un nouvel espace de vie animé», transformé principalement en espaces destinés aux services économiques.
Prix spécial : Green stepwells
L’équipe parisienne AAP (Amélie Grand, Andra Stanciu, Paulo Neves) entend «reconnecter les espaces souterrains inertes, aveugles et cachés au reste de la ville». Elle s’inspire en cela des stepwells (puits à degrés) indiens et s’attache «à créer une vitrine des nouveaux usages du sous-sol : ville productive, flux de mobilité, espaces verts, loisirs ou infrastructures techniques». Chacune des activités est organisée en fonction de ses besoins de luminosité. Un premier niveau est donc consacré aux activités productives, le second dessert la logistique, enfin la dernière accueille l’infrastructure technique.
Prix spécial : Underlille
L’architecte, basé à Paris, Junho Lee propose d’ouvrir et révéler les deux parkings R-1 et R-2 en démantelant la place François-Mitterrand et en créant un parvis végétalisé. Ensuite, une liaison par le sous-sol permettrait de connecter cette place avec le métro sous la gare. Une ouverture de l’espace souterrain vers le Tri postal deviendrait une nouvelle rue dotée d’une couverture transparente, le sol se transformant alors en toit.
Dominique Perrault
Co-organisateur du concours, l’architecte travaille depuis plus de trente ans sur le potentiel d’usages de «l’épiderme des villes».
Lauréats
Les équipes distinguées, lors de l’annonce des prix le 29 juin à Lille.
Et si l’on révélait enfin tout le potentiel que représentent les parkings souterrains ? Quelque 320 architectes représentant 62 nationalités avaient accepté cette invitation à imaginer le stationnement désirable lancé en février dernier par DPA-X, le laboratoire de recherche de l’agence de l’architecte Dominique Perrault, et l’opérateur Indigo.
L’objet d’étude était très concret : le parking d’Euralille, réalisé à Lille (Nord) dans les années 1990 et aujourd’hui exploité par Indigo. Le concours d’idées «Carpark Futures» devaient amener les concurrents à repenser les espaces de stationnement souterrains pour les adapter aux évolutions sociétales contemporaines. Ils devaient ainsi prouver que l'architecture est capable de répondre aux défis de la mobilité future et, plus généralement, de la densité urbaine.
Finalement, 34 équipes ont concouru lors d’un marathon de 72 heures, organisé en mai dernier. Le 29 juin, au Tri Postal, au cœur du quartier Euralille, huit équipes ont été distinguées par un jury de professionnels. Et les projets lauréats l’affirment : le parking du futur sera plus vert, plus aéré, plus lumineux... et surtout, offrira bien davantage de possibilités d’usages qu’un simple parc de stationnement.
Découvrez le témoignage de Sandrine Porterie qui nous partage son parcours au sein du Groupe et nous plonge au cœur de l’agence d’Aix-en-Provence qu’elle dirige aujourd’hui.