C’est aux côtés du Premier ministre français que le Roi du Maroc Mohammed VI a inauguré, le 12 décembre 2012, la première ligne du tramway de Casablanca. Pour ce projet, qui traverse la ville d’est en ouest sur près de 31 kilomètres, reliant des quartiers populaires comme Sidi Moumen à l'est aux quartiers huppés d'Anfa et aux facultés à l'ouest, les Français ont répondu massivement «présent».
Alstom a fourni les 74 rames (modèle Citadis), pour 180 millions d’euros. Assemblées deux à deux et ainsi longues de 65 mètres, elles peuvent transporter jusqu'à 200 personnes. A terme, 250 000 voyageurs par jour sont attendus sur ce tramway, d'une fréquence de 15 minutes. C’est la filiale de la RATP hors Ile-de-France, RATP Développement, qui a remporté le contrat d’exploitation pour 5 ans et 90 millions d’euros. Du côté maîtrise d’œuvre, on retrouve la filiale commune à la RATP et la SNCF, Systra, associée comme pour les tramways de Brest et de Tours, à l’agence d'architecture Richez Associés. Dans leur sillage, une large panoplie d’entreprises françaises ont décroché plusieurs contrats: Colas Rail pour la pose de la plate-forme et des voies ferrées sur un tronçon de 10 kilomètres, Cegelec pour les lignes aériennes de contact, Spie pour 2000 luminaires, le designer Marc Aurel et Escofet pour le mobilier urbain...
La particularité du projet, notamment par rapport au tramway de Rabat mis en service en 2011, est qu’il comprend une importante requalification des trottoirs et voiries et l’aménagement de plusieurs places publiques. Aux portes de la vieille ville et du cœur Art Déco, la place des Nations-Unies, autrefois immense carrefour routier, devient piétonne à 80%. Alignement de palmiers, îlots verts mettant en valeur des arbres existants, mobilier urbain... «Tout concourt à créer un nouvel espace public et à pacifier la circulation», explique Frédéric Blérot de l’agence Richez Associés. De là, le boulevard Mohammed-V a également été piétonnisé sur 500 mètres. La place de Casa-Voyageurs, où arrivera prochainement la LGV, a été réaménagée dans le même esprit, en repoussant les routes sur les franges et en plantant abondamment.

D’un coût total d'environ 610 millions d’euros, le projet s’insère dans la stratégie de Casablanca de développer ses transports en commun. En révision depuis 2001, adopté en 2004, le plan des déplacements urbains prévoit ainsi la construction d’un métro aérien, d'un RER et d’autres lignes de tramway. Une délégation menée par le maire Mohammed Sajid s’est récemment rendue à Santiago, pour s’inspirer de l’expérience chilienne en matière de construction de métro. Celui envisagé à Casablanca, aérien, devrait atteindre 18 km de long et relier les quartiers sud au centre-ville.