Une volute de béton flotte sur Blagnac

Immobilier tertiaire -

L’ensemble Galilée apparaîtrait comme une opération standard si ces deux bâtiments de bureaux n’étaient reliés par un long voile de béton vrillé. Au travers de cet ouvrage sculptural, les architectes du Studio Bellecour traduisent les prescriptions urbaines de la ZAC Andromède avec une touche d’originalité.

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L’immeuble Galilée est un pionnier. Cet ensemble de bureaux est l’une des premières réalisations de la ZAC Andromède à Blagnac (Haute-Garonne). Ce futur quartier de 210 ha, qui panache activités, logements et équipements, a été lancé en 2001 pour accompagner le développement de la zone d’activités aéronautiques Aéroconstellation. Cette proximité avec l’aéroport, et le monumental hall d’assemblage des Airbus A380, explique sans doute pourquoi le Galilée s’est approprié l’écharpe de soie blanche des pilotes de l’Aéropostale… Les deux bâtiments - comme deux « faux jumeaux » aux dires de Wilfrid Bellecour, architecte - composent un pôle de 11 000 m2 de bureaux eux aussi… « en blanc ». Ils sont reliés entre eux par un voile de béton vrillé. Pour le concepteur du projet, la métaphore aéronautique est assumée : cette volute de 47 cm d’épaisseur, longue de 80 m, reproduit « un ample mouvement d’hélice ». Mais cette écharpe n’est pas qu’un accessoire élégant. Elle est aussi une manière de répondre au règlement d’urbanisme de la ZAC : « L’aménagement de la zone, prévu par l’agence TGT (Treuttel, Garcias, Treuttel), suggérait notamment de former un front bâti haut de 12 mètres sur le boulevard Henri-Ziegler, explique Wilfrid Bellecour. Esquisser de la continuité sur un cours aussi large n’est pas inutile. » Il fallait néanmoins lutter contre un éventuel « effet pare-chocs », véritable repoussoir pour les riverains, en particulier pour les habitants des logements situés de l’autre côté du boulevard. « Ils ne devaient pas se retrouver en face de bâtiments tertiaires, morts le soir venu, ni d’un alignement complètement fermé, estime l’architecte. Au contraire, il fallait inviter à entrer, adoucir la frontalité et proposer une échappée visuelle. L’idée de l’hélice s’est imposée. » Le ruban blanc lève ainsi le voile sur un parvis central. « Il a fallu batailler, mais cette esplanade reste ouverte jour et nuit, fait observer Wilfrid Bellecour. Il paraît d’ailleurs que c’est devenu une attraction ! » Les promeneurs viennent sans doute voir de plus près un ouvrage qui relève de la prouesse…

Façades ondoyantes

Pour relier en douceur le mur de façade vertical à la surface horizontale d’une toiture, « un ouvrage d’art de type pont », ainsi que le décrit l’architecte, a été construit. Ce ruban a été coulé, élément par élément, durant quatre mois, grâce à un coffrage glissant. Le moule, large de deux mètres, a été disposé sur un berceau puis déplacé latéralement tout en basculant progressivement pour faire se vriller la paroi en béton. « On ne pouvait pas utiliser de béton blanc, car il n’a pas la même résistance mécanique, souligne l’architecte. Le voile a donc été réalisé en béton gris, peint en blanc par la suite. » Tout en insistant sur les mois d’études nécessaires pour mettre au point la forme et le caractère unique de la machine utilisée sur le chantier, Wilfrid Bellecour admet que « cela restait un outil assez rudimentaire jouant sur la résilience de la feuille de métal. Au final, le moule était réglé à la main. » Aux deux extrémités du ruban, les immeubles de bureaux apparaissent de facture assez semblable, avec le même habillage (38 kilomètres de brise-soleil formés de deux lames de 175 mm d’aluminium laqué bronze doré). Le Galilée, avec ses façades ondoyantes, se veut une opération de bureaux de standing, susceptible d’offrir à ses futurs occupants une vitrine de prestige. A l’intérieur des bâtiments aux façades porteuses isolées par l’extérieur, les plateaux ont été traités avec simplicité, avec des allèges basses (50 cm) qui offrent une plus grande échappée visuelle aux utilisateurs. Ultime touche de fantaisie : le Galilée a installé sur son parvis un énigmatique galet immaculé en guise… de remise à vélos. Tout autant que le voile de façade, le petit dôme, « aux allures de cockpit d’avion », évoque aussi les courbes tant célébrées par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Wilfrid Bellecour assure que le clin d’œil n’était pas intentionnel.

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