La décision d’exploiter les propriétés isolantes de la fibre de kenaf a été l’aboutissement de deux années de veille technologique, avant l’immatriculation de Green Technologie, fin 2007 à Mulhouse.
« Pour développer le marché des isolants végétaux compatibles avec l’objectif d’une division par quatre de la consommation énergétique des bâtiments, nous avions d’abord songé à créer une société de négoce, destinée au marché du neuf et à celui de la réhabilitation. En entrant dans le capital de la société, les investisseurs d’Alsace Business Angels nous ont poussés à développer un projet industriel », explique l’ingénieur chimiste Eric Alvarez, l’un des deux cogérants et créateurs du bureau d’études.
Objectif recyclabilité
Culture de substitution au tabac en Malaisie, premier producteur mondial, le kenaf (plante fibreuse dont la tige atteint 3,7 m) présente l’avantage de ne nécessiter aucun intrant. Son acheminement en Alsace est réalisé exclusivement par des moyens de transport maritimes et fluviaux. Le matériau n’obère pas nos surfaces agricoles dédiées à l’alimentation.
Par leur souplesse et leur dimension standard de 120 x 60 cm et 10 cm d’épaisseur, les panneaux Isolgreen de 50 kg/m se caractérisent par leur confort de pose, sans l’inconvénient des poussières émises par la fibre de bois, actuel leader du marché de l’isolation d’origine végétale. La superposition de plusieurs panneaux permet de multiplier les performances d’isolation.
Président de la fédération française du bâtiment Alsace, Jean-Pierre Talamona, le second cogérant et créateur de Green Ingénierie, veille à l’adéquation du projet aux savoir-faire des professionnels, en particulier des plaquistes. L’entreprise espère vérifier ses hypothèses en participant aux chantiers expérimentaux du pôle bâtiment basse consommation de l’agglomération mulhousienne.
Avec plus de 10 % de polyester destinés à garantir leur tenue, les premiers panneaux Isolgreen restent néanmoins en deçà des intentions des créateurs de Green Ingénierie : en fin de cycle, le plastique à base de pétrole interdit la valorisation en biomasse ou en compost. L’entreprise espère franchir cet obstacle à court terme, par la mise au point d’un liant vert, décrit dans le brevet Isolgreen. Le 2 octobre à Nancy, un premier essai concluant a permis de tirer un fil de polyacide lactique (PLA) extrait de l’amidon de maïs. « Nos formulations pourraient servir de liants à d’autres isolants végétaux. Il reste maintenant à trouver la meilleure adéquation possible entre le liant et le kenaf », indique Marie Griffon, thésarde employée par Green Ingénierie pour achever la mise au point d’Isolgreen.
Homologations en cours
Cette 2 phase, qui démarre en 2010, doit aboutir à une liaison non tissée. Sa qualité mécanique reposera sur l’enchevêtrement entre l’isolant et le liant vert. Les réglages concernent aussi le renforcement des qualités ignifuges du matériau. Ces recherches se poursuivent en même temps que les démarches d’homologation d’Isolgreen. Green Ingénierie mise, d’une part sur un avis technique, en commençant par un Pass’Innovation proposé par le CSTB, d’autre part sur une procédure similaire avec le certificateur allemand Tüv.
L’entreprise mulhousienne espère passer en phase industrielle à partir de 2012.
