La contrainte acoustique tirera vers le haut la reconversion urbaine de la friche Kronenbourg, premier écoquartier strasbourgeois. Pour mieux protéger ses futurs habitants contre l’impact sonore de la voie ferrée existante dédiée aux marchandises, à la frontière ouest du quartier, une modification du plan d’occupation des sols permettra de dépasser d’un niveau la hauteur réglementaire de 18 mètres. « Cette disposition renforcera aussi le rôle de signal des immeubles qui longeront la voie ferrée et culmineront à l’entrée nord du site », annonce Carine Jund, dirigeante de l’agence d’architectes et urbanistes Maechel Delaunay Jund. Tout en présentant des silhouettes variées pour éviter la monotonie d’une barre, les étroites et hautes constructions à R 5 dialogueront avec les immeubles perpendiculaires, deux fois moins élevés, qui jalonneront le reste du lotissement.
Pompe à chaleur collective
L’orientation sud de la plupart des bâtiments, visant à favoriser les apports solaires, constitue l’un des deux points d’appui de l’approche énergétique de l’aménageur, avec la pompe à chaleur collective qui puisera son énergie dans les anciens captages de la brasserie. Cette implantation permet aussi de retrouver une continuité avec le tissu urbain du XIXe siècle, déchiré en 1862 avec l’arrivée de la brasserie : parallèles aux bâtiments, les espaces verts du nouveau quartier prolongeront ainsi le jardin public du parvis de l’église protestante Saint-Sauveur.
La cohérence entre acoustique, énergie et urbanisme ne s’est pas construite en un seul jour : « Lorsqu’elle a acheté le terrain à l’industriel fin 2005, la Sers n’affichait aucune intention particulière », témoigne Maude Rives, chef de projet à la Société d’équipement de la région de Strasbourg (Sers). L’ambition environnementale de l’aménageur prend une première forme en 2007 : en baptisant le projet d’« Ecole de Strasbourg », Gérard Loux, alors directeur de l’entreprise publique locale, entend ériger cette reconversion en vitrine du savoir-faire alsacien en matière d’écoquartier. En comptant sur l’imagination des architectes, les performances énergétiques affichées doivent être supérieures aux obligations réglementaires. « Mais l’organisation en îlots se conjuguait mal avec l’optimisation des apports solaires », estime son successeur Eric Fullenwarth.
Nouvelle culture pour l’aménageur public
Le nouveau directeur se sert de la friche brassicole comme point d’appui d’une nouvelle culture d’entreprise et de nouvelles pratiques commerciales : la Sers négocie avec les banques des produits financiers locaux qui, ajoutés à une approche industrielle des constructions, absorberaient une partie des surcoûts environnementaux. La Ville profite de ce projet urbain pour tester des parkings concentrés en sous-sol, à raison de 0,5 place par logement, et des aménagements publics et privés pour le stationnement sécurisé des vélos et des poussettes en surface.