Les locaux de l’ancien hôtel Majestic, un des plus célèbres palaces parisiens de la Belle Epoque, connaissent actuellement une restructuration de grande ampleur (lire « Le Moniteur » du 26 octobre 2012, p. 40) pour accueillir le Peninsula. Parmi les ouvrages qui serviront à identifier le bâtiment, la canopy, une verrière abritant la terrasse du restaurant, est l’un des plus complexes. Située dans le retrait de façade du bâtiment, la verrière en forme d’origami mesure 49 m de long sur 11 m de large. Du fait de la forme en accordéon, la surface totale de vitrage représente 692 m² installés sur une structure en acier inoxydable. Malgré sa taille modeste, l’ouvrage constitue une petite prouesse technique. Parmi les difficultés, la géométrie des profilés reconstitués soudés (PRS) prend en compte jusqu’au détail de pose. « Les éléments ont été conçus afin de donner une vision trapézoïdale la plus fine et discrète possible depuis la terrasse », explique Karine Leempoels, directrice de l’ingénierie enveloppe et du développement chez Viry. Tous les PRS ont été débités, soudés et meulés dans les ateliers de l’entreprise, à Eloyes (Vosges). Puis, ils ont été prémontés en atelier en deux parties. Pour des questions de transport, les éléments ont ensuite été divisés en sous-parties : « les échelles » et les « arêtes de poisson » ont été transportées par convoi exceptionnel de nuit jusqu’à l’hôtel. Afin de respecter le patrimoine, la verrière est reliée au bâtiment historique via des ancrages chevillés dans la pierre et des tiges traversantes avec des platines d’ancrage. Celles-ci permettent la tenue du chéneau sur lequel s’appuient les PRS qui forment la structure de la verrière. L’ossature repose ensuite sur six poteaux constitués chacun de quatre caissons PRS encastrés en pied et rayonnant en tête. L’accostage puis la fixation des éléments préfabriqués ont nécessité la mise en place de poteaux provisoires afin d’ajuster les éléments le temps des soudures. Pour des raisons de planning de chantier, le montage s’est effectué en deux temps afin de faciliter les opérations qui se déroulaient sous la verrière. Grâce au montage à blanc, la mise en place de la structure a duré un mois.
L’enjeu clé de l’étanchéité
« Ce n’est qu’une fois cet ensemble stabilisé que nous avons pu commencer à installer les vitrages », explique Karine Leempoels. En l’occurrence, il s’agit de vitrages feuilletés avec une sérigraphie par points réfléchissants (Ipachrome) au cœur du feuilleté. « Cette sérigraphie apporte une surépaisseur non uniforme qui nous a obligés à réaliser des essais de durabilité aux UV et d’étanchéité pendant six mois », poursuit-elle. « Sur ce chantier, la principale difficulté réside dans l’étanchéité à l’eau, car la verrière abritera un restaurant gastronomique », précise Pierre Martin, spécialiste des ouvrages verriers à l’Apave et contrôleur technique sur le projet. Or, du fait de la géométrie très particulière de l’ouvrage, tous les angles sont différents. Il était donc nécessaire de vérifier que les eaux pluviales s’écouleront correctement, en particulier au niveau des raccordements entre PRS. Autre point délicat, la structure va bouger sous l’effet des charges climatiques. « Nous avons donc aussi veillé à éviter les contacts entre vitrages et à ce que les largeurs de joints soient respectées », précise Karine Leempoels. Si la solution technique était trouvée avec des cales en polyamide de forme et de dimensions spécifiques, ainsi que dans l’utilisation de vis de différentes hauteurs, encore fallait-il vérifier qu’une mise en œuvre rapide serait possible sur le chantier. « Nous avons donc suivi des plans d’exécution précis avec un repérage des différents joints, cales et vis afin de limiter les risques d’erreur lors de la pose », explique Pierre Martin, qui a déposé le dossier d’Atex au CSTB pour cet ouvrage.




