D’un donjon austère, conçu pour une entreprise soucieuse de protéger ses secrets industriels - IBM en l’occurrence -, faire un palais ouvert et accueillant… C’est le pari lancé par Icade, qui achèvera mi-2013, à La Défense, la restructuration de l’ex-tour Descartes, rebaptisée Eqho. Acquis par la Foncière en 2007, cet immeuble de 89 000 m Shon et de 140 m de hauteur, contemporain de la Grande Arche, se distingue par ses façades sud et nord concaves creusées de deux demi-cylindres verticaux et par ses derniers étages en porte-à-faux. « Ce cintrage augmente le linéaire de façade et place en premier jour 95 % de la surface des plateaux : c’est le point fort de l’édifice, juge Michel Roy, architecte de la restructuration (agence Hubert & Roy). Mais à l’opposé, dans sa partie basse, sur 4 000 m, cette tour était aveugle et peu accessible derrière ses douves. » Un état des lieux également alourdi par la dégradation des façades et l’obsolescence des équipements.
Ambitions revues à la hausse
« Au départ, nous avions opté pour un scénario de rénovation touchant seulement l’aménagement intérieur, dans l’objectif notamment d’augmenter la capacité d’accueil, qui passe de 3 500 personnes à plus de 5 300 », relate Nicolas Nectoux, directeur de projets au pôle Foncière tertiaire d’Icade. Mais une fois les travaux démarrés, en mars 2010, l’investisseur se rend compte qu’il risque de ne pas changer l’image de la tour auprès des clients potentiels. Il décide alors de remplacer l’enveloppe, avec une mise en couleur pour mieux marquer le renouveau, et de valoriser le soubassement en l’ouvrant largement sur l’extérieur et en le dotant d’une verrière. Si le montant des travaux passe de 150 à 250 millions d’euros, des économies sont en revanche à attendre au niveau des coûts d’exploitation. Presque deux fois moins gourmande en kWh que la tour Descartes, la tour Eqho bénéficie d’une rénovation énergétique de grande ampleur. « De type double flux avec récupération de chaleur, la ventilation n’est plus innervée depuis le haut mais divisée en quatre secteurs, et offre ainsi la possibilité d’isoler les plateaux non occupés », détaille Stéphane Pasteur, directeur de groupe chez Barbanel, le BET fluides et technique.
Quant au traitement thermique des locaux, il est assuré par des plafonds réversibles quatre tubes (eau à 35 °C maximum l’hiver, 17 °C l’été) agissant par convection à travers des grilles microperforées. « La chaleur et le froid sont fournis par les réseaux urbains », précise Stéphane Pasteur. Par groupes de deux trames, les équipements de plateaux (plafonds réversibles, luminaires fluorescents gradables, stores orientables…) sont tous raccordés à un système de commande associé à des capteurs multifonctions (présence et luminosité) et à des télécommandes sans fil, le tout relié à la GTB (gestion technique des bâtiments). « Pour fixer de vrais objectifs de consommation en exploitation, dans le cadre des baux verts notamment, nous avons réalisé un certain nombre de simulations sur l’ensemble du bâtiment, et nous allons accompagner Icade pour la suite, pendant au moins dix-huit mois de commissionnement », indique Christian Gérinte, directeur général de Barbanel. Bardé à cet effet de compteurs et de réseaux de communication dédiés, l’ouvrage vise maintenant les certifications HQE en rénovation (référentiel 2010), Breeam « very good », HQE exploitation et BBC Effinergie rénovation.
